Malgré des bonus de plusieurs milliards
Le milieu de l'économie soutient UBS dans sa lutte contre l'augmentation des fonds propres

UBS souhaite éviter des prescriptions plus strictes en matière de fonds propres, comme le veut la Confédération. La banque cherche du soutien auprès des associations industrielles et commerciales. Mais il y a tout de même une ombre qui interpelle certains clients.
Publié: 02.03.2025 à 14:24 heures
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Sergio Ermotti, PDG d'UBS, a suscité les critiques avec son salaire mirabolant.
Photo: Keystone
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Beat Schmid

UBS se bat contre des règles plus strictes en matière de fonds propres. Sauf que l'augmentation des fonds propres entraîne des coûts élevés, c'est pourquoi la banque se sent désavantagée par rapport à ses concurrents internationaux. Elle menace donc de délocaliser son siège social à l'étranger si la Suisse continue d'édicter des règles trop strictes. UBS essaie par ailleurs de trouver un peu de soutien, en échangeant avec des décideurs politiques et économiques.

La plus grande banque suisse a fait ses calculs: si elle doit détenir 20 milliards de dollars de fonds propres supplémentaires, cela lui coûtera environ 2 milliards de dollars pour un taux de coût du capital de 10%. Le problème est que c'est la clientèle qui en ferait les frais, car c'est sur elle que la banque répercuterait ces coûts supplémentaires – surtout en Suisse, où la concurrence est moins forte que dans les affaires internationales.

Le secteur craint des coûts supplémentaires

Le milieu de l'économie semble comprendre l'inquiétude d'UBS. «Pour les entreprises de l'industrie tech, il est important que les réglementations soient conçues de manière raisonnable et mesurée», soutient un porte-parole de l'association professionnelle Swissmem. Selon lui, des prescriptions trop strictes en matière de fonds propres entraîneraient des coûts supplémentaires qui seraient répercutés sur les entreprises par le biais de taux de crédit plus élevés.

Même son de cloche du côté de l'Union suisse des arts et métiers (USAM). «Je pense qu'il faut éviter une augmentation excessive des exigences en matière de fonds propres pour les banques d'importance systémique», estime Daniela Schneeberger, vice-présidente de l'organisation patronale. Elle met en garde contre le fait qu'un durcissement des règles pourrait entraîner une hausse des coûts du crédit, en particulier pour les petites et moyennes entreprises (PME). «Les PME sont tributaires de banques stables et compétitives au niveau international», affirme la conseillère nationale du Parti libéral-radical (PLR) de Bâle-Campagne. Le président du PLR, Thierry Burkart, déclare lui aussi que son parti veut une «place bancaire stable et fiable», qui garantisse des crédits avantageux pour les PME ainsi que de bons emplois pour la classe moyenne.

Comment justifier les bonus faramineux?

Sauf qu'il y a un hic. UBS publiera son rapport d'activité pour l'année écoulée à la mi-mars, rendant notamment compte des bonus versés aux collaborateurs et à la direction. L'année dernière, on apprenait que le directeur général, Sergio Ermotti, avait touché 14,4 millions de francs pour neuf mois de travail. En interne à l'UBS, on spécule qu'il pourrait même recevoir plus pour l'année passée, avec des sommes pouvant avoisiner les 18 millions de francs. 

Sauf que prendre publiquement la défense de banquiers qui perçoivent de tels salaires passe un peu mal pour les PME. «Je trouve qu'une certaine retenue est de mise en ce qui concerne les rémunérations des managers», déclare Daniela Schneeberger. «Une attitude mesurée» d'UBS enverrait un signal important pour le public et renforcerait la confiance dans la place financière suisse. Le président du PLR a une attitude plus nuancée. «De nombreux clients perçoivent les bonus excessifs de manière négative. Ceux qui assument de nombreuses responsabilités et reçoivent des bonus élevés en conséquence doivent pouvoir être tenus davantage responsables à l'avenir.» Swissmem n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.

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