Le Salon international de l'automobile de Genève est de retour – en format réduit. Et il aurait fait peau neuve? Voitures électriques et concessionnaires chinois en vedette, les «constructeurs européens sont largement absents», relevait «Le Temps» le mardi 27 février, soit le jour du début des festivités pour les notables invités de la journée VIP. Le grand public a pu accéder à l'événement dès le lendemain.
Électriques ou pas, le Geneva International Motor Show (GIMS) reste un festival de voitures. Deux invités d'honneur étaient par ailleurs présents pour inaugurer l'événement. En tête d'affiche: le conseiller fédéral de l'Union démocratique du centre (UDC) Albert Rösti, chargé du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC). La présence au GIMS de l'ancien président d'Auto-Suisse n'a rien de surprenant.
Plus local (et plus étonnant peut-être?), le représentant de Genève au sein de la délégation officielle était le président du Conseil d'État et ministre du Département du territoire (DT) Antonio Hodgers. Qui est aussi et surtout un élu des Vert-e-s. Contre-intuitif, comme casting? Blick a demandé au ministre écolo ce qu'il pense réellement de cette foire aux moteurs. Interview.
Antonio Hodgers, avec quel moyen de transport vous êtes-vous rendu à l’inauguration du Salon de l’auto, ce mardi?
En vélo.
Et vous êtes reparti avec une nouvelle voiture?
Non, je suis reparti comme je suis venu, en vélo.
Est-ce que vous possédez une voiture tout court?
Je ne réponds pas aux questions liées à ma vie privée.
Un président du Conseil d’État écologiste qui inaugure le salon de l’auto aux côtés d’un Conseiller fédéral de l'Union démocratique du centre (UDC), on dirait un petit peu le début d’une blague, non? Pourquoi avez-vous accepté d’y aller?
En tant que président du Conseil d'État, il est normal que je participe à l'inauguration d'un événement aussi important pour Genève, pour son rayonnement international, car le Salon de l'automobile a une portée conséquente. Et puis le fait que Monsieur le Conseiller fédéral Albert Rösti (UDC) ait fait le déplacement justifie le fait que je sois présent pour l'accueillir. Il en va du respect des institutions, et de ma fonction.
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Ces foires à moteurs semblent être en perte de vitesse, en Suisse comme ailleurs. On reproche notamment à ce genre de salons d'être déconnectés des préoccupations liées au climat, malgré les tentatives de mettre en avant les voitures électriques ou hybrides. Est-ce qu’un Salon des mobilités, par exemple, n'aurait pas davantage de sens, de nos jours?
Oui, je pense que c'est une vraie question, qui a, d'ailleurs, déjà été abordée. Mais cela ne dépend pas du Conseil d'État. Il faut le demander aux organisateurs. Et il y a déjà des choses qui vont un petit peu dans ce sens. À l'inauguration de cette édition 2024, j'ai par exemple visité le stand de Motosacoche, un mythique vélo électrique, présenté pour la première fois au salon de l'auto de 1905 et fabriqué en grande partie en Suisse et à Genève.
Mais ça reste une exception: ce sont plutôt les voitures, les stars de ce salon.
Je l'ai dit dans mon discours d'inauguration: Il y aura toujours des voitures sur nos routes. Le problème, c'est de croire que la voiture doit être partout, tout le temps. Pour moi, le moyen de transport doit être choisi en fonction de critères comme le lieu, le moment de la journée où on l'utilise... Trop de mobilité individuelle tue la mobilité, tel est mon message.
Vous ne prêchez donc pas le retour à un monde sans voitures individuelles?
Il faut différents types de mobilités. Quand on est un Européen citadin comme moi, on se déplace à vélo. Le mieux, selon moi, c'est de ne pas utiliser la voiture, oui. Or, il y aura toujours des voitures, on le sait. Il faut même considérer qu'il y aura toujours plus de voitures, dans nos sociétés, à l'avenir. Donc autant qu'elles prennent le moins de place et qu'elles consomment le moins d'énergie possible. C'est là tout l'enjeu de l'évolution de la voiture électrique.
Voiture électrique qui n'est, de loin, pas encore la norme, et qui peine un peu à le devenir... La faute aux infrastructures de nos villes, à l'image de Genève, où les bornes de recharge, par exemple, sont encore trop rares?
Les jours des moteurs thermiques sont comptés. En 2035, l'Union européenne va interdire leur vente (ndlr: seuls les véhicules neufs sont concernés). J'étais justement à Berne ce matin pour discuter de modèles de tarification de ces véhicules électriques.
D'accord, mais ça ne répond pas à la question de savoir si nous allons réussir à mettre en place les infrastructures nécessaires à cette transition d'ici à 2035...
Évidemment, on peut toujours faire mieux. D'ailleurs, depuis le 1er février, on subventionne des infrastructures d'électrification dans les immeubles. En termes d'installations de bornes, je rappelle que c'est obligatoire pour les nouveaux immeubles, et ce, depuis des années (ndlr: depuis 2022). Dans le domaine public, on doit en effet investir un peu plus là-dedans, en revanche. Aujourd'hui, la vente de ces véhicules est de plus en plus fréquente. Acquérir une voiture électrique n'est plus toute une aventure, comme ça l'était il y a quelques années.
Pensez-vous que le Salon international de l'automobile de Genève va survivre encore longtemps?
Je ne le sais pas. Il faut poser la question aux organisateurs.