Les débats du parlement vaudois se sont teintés d'orange ce mardi 6 février. Des militants de Renovate Switzerland ont peinturluré la façade du Grand Conseil à l'aide d'un extincteur. Ils célébraient la désobéissance civile et la libération prochaine d'un camarade. Depuis le 16 janvier, les écologistes ont aussi collé huit fois le rapport du GIEC sur le bâtiment, et interrompu une séance, le 30 janvier dernier.
À la suite de cette irruption en plein débat, le président du Grand Conseil Laurent Miéville confiait à Blick avoir de l'empathie pour les «éco-anxieux». Le premier Vert'libéral à occuper ce poste disait reconnaître la souffrance des activistes et souhaitait les rencontrer. Après le peinturlurage, son chef de groupe a vu rouge. Laurent Miéville conserve-t-il toujours cette même empathie? Interview.
Laurent Miéville, couvrir l'institution que vous présidez de peinture, c'est la goutte de trop?
C'était une surprise pour moi, car j'échangeais le matin même avec d'autres membres de leur organisation qui avaient initié un contact après l'interview que vous avez publiée la semaine dernière. On planifiait une réunion, lors de laquelle j'allais pouvoir présenter les actions entreprises par le Grand Conseil pour le climat. Je pensais que nous étions en bonne voie en vue d'un échange constructif.
Cette réunion est annulée?
Non, à ce stade, je veux la maintenir. Elle inclut aussi d'autres groupes écologistes.
Craignez-vous une nouvelle surprise?
Je dois en effet maintenant me tourner vers Renovate Switzerland pour avoir la garantie que les échanges seront respectueux et qu’ils n’entreprendront aucune action démonstrative lors de cette rencontre.
Portez-vous encore l'espoir d'un dialogue?
Oui. Les membres du mouvement qui m'ont contacté semblent favoriser un échange constructif. Probablement qu'une partie des militants souhaite plutôt se donner de la
visibilité. Cette volonté d'attirer l'attention et d'apparaître dans les médias est compréhensible, mais je la déplore, car je ne pense pas que la population, dont le rôle reste central sur ces aspects climatiques, sera plus encline à adhérer à des changements pérennes pour le climat en voyant ces actions. Au contraire.
Au contraire, ces «coups de poing» agacent... La députée libérale-radicale Florence Bettschart-Narbe a exprimé fin janvier son souhait de voir les militants condamnés.
Je pense que la population restera convaincue de la nécessité de prendre des mesures pour le climat si celles-ci sont issues d’un processus démocratique intégrant les échanges de points de vue et le débat. Des projets liés à la rénovation de bâtiments ou la modification de nos systèmes de chauffage sont régulièrement abordés et les décisions qui sont prises ont selon moi plus d'impact que ces actions ponctuelles.
Renovate Switzerland alerte sur l'urgence de la situation, peuvent-ils être convaincus par les actions politiques?
J'espère que la partie constructive du mouvement qui veut travailler sur un bilan et des arguments pourra convaincre la partie privilégiant des actions de démonstration unilatérales, tentant d’interpeller le public sur la gravité perçue de la situation.
Vous allez rencontrer des activistes qui ont dégradé le Grand Conseil, une plainte sera-t-elle déposée?
La Direction générale des immeubles et du patrimoine de l'État de Vaud a pu rapidement retirer une bonne partie de la peinture. Il reste encore à retirer la partie se trouvant à une hauteur de plusieurs mètres, ce qui nécessite un équipement adéquat. Comme dans toutes ces situations d’atteinte à l’intégrité de ses bâtiments, l’État a déposé une plainte. Le coût sera imputé aux responsables de l'action, car ce n'est pas à la collectivité de payer. Je pense que Renovate Switzerland est conscient de cet aspect, car ils utilisent de la peinture à l'eau. Un type de peinture plus permanent coûterait bien plus cher à nettoyer.