Alain Soral, l'idéologue d'extrême droite, lausannois d'adoption, a été condamné en appel lundi 2 octobre à 60 jours de prison ferme par le Tribunal cantonal vaudois. Le franco-suisse a été reconnu coupable de discrimination et incitation à la haine pour des propos homophobes à l'encontre d'une journaliste. À la suite d'un article peu à son goût datant de 2021, il avait publié une vidéo sur internet où il taxait la journaliste de «grosse lesbienne» et «militante queer», insinuant que ce dernier terme voulait dire «désaxé».
La condamnation a dû faire un heureux en la personne de Pierre-Antoine Hildbrand, municipal lausannois chargé de la Sécurité. L'édile libéral-radical a commencé à interpeller la justice vaudoise il y a trois ans, dénonçant les propos haineux du polémiste, installé dans la capitale vaudoise début 2020 pour échapper à une condamnation pour antisémitisme et des procédures ouvertes en France. Le politicien, s'exprimant au nom de la Municipalité, affirmait alors que Lausanne porterait plainte si Alain Bonnet, dit Soral, dépassait les bornes.
Contacté par Blick, Pierre-Antoine Hildbrand se réjouit de la décision de justice de manière toute professionnelle et politique. Il rappelle avoir «déjà dit publiquement qu'Alain Soral devait respecter le Code pénal. La justice confirme que cela n'a pas été le cas.» En tant que conseiller municipal chargé de la politique LGBTIQ+, il s'oppose «fermement à toute expression ou acte homophobe».
Le Lausannois ajoute: «Notre ville est une terre d’accueil ouverte à toutes et à tous, et elle ne tolère pas les discriminations contre les personnes LGBTI et queer.» Le chef de la Sécurité à Lausanne réaffirme le soutien de la Municipalité à la modification du Code Pénal suisse, entrée en vigueur au 1er juillet 2020, et qui a étendu la norme pénale antiraciste aux discriminations basées sur l'orientation sexuelle.
Milice masquée?
Lors du verdict lundi, Alain Soral est arrivé entouré de jeunes hommes arborant masques chirurgicaux et lunettes de soleil. Sur ce point-là, il est plus difficile d'obtenir des réponses. S'agit-il d'une milice protégeant le sexagénaire, notamment de militants LGBTIQ+ venus brandir des banderoles en dehors du tribunal? Ou de bons amis? Ces hommes qui ne montrent pas leur visage inquiètent-ils les forces de l'ordre?
Ces questions restent pour l'instant en suspens, la police cantonale vaudoise renvoyant à l'Ordre judiciaire vaudois (OJD). Ce dernier confirme à Blick que «les personnes masquées sont restées à l'extérieur du tribunal et n'ont pas cherché à entrer».
Karen Fournier, secrétaire générale adjointe de l'OJD, ajoute que l'audience «s’est déroulée de manière tout à fait habituelle, le public ayant souhaité assister à l’audience ayant pu y trouver une place». Mais concernant le potentiel problème de sécurité que pourrait poser la présence d'individus dissimulés derrière des masques aux abords d'un tribunal, pas de réponse.
Le PLR Pierre-Antoine Hildbrand renvoie, de son côté, à la plateforme de signalement de la police de Lausanne, qui est «très attentive aux délits homophobes» et dispose également d'une unité spéciale «pour soutenir les victimes et leur fournir des conseils». Mais pas de réponse non plus concernant l'éventuelle surveillance d'un groupe de soutien au polémiste récemment condamné.