Le 7 octobre, le Hamas attaquait Israël, plongeant la région du Proche-Orient dans un nouvel épisode de violence et de déstabilisation. L'événement a, depuis lors, rapidement dépassé les frontières d'Israël de Gaza pour arriver en Suisse.
Chez nous, le sujet est devenu éminemment sensible. L'institut de recherche Sotomo a mené une vaste enquête d'opinion pour Blick. Michael Hermann, chercheur à l'institut, politologue et expert de la vie politique suisse, nous livre son analyse.
Michael Hermann, que retenez-vous de ce sondage sur l'attitude des Suisses?
La population a des avis assez divergents. Voici un exemple: les Suisses éprouvent une grande sympathie envers la population israélienne, plutôt de l'antipathie envers le gouvernement israélien et un fort rejet envers les colons israéliens. La population ne met donc heureusement pas tout le monde dans le même panier.
Cela vaut-il aussi pour les Palestiniens?
Oui, les répondants ressentent de la solidarité envers la population civile de Gaza. Même parmi les citoyens proches de l'UDC, 50% d'entre eux ont une attitude neutre ou positive. Mais dès que l'on aborde le sujet des réfugiés du Proche-Orient, le discours change dans l'ensemble de la population, en particulier dans les milieux bourgeois de droite.
Une majorité estime que l'on ne peut pas s'exprimer librement sur la guerre au Proche-Orient. Pourquoi?
Le sujet est extrêmement sensible. Nombreux sont ceux qui considèrent que s'exprimer sur le sujet revient à marcher sur des œufs. Selon la prise de position, certains ont peur d'être enfermés dans une case avec une seule déclaration.
Il y a aussi un groupe assez important qui se trouve clairement enfermé dans une case: 22% des personnes interrogées disent que les juifs ont trop de pouvoir en Suisse.
Oui, et à cela s'ajoutent 7% qui ne veulent pas s'exprimer à ce sujet parce qu'ils trouvent manifestement cela délicat. Les scientifiques savent que ce socle de personnes à tendance antisémite existe aussi en Suisse. Si l'on veut voir les choses du bon côté, la taille de ce groupe ne s'est a priori pas agrandi, du moins pas à cause du conflit. A cela s'ajoute un mouvement contraire: une nette majorité estime qu'il faut interdire les manifestations lorsque des slogans antisémites sont à craindre.
L'antipathie envers les musulmans est encore plus grande que l'antipathie envers les juifs.
Oui, mon intuition me le laissait prévoir, mais les chiffres sont tout de même impressionnants. 44% des personnes interrogées ont des sentiments négatifs ou plutôt négatifs à l'égard des musulmans. Dans les milieux de la droite bourgeoise, la solidarité avec Israël semble liée à de l'antipathie.