C'est avec un certain enthousiasme que la Suisse a accueilli le géant américain Vail Resorts. Leader mondial de l'exploitation de domaines skiables, l'entreprise a pris pied à Andermatt-Sedrun, située à la frontière des cantons d'Uri et des Grisons à l'été 2022, puis à Crans-Montana dans le canton du Valais, il y a un peu plus d'un an. Si cette arrivée à fait le bonheur de l'industrie touristique locale et d'une large partie de la population, ces derniers temps, certains regards méfiants, se tournent vers les États-Unis. La raison? Vail Resorts enchaîne les crises sur son propre territoire.
Le dernier incident en date s'est produit ce week-end: dans la station d'Attitash Mountain Resort, exploitée par Vail Resorts dans l'État du New Hampshire, un siège de télésiège s'est décroché. Un skieur, qui s'y trouvait assis, a fait une chute de six mètres sur le sol enneigé avant d’être transporté à l'hôpital avec des blessures légères. Des vidéos de l’accident circulent sur les réseaux sociaux, où Vail Resorts est vivement critiqué. Ce n’est d’ailleurs pas le premier incident impliquant le groupe: en décembre, un dysfonctionnement sur un télésiège avait déjà blessé cinq personnes.
Un désastre médiatique
Ces derniers mois ont été particulièrement mouvementés pour Vail Resorts, qui a dû faire face à une nouvelle crise. L’entreprise américaine, basée dans le Colorado, s’est retrouvée confrontée à un conflit social, et ce, en pleine période des fêtes, l’une des plus lucratives de l’année. Le 27 décembre, 200 secouristes des pistes du Park City Mountain Resort, le plus grand domaine skiable des États-Unis, ont cessé le travail pour réclamer une augmentation de leur salaire horaire de 21 à 23 dollars.
Résultat? un véritable désastre en termes d’image pour Vail Resorts. Entre Noël et le Nouvel An, seuls 50 des 350 kilomètres de pistes étaient accessibles dans cette station haut de gamme. Les skieurs ont dû patienter jusqu’à trois heures dans le froid pour accéder aux remontées mécaniques. La grève a également eu des répercussions financières: l’action du groupe a chuté de près de 7% au cours du dernier mois.
Crise après crise
Près de deux semaines après le début de la grève, les secouristes des pistes et Vail Resorts ont fini par trouver un accord. Les employés ont obtenu une augmentation de salaire de 4 dollars de l’heure, accompagnée de revalorisations salariales dans six autres stations de ski aux États-Unis.
Mais à peine cette crise réglée, une nouvelle menace est apparue: le syndicat des opérateurs de remontées mécaniques du Crested Butte Mountain Resort a récemment brandi la menace d’une grève. Les négociations sont en cours entre les deux parties, et pour l’instant, Vail Resorts n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Contacté par Blick, le groupe n’a pas encore donné suite à la demande de commentaire.
Des remontées mécaniques "obsolètes"
La multiplication des incidents conforte les critiques qui qualifient Vail Resorts de «McDonald's des stations de ski». «Leurs installations sont pour la plupart obsolètes et restent en service jusqu'à leur panne complète», déclare dernièrement Franz Julen, président des Zermatt Bergbahnen, dans une interview accordée à Blick au sujet du géant américain.
Cependant, à Crans-Montana, où Vail Resorts est devenu l'actionnaire principal et prévoit d’investir 30 millions de francs dans les remontées mécaniques, l’impact est déjà visible. La station valaisanne connaît un nouvel essor, notamment grâce à l’afflux de touristes américains. Ces derniers profitent en Suisse de tarifs bien plus avantageux que dans leur pays, où Vail Resorts facture jusqu’à 300 dollars la journée de ski.