A peine terminée, la saison de ski laisse place à la suivante. Cela ne vaut pas seulement pour notre Marco Odermatt national – qui s'entraîne la plupart du temps deux fois par jour pour pouvoir à nouveau amasser les victoires à partir de fin octobre – mais aussi pour les stations de ski suisses. En effet, sur les pistes, les ouvriers des remontées mécaniques sont déjà à l'œuvre pour préparer l'hiver.
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Avec leurs dameuses, ils poussent la neige restante à des endroits stratégiques pour former de grands tas. Ceux-ci sont ensuite recouverts par un voile de protection blanc pour une sorte d'hibernation... estivale. L'objectif: protéger la neige du soleil et des températures élevées de manière à ce qu'elle survive jusqu'à l'automne suivant. Cette procédure est appelée snowfarming. La neige accumulée avec les précipitations de ce printemps sera donc «cultivée» afin d'assurer un début de saison précoce, même en cas de manque de neige à l'ouverture des pistes.
Deux à trois fois plus chère que la neige artificielle
Depuis quelques années, les grandes sociétés de remontées mécaniques suisses misent sur cette façon de faire. C'est le cas à Saas-Fee par exemple. Selon le «Walliser Bote», le domaine skiable valaisan compte dix silos à neige de ce type. Jusqu'à 14'000 mètres cubes d'or blanc y reposent par tas. «Les dépôts de neige nous permettent de proposer une offre de pistes supplémentaire dès le mois de novembre», explique Emmanuel Rossi des Saastal Bergbahnen au journal.
Seulement voilà, la conservation de la neige pendant l'été est très coûteuse. Le coût par mètre cube de neige de snowfarming s'élève de neuf à douze francs, indique un rapport se référant à une analyse de l'Institut pour l'étude de la neige et des avalanches (SLF), basé à Davos (GR). «C'est deux à trois fois plus que la neige produite de manière conventionnelle», explique un ingénieur du SLF au «Walliser Bote».
Zermatt a fait de mauvaises expériences
Ce sont surtout les dameuses qui représentent la majeure partie des coûts. Au printemps, celles-ci ramassent la neige pendant des jours. Tout cela pour la remettre en place en automne, lorsqu'elle est à nouveau répartie pour préparer les pistes de ski. Les premiers E-Ratracs vont contribuer à rendre tout cet exercice (un peu) plus écologique à l'avenir.
Par le passé, le snowfarming a suscité de vives critiques de la part des écologistes. À l'automne 2023, une véritable querelle a éclaté autour de la descente du Cervin. Des images d'excavatrices qui devaient aménager la piste du glacier du Théodule à Zermatt (VS) en vue de la course de Coupe du monde de ski ont été à l'origine d'un scandale, de nombreuses voix s'offusquant d'une aberration écologique.
Les domaines skiables dans le besoin
Malgré les coûts élevés et l'opposition de plus en plus virulente des défenseurs de l'environnement, les remontées mécaniques ne renonceront pas de sitôt au snowfarming. Car il est essentiel pour elles de pouvoir ouvrir leur domaine skiable à temps pour le début annoncé de la saison.
De plus, les remontées mécaniques doivent de toute façon payer l'entretien coûteux des installations. Dans de nombreux cas, il vaut donc la peine d'ouvrir le domaine skiable le plus tôt possible, car il reste ainsi plus de jours pour couvrir les dépenses qui sont engagées et pour contrer la rude concurrence venue de l'étranger.
Le début de la saison de ski sert également de signal aux touristes pour qu'ils réservent leurs vacances d'hiver. Et cet effet de signal prend de plus en plus d'importance, en raison du manque croissant de neige à basse altitude. «En plaine, il manque souvent aujourd'hui le stimulus de la neige pour susciter l'enthousiasme des gens pour les sports d'hiver», expliquait en janvier Jürg Stettler, professeur de développement durable dans le tourisme à la Haute école de Lucerne, à la «Handelszeitung».
Pour lui, les courses de ski et les victoires d'Odermatt sont un moteur pour le chiffre d'affaires, tout comme le début précoce de la saison dans les stations. Et dans les deux cas, il faut suffisamment de neige. Garder de la poudre blanche sous le coude est donc un processus tout réfléchi.