Les politiciens en charge de la sécurité au Conseil national ont fortement contrarié leurs collègues parlementaires. Au lieu d'approuver le message sur l'armée 2025 avec des projets d'armement pour 1,5 milliard de francs, la commission de sécurité a préféré ajouter un milliard supplémentaire. Selon elle, cette jolie somme permettrait d'acheter des munitions pour des systèmes de défense aérienne, commandés au préalable.
En décembre, le Parlement s'était déjà battu sur le budget de l'armée, surtout qu'il avait déjà été augmenté à 30 milliards jusqu'en 2028, soit 4 milliards de plus que jusqu'à présent. Mais où trouver ce milliard supplémentaire?
Pour le moment, toutes les propositions de financement ont échoué. Et compte tenu de la pression économique, le Parlement pourrait à tout moment décider de nouvelles coupes budgétaires. Le financement reste donc incertain et une planification à long terme pour l'armée n'est pas possible.
«Une décision incompréhensible»
Même certains membres de la commission de sécurité reconnaissent que leur décision a été prise «à la va-vite». La commission essaie à présent d'envoyer «une bouteille à la mer» et de voir ce qui se passe. Après tout, ce n'est pas elle qui est responsable de cette décision, mais plutôt les commissions des finances du Conseil national et du Conseil des Etats. Alors qu'elles se débrouillent.
Un laxisme qui a beaucoup agacé les politiciens des finances au Parlement. La socialiste Sarah Wyss qualifie même cette décision d'«incompréhensible». Après tout, le Parlement a déjà décidé d'augmenter le budget de l'armée à 1% du PIB d'ici 2032, souligne la présidente de la commission des finances du Conseil national. «Ce milliard n'y a tout simplement pas sa place», ajoute-t-elle. L'armée devrait maintenant acquérir des munitions supplémentaires, pour lesquelles il n'existe aucun budget. «Une telle politique symbolique n'est vraiment pas sérieuse», s'énerve la présidente.
Le Conseil des Etats aussi est très sceptique: «Cet éternel va-et-vient autour des finances de l'armée est très problématique et mauvais pour elle», déclare le représentant de l'UDC Jakob Stark. Le président de la commission des finances du Conseil des Etats souligne qu'après un combat de longue haleine, le Parlement est enfin parvenu à un compromis et que le cadre financier est fixé jusqu'en 2032. Mais même si ce besoin en munitions est compréhensible, l'augmentation du crédit d'engagement élargit la marge de manœuvre, alors que le cadre financier reste fixe. «Nous devons donc établir des priorités au sein du budget de l'armée, ce qui ne sera pas une partie de plaisir.»
«Cette revendication est une forme d'activisme»
«Le financement du budget de l'armée n'est pas assuré», renchérit le conseiller aux États du Centre, Peter Hegglin. La commission de sécurité devrait commencer par démontrer comment l'armée pourrait compenser ce milliard supplémentaire. «Car je ne vois pas d'où nous pourrions économiser cette somme, déclare Peter Hegglin. Cette revendication me semble donc être une forme d'activisme.»
Erich Ettlin comprend lui aussi le besoin de munitions pour la défense aérienne. «Mais leur financement deviendrait un grand défi», reconnait le conseiller aux États du Centre. «Nous avons encore réussi à boucler le budget 2025 dans une certaine mesure.» Mais avec le déficit structurel, la situation se complique d'année en année. «Au point ou nous en sommes, certains devront sans doute renoncer à leurs demandes.»