Le monde d'après la pandémie ressemble fort à celui d'avant. Du moins à en lire les actualités d'avant les Fêtes pascales. «Quatorze kilomètres de bouchon au Gothard», annonçait Viasuisse il y a une semaine. Une file qui devrait se reformer le week-end prochain, avec jusqu'à 20 km de véhicules encolonnés.
Tous les signes montrent que le Tessin va être pris d'assaut. «Tous nos établissements sont pleins, encore plus qu'avant la pandémie!», annonce Lorenzo Pianezzi, président de la section cantonale d'Hotelleriesuisse. Des auberges de jeunesse jusqu'aux hôtels de luxe, le topo est le même. «C'est le cas depuis des semaines», précise le Tessinois, qui gère à titre personnel plusieurs hôtels.
Seule solution: sortir des villes
Ce qui frappe cet expert, c'est que les clients ont réservé il y a des semaines, sans savoir si la météo allait être clémente. Un pari qui s'annonce gagnant, puisque le week-end pascal prévoit du soleil en abondance. Ceux qui voudraient profiter de ce que les Alémaniques appellent «Sonnenstube» (quelque chose comme «réservoir de soleil») à la dernière minute vont avoir du mal à trouver un logement: même les campings croulent sous les vacanciers.
«Il n'y a qu'un seul espoir: se rabattre sur l'offre en-dehors des villes. Il y a encore quelques disponibilités, mais elles sont très isolées», prévient Lorenzo Pianezzi. La majorité des hôtes du week-end pascal viennent des autres régions du pays: de Suisse alémanique ou de Suisse romande. «Il faudra du temps pour que la situation revienne à la normale en ce qui concerne le tourisme depuis l'Italie, l'Allemagne, l'Autriche ou la France», analyse le cadre d'Hotelleriesuisse.
«La demande est très forte»: un son de cloche qui revient quel que soit notre interlocuteur. Marcel Meek, responsable d'une plateforme de location de maisons et appartements de vacances, évalue le taux d'occupation actuel à 82% à l'échelle du canton. «C'est un peu plus bas dans la région de Lugano où il reste quelques disponibilités», ajoute-t-il.
En diminution depuis vingt ans
Le Tessin fait recette et pourrait aussi faire des envieux. À titre de comparaison, l'occupation s'élève à 48% pour le week-end à venir en Valais et 50% dans l'Oberland Bernois, selon la plateforme de Marcel Meek. «Ce n'est pas surprenant: le Tessin est LE grand classique de Pâques. Il n'y a qu'en 2020 que cela a changé parce que cela coïncidait avec le début de la pandémie et l'incertitude qui allait avec.»
Les hôteliers tessinois se frottent les mains mais ne vendent pas la peau du lapin avant de l'avoir tué, se contentant d'attendre un «bon résultat» pour Pâques. Hotelleriesuisse fait d'ailleurs remarquer que le canton a perdu des nuitées continuellement depuis deux décennies: «Les niveaux de l'an 2000 n'ont jamais été retrouvés.»