Le Parti socialiste monte au front
UBS campe sur ses positions, le Parti socialiste exige des règles strictes

Le Parti socialiste exige une plus grande régulation de la place bancaire et veut réduire la taille de l'UBS. Un plan d'action prévoit des exigences plus élevées pour les fonds propres, ainsi que des règles plus strictes pour les bonus.
Publié: 11:57 heures
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Dernière mise à jour: 12:13 heures
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«Nous voulons un risque supportable pour la Suisse, pour cela il faut une meilleure réglementation», déclare la conseillère nationale socialiste Céline Widmer.
Photo: keystone-sda.ch
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Ruedi Studer

UBS s’oppose fermement aux règles plus strictes en matière de fonds propres que la Suisse envisage d’adopter. La banque estime que ces exigences, synonymes de coûts élevés, la désavantageraient face à la concurrence internationale. Face à cette pression réglementaire, elle brandit même la menace d’un transfert de son siège social à l’étranger.

Parallèlement, UBS tente d’influencer le débat en engageant un dialogue avec les décideurs politiques et économiques. Dans cette bataille, elle bénéficie désormais du soutien de certains acteurs économiques, comme l’a rapporté Blick.

Résistance des socialistes

Mais UBS se heurte à une résistance politique, notamment de la part du Parti socialiste (PS), qui milite pour une réglementation plus stricte du secteur bancaire. Lors de la présentation d’un plan d’action visant à renforcer la stabilité financière, la conseillère nationale Céline Widmer (PS/ZH) a clarifié la position de son parti: «Nous ne voulons pas chasser UBS, mais nous voulons un risque supportable pour la Suisse et une place financière sûre. Pour cela, il faut une meilleure réglementation.» Selon elle, la banque refuse de faire la moindre concession sur ce terrain.

Une feuille de route jugée trop lente

Le Parti socialiste plaide pour une réforme rapide afin d’éviter qu’un nouveau sauvetage bancaire, à l’image de celui de Credit Suisse, ne se reproduise. Il estime que la feuille de route actuelle du Conseil fédéral – too big to fail – ne permettrait pas une refonte du cadre réglementaire avant les années 2030, un délai jugé inacceptable. «La feuille de route est beaucoup trop lente», a dénoncé Céline Widmer.

Le plan d’action du Parti socialiste propose plusieurs mesures pour encadrer la puissance d’UBS. La méga-banque doit être restructurée et sa taille limitée. «Il faut réduire la taille d'UBS et la rendre plus résistante aux crises en augmentant les exigences en matière de fonds propres», a déclaré le conseiller national socialiste vaudois Roger Nordmann. La Confédération doit par exemple recevoir une compensation financière, car la grande banque bénéficie quasiment d'une garantie étatique indirecte.

Interdire les dons des banques aux partis

Le Parti socialiste veut également encadrer plus strictement la rémunération des dirigeants et la distribution des bénéfices. Il propose que les bonus des managers et les dividendes des actionnaires soient gelés pendant dix ans et déposés à la Banque nationale avant tout versement.

Autre point sensible: le PS veut interdire aux banques de financer les partis politiques et entend mettre ce sujet à l’ordre du jour de la session parlementaire en cours. Une session extraordinaire pourrait même être demandée pour accélérer l’adoption de cette interdiction.

Une nationalisation en cas de crise?

Le Parti socialiste souhaite également clarifier les modalités d’un éventuel futur sauvetage bancaire. Parmi les options envisagées: une nationalisation temporaire ou la mise en place d’un fonds de sauvetage pour les établissements jugés «d’importance systémique».

«L'UBS XXL est un risque pour la prospérité et la réputation de la Suisse», a averti Roger Nordmann. Il faut envisager une mesure radicale: le démantèlement de la banque en plusieurs entités plus petites afin de réduire les risques pour la stabilité financière du pays.

Face à cette pression politique et réglementaire croissante, la bataille entre UBS et les autorités suisses ne fait que commencer.

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