Mercredi, devant le Tribunal criminel de Genève, le Ministère public a requis l'internement et 18 ans de prison contre le principal prévenu dans le meurtre des Charmilles. Le procureur a décrit «une personne d'une froideur abyssale, inquiétante», «un manipulateur».
Sans détailler l'aggravante de l'assassinat qui figure dans son acte d'accusation, Frédéric Scheidegger a qualifié d'"extrêmement lourde» la faute de ce prévenu qui s'en est pris à un groupe d'inconnus au petit matin, tuant un Portugais de 22 ans d'un coup de couteau au coeur, blessant un autre jeune au bras et terrorisant ses trois autres amis. Un «comportement odieux pour des motifs inexistants».
Le procureur a rappelé, sur un ton souvent ironique, les «antécédents très graves» de cet homme de 23 ans qui a commis ce crime en janvier 2019, deux ans après s'être «défoulé» avec des amis sur deux inconnus à St-Jean, les laissant gravement handicapés. Les spécialistes qui l'ont observé après son arrestation de 2017 ont décrit une «énigme», un être qui a «envie de paraître adéquat», et qui présente des troubles du comportement depuis l'âge de 2 ans.
«Personnalité dyssociale»
Le 19 janvier 2019, le prévenu et un coaccusé sont expulsés d'une boîte de nuit, a rappelé le procureur. Ils ont alors cherché des «noises pour se battre» à un client qui n'a pas réagi, même lorsqu'un cran d'arrêt a été exhibé. Un événement qualifié de «répétition» avant le drame du parking souterrain des Charmilles, moins de deux heures plus tard.
Sur le meurtre des Charmilles
Le procureur a souligné la collaboration médiocre du tueur «amnésique» avec la justice. Seules la reconstitution basée en grande partie sur les images de vidéo-surveillance et l'analyse médico-légale ont permis d'établir les faits. Selon l'expertise psychiatrique, il souffre d'un «trouble de la personnalité dyssociale de gravité élevée».
Le procureur a été plus bref concernant les deux autres prévenus. Il a requis 8 mois de prison avec sursis pendant trois ans et des jours-amendes pour rixe et omission de prêter secours à l'encontre du jeune de 28 ans. Il s'en est tenu à des jours-amendes pour le prévenu de 23 ans, estimant qu'il avait «fait preuve d'une froideur inadmissible face à la situation» en n'alertant pas les secours.