Cet entretien de conseil professionnel à l'ORP (Office régional de placement) valaisan a mal tourné, c'est le moins qu'on puisse dire. Ce qui devait être, fin janvier, un rendez-vous de routine s'est terminé par un déchaînement de violence, une intervention policière et des dépôts de plaintes contre un conseiller de l'ORP, ainsi que contre la demandeuse d'emploi. En outre, la femme en question a été blessée, et une procédure pénale est en cours.
Un premier froid
Déjà avant le rendez-vous fatidique, la collaboration avec l’ORP était compliquée car il régnait un manque de compréhension mutuelle. La plaignante cite à titre d'exemple la fois où l’ORP lui avait trouvé un nouvel emploi, mais la jeune femme ne l'avait pas l’accepté car «au regard de mes qualifications, je ne voulais pas travailler pour le salaire minimum», se justifie-t-elle.
Par conséquent, une sanction lui avait été infligée, réduisant son indemnité de chômage. «Cela me semblait normal, ce sont les règles. Mais à partir de ce moment-là, les relations se sont détériorées», ajoute-t-elle. Le point de vue de l’ORP sur cette collaboration reste inconnu. Pour des raisons de protection des données, l’institution ne fait aucun commentaire.
La boule de la colère
Malgré cette situation, le rendez-vous dépasse de loin tout ce qu’Elvira D. pouvait s'imaginer. Prévu comme un entretien de clôture, il devait être l’occasion pour elle d’annoncer à son conseiller de l’ORP, Daniel A.*, qu’elle n’aurait bientôt plus besoin de leur soutien, ayant trouvé un nouvel emploi. «M. A. ne semblait pourtant pas se réjouir de cette bonne nouvelle. Il ne cessait d’éplucher mon CV et me menaçait de nouvelles sanctions financières», raconte-t-elle.
L’atmosphère se tend et Elvira D. perd son calme: «Je ne comprenais plus rien. J’avais trouvé un nouvel emploi, je n’allais donc plus être à la charge de l’ORP». Elle reconnaît ensuite avoir contribué à l’escalade: elle saisit une boule en céramique posée sur le bureau de Daniel A. et la jette au sol, brisant ainsi l’objet décoratif.
Explosion de violence
C’est à ce moment-là que selon notre témoin la situation dégénère complètement. «M. A. s’est levé et m’a attrapée par les épaules pour me mettre à la porte. J’ai tenté de me dégager, mais il m’a poussée contre un mur», affirme celle qui a ensuite trébuché et est lourdement tombée. Elle accuse le conseiller de violences: «Il m’a donné des coups de pied et des coups de poing, c’était totalement disproportionné!» narre-t-elle.
Suite à l'altercation, ses lunettes sont cassées, elle présente des ecchymoses à la tempe, à la jambe et souffre de douleurs à la mâchoire. «J’ai essayé de me protéger autant que possible, mais j’ai encore mal aujourd’hui », confie-t-elle encore.
Des plaintes en cours
La situation est chaotique. Après quelques minutes, d’autres employés de l’ORP interviennent, et la police arrive peu après sur place. Une plainte est déposée contre Elvira D. Mais cette dernière ne compte pas se laisser faire et porte plainte à son tour.
Le jour même, elle porte plainte contre Daniel A. pour voies de fait et lésions corporelles, un document que nous avons pu consulter. Elle se rend par la suite chez un médecin et fait documenter ses blessures au service de médecine légale de l’Hôpital du Valais. Il en a résulté un rapport médical qui est également en notre possession.
Près d’un mois et demi après les faits, Elvira D. peine encore à tourner la page. «Je suis heureuse d’avoir trouvé un nouvel emploi, mais je ne peux pas simplement laisser cette affaire derrière moi», confie-t-elle. Elle reconnaît avoir eu tort de briser l'objet de décoration de son conseiller, «mais cela ne donne en aucun cas le droit à un employé de la fonction publique de me frapper et de me donner des coups de pied! Ce que je veux, c’est la justice.»
Nous avons sollicité l’ORP du Valais pour obtenir sa version des faits, mais l’institution reste prudente. Peter Kalbermatten, chef du service compétent au sein du canton du Valais, déclare: «Cette affaire fait l’objet d’une procédure pénale. Dans l’intérêt des parties concernées, aucune information supplémentaire ne sera communiquée.»
La présomption d’innocence s’applique à toutes les personnes impliquées. De son côté, le Ministère public valaisan n’a pas donné suite à nos sollicitations.
*Noms anonymisés