La Chine intimide les Tibétains et les Ouïghours, mais espionne aussi la Suisse! Même le Conseil fédéral le reconnaît aujourd'hui dans un rapport. Il se dit prêt à prendre des mesures fortes si la situation dégénère, en expulsant par exemple les entreprises chinoises du pays.
La «Lex Huawei», comme l'a baptisée le conseiller national du Parti socialiste (PS) Jon Pult, est en train d'être élaborée par le Département des infrastructures (DETEC) du conseiller fédéral Albert Rösti. Elle a un objectif: permettre l'exclusion des entreprises technologiques étrangères en cas de problèmes de sécurité. Et cela pourrait arriver plus vite que prévu pour le géant chinois de la télécommunication Huawei, à cause des Etats-Unis.
Fin de la collaboration avec les partenaires de Huawei
En effet, la Chambre des représentants et le Sénat américains devraient bientôt examiner un projet de loi qui pourrait donner des sueurs froides à la Suisse. Le républicain Tom Cotton, désormais président de la Commission spéciale sur le renseignement du Sénat américain, lance un pavé dans la mare: il menace les Etats qui continuent à utiliser la technologie 5G de Huawei de ne plus recevoir des informations des services de renseignement américains.
Cette annonce préoccupe le président du Parti libéral-radical (PLR). Thierry Burkart demande au Conseil fédéral d'évaluer les risques d'une telle mesure, dans un contexte dans lequel le Service de renseignement de la Confédération est déjà en difficulté. Et selon lui, les conséquences iraient au-delà des Etats-Unis.
Les sanctions contre Huawei s'accumulent
Selon Thierry Burkart, si la loi américaine passe la rampe, la Suisse ne pourrait plus profiter de l'alliance de services de renseignement Five Eyes, dont font partie les Etats-Unis, mais aussi l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et la Grande-Bretagne. «Le Conseil fédéral en est-il conscient?», interroge Thierry Burkart dans son intervention.
Les Etats-Unis ont commencé à sanctionner Huawei dès 2018, lors du premier mandat de Donald Trump. Des sanctions renforcées sous le mandat de Joe Biden. L'Union européenne commence, elle aussi, à prendre des mesures contre l'entreprise: l'Allemagne a décidé de bannir Huawei de son réseau de téléphonie mobile dès 2026. La Belgique a lancé une enquête contre des députés du Parlement européen, soupçonnés d'avoir été soudoyés par des lobbyistes de Huawei.
Des mesures bientôt prises par la Confédération?
En Suisse, c'est surtout l'opérateur Sunrise qui mise sur les services de Huawei pour le développement de son réseau 5G. L'entreprise ne souhaite pas renoncer à cette collaboration. «Nous perdrions un avantage concurrentiel», déclarait il y a deux ans le président du conseil d'administration, Mike Fries, dans une interview avec la «NZZ». Salt et Swisscom utilisent également certaines technologies du fabricant chinois.
«Huawei est depuis 17 ans un partenaire technologique fiable et digne de confiance en Suisse», se défend la filiale suisse de Huawei, en faisant référence au rapport sur le Tibet du Conseil fédéral. Le groupe affirme accorder une grande importance à la transparence et au dialogue avec les autorités, les clients et les partenaires industriels. Et cela vaut aussi pour les normes de sécurité et le cadre réglementaire.
Mais la progression des républicains sous Donald Trump pourrait réduire à néant les projets de Huawei en Suisse. Thierry Burkart demande au Conseil fédéral d'intégrer «l'exclusion prévisible d'informations» dans ses futures exigences en matière de sécurité informatique. Il plaide pour des mesures immédiates.