Comment vit le CEO d'une grande banque? Sergio Ermotti a décrit le déroulement de sa journée dans une interview accordée au «Migros Magazine». Le patron d'UBS se lève à 5h45, fait du sport deux fois par semaine en salle et travaille entre 12 et 14 heures.
Il devrait en être de même en 2025. Car même si Sergio Ermotti aura 65 ans l'année prochaine, il n'envisage pas de prendre sa retraite: «Même si j'ai déjà accompli des choses, je dois toujours faire mes preuves ici, et c'est une grande responsabilité.»
Son retour à la tête de la banque, après l’acquisition de Credit Suisse, était pour lui un devoir. «Et cela m'a attiré de participer à l'écriture de l'un des chapitres les plus importants de l'industrie financière mondiale», a-t-il déclaré.
Le patron d'UBS parle de son méga-salaire
Cette année, Sergio Ermotti a surtout dû essuyer des critiques en raison de son méga-salaire: le Tessinois a gagné 14,4 millions de francs en 2023. «Ermotti n'a encore rien accompli, l'intégration est encore en cours», a par exemple déclaré Thomas Minder, père de l'initiative contre les rémunérations abusives et ancien conseiller aux Etats schaffhousois (sans parti).
Même le président du PLR Thierry Burkart s'est exprimé sur la plateforme X et a écrit en réaction au salaire de Sergio Ermotti: «Les excès de bonus présomptueux de certains top-managers détruisent la confiance de la population dans l'économie dans son ensemble. C'est justement dans les banques, dont les risques commerciaux sont en fait supportés par la population, qu'il faudrait faire preuve de plus de modestie.»
Pourquoi Sergio Ermotti accepte-t-il de ternir son image et de se verser un méga-salaire? «Mon premier salaire mensuel en tant qu'apprenti était de 350 francs. Je connais la valeur de l'argent et je comprends que mon salaire actuel semble anormal pour beaucoup», répond le patron d'UBS dans une interview accordée au «Migros Magazine». Il avoue s'être étonné de la controverse: «Je me demande parfois pourquoi les salaires élevés font l'objet d'une telle attention dans l'économie, alors que les mêmes sommes ne sont pas un sujet dans le sport et le divertissement.»
Le contribuable doit-il en payer le prix en cas de crise?
En ce qui concerne l'intégration de Credit Suisse, Sergio Ermotti estime être sur la bonne voie. Le plus grand défi, selon lui, est la migration informatique. Il souligne la force de la nouvelle UBS: «Le total du bilan d'UBS et de Credit Suisse combinés est aujourd'hui environ 60% plus bas qu'avant la crise financière de 2008.»
Sa banque disposerait actuellement de près de 200 milliards de dollars de capital pour amortir d'éventuelles pertes – quatre fois plus que ce qu'elle avait perdu dans les années suivant la crise financière. «Même si UBS avait un problème, il serait hautement improbable que le contribuable perde un seul franc.»
Le patron rejette les critiques de l'artisanat et des PME à l'encontre d'une UBS trop puissante: «Il y a plus de 200 banques suisses et étrangères en Suisse. La concurrence joue.» Sergio Ermotti souligne par ailleurs la contribution notable d'UBS à la Suisse, des emplois aux impôts.
Concernant la réglementation, «nous approuvons bon nombre des mesures proposées, mais elles doivent être ciblées et proportionnées.» Une surréglementation affaiblirait la place financière.
Enfin, Sergio Ermotti se montre convaincu et confiant en cette fin d'année et ne comprend pas les craintes d'un crash: «Dans l'ensemble, les grandes banques du monde entier ont tiré les leçons qui s'imposaient. En cas de crise, elles sont aujourd'hui un facteur de stabilité et non un problème.»