Le favori traîne des boulets
Ces 4 obstacles pourraient priver Markus Ritter de Conseil fédéral

Les candidats à la succession de Viola Amherd entrent dans la phase clé de la campagne électorale. Markus Ritter est bien plus connu que son adversaire, Martin Pfister. Mais de nombreux obstacles, idéologiques surtout, entravent sa progression. Seront-ils décisifs?
Publié: 19.02.2025 à 06:41 heures
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Markus Ritter et Martin Pfister veulent tous les deux entrer au Conseil fédéral. Ils vont devoir se départager.
Photo: keystone-sda.ch
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Sophie Reinhardt

La situation de départ pour l'élection au Conseil fédéral du 12 mars semblait claire: le conseiller national Markus Ritter, président de l'Union suisse des paysans et figure déjà influente de la politique, est considéré comme le favori pour succéder à la centriste Viola Amherd. Son adversaire, le conseiller d'Etat zougois Martin Pfister, est beaucoup moins connu et donc considéré comme un «outsider». Mais les dés sont-il déjà jetés?

Durant les jours précédant les élections au Conseil fédéral, c'est bien connu, les ragots fusent de tous les côtés. Dans cette cour aux commères, Blick a tendu l'oreille auprès des différents partis, et vous présente aujourd'hui quatre obstacles qui pourraient coûter des voix décisives à Markus Ritter.

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Encore un paysan de plus au Conseil fédéral?

Avec Markus Ritter, les personnes issues du monde agricole deviendraient majoritaires au sein du gouvernement national: Guy Parmelin est viticulteur, Albert Rösti est agronome et Beat Jans possède une formation d'agriculteur. Au sein du Parti libéral-radical (PLR) en particulier, il y a un vrai malaise à soutenir la candidature d'un nouveau représentant du monde paysan. «La question fondamentale est de savoir quel doit être le niveau de représentation de l'agriculture au Conseil fédéral», déclare le conseiller national PLR Christian Wasserfallen.

Plusieurs parlementaires du Centre affirment également que cela ne l'aiderait pas à continuer à se présenter comme un parti urbain si le lobbyiste paysan en chef siège au gouvernement, au nom du parti.

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Des propos pas très catholiques

Le 14 novembre 2020, le Parti bourgeois-démocratique a voté sa fusion avec le Parti démocrate-chrétien pour devenir Le Centre. Alors que Gerhard Pfister se félicite encore d'avoir remis l'aspect politique du parti devant son identité religieuse, Markus Ritter mise sur la bénédiction de Dieu pour remporter la victoire: la veille de l'élection au Conseil fédéral, il veut se rendre en pèlerinage à Flüeli-Ranft, où se trouve l'ermitage de Nicolas de Flüe, saint patron de la Suisse.

Une autre anecdote fait également jaser au Parlement: l'ex-conseiller fédéral Johann Niklaus Schneider-Ammann (PLR) aurait demandé à Markus Ritter pourquoi il était toujours si sûr de l'emporter. Sa réponse: «J'ai mille Bernois qui prient pour moi chaque semaine.» En effet, ce fervent chrétien est soutenu par des groupes évangéliques qui prient régulièrement pour lui.

Ainsi, le conseiller national Andreas Gafner de l'UDF, parti politique de droite qui prétend défendre les valeurs chrétiennes traditionnelles, espère que Markus Ritter parviendra à se faire élire, comme il l'a déclaré à la «NZZ»: «Je pars du principe qu'il apportera au gouvernement sa position basée sur un vrai fondement religieux, notamment sur des sujets comme l'avortement ou le don d'ovules.» Des propos réactionnaires qui posent de réels problèmes à de nombreux élus du Parlement. 

Markus Ritter a lui-même aggravé la situation en déclarant lors de sa conférence de presse que le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) serait un ministère «bien difficile pour elles», en parlant des femmes.

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De nombreux opposants

Markus Ritter est considéré comme un homme de pouvoir à l'influence dangereuse. Chez les Vert-e-s en particulier, il est considéré comme un rustre provocateur, quelqu'un avec qui il est difficile de travailler. En tant que président de l'Union des paysans, ses nombreux coups de pression ont également laissé des traces au sein du parti écologique et de la gauche de façon générale. Toutefois, certains socialistes admettent qu'avec sa main de fer, le lobbyiste paysan pourrait mettre un peu d'ordre dans le chaos du DDPS. 

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Martin Pfister, d'inconnu à favori?

La course à la succession de Viola Amherd reste passionnante. Un coup d'œil sur les chiffres du passé le montre: la majorité absolue nécessaire était de 122 voix pour l'élection d'Albert Rösti, de 123 voix pour Beat Jans et de 109 voix pour Elisabeth Baume-Schneider.

Si un parti se laisse aller à des duels lors de l'élection de remplacement du Conseil fédéral, en laissant le temps aux polémiques et aux commérages de se propager, cela pourrait finir par faire le jeu de Martin Pfister. L'outsider se transformerait alors soudain en parfait favori.

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