Une seule photo, beaucoup d'effets: le fait qu'Ignazio Cassis prenne la pose avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a suscité le malaise en Suisse. Précisément le jour où la Russie a annoncé une mobilisation de ses citoyens.
Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été nombreuses. L'ancien conseiller national du Centre Bernhard Guhl, par exemple, s'en est pris directement à Ignazio Cassis. «Notre président de la Confédération serre la main d'un criminel de guerre. Alors qu'il ne s'est pas rendu en Ukraine... Je n'y crois pas.»
Instrumentalisé par la Russie
Celui qui est aussi ministre des Affaires étrangères avait assuré en amont qu'il rencontrait son homologue russe pour dénoncer les «provocations» de Vladimir Poutine. «Je demanderai à Sergueï Lavrov que la Russie retire immédiatement ses troupes et renonce à une nouvelle escalade», avait promis Ignazio Cassis.
Mais l'image publiée par la Russie montre le Tessinois tout sourire en train de serrer la main de Sergueï Lavrov: le ministère russe des Affaires étrangères a parfaitement saisi l'occasion d'en faire de la propagande.
Qu'en pense-t-on du côté du PLR? Le président Thierry Burkart n'a pas l'air ravi de devoir s'exprimer sur le sujet. Mais, comme son rôle le veut, il défend son conseiller fédéral. «Si nous voulons offrir nos bons offices, il faut parler au ministre russe des Affaires étrangères, et une poignée de main fait partie du protocole.» Fallait-il pour autant prendre la pose avec un sourire? «C'est malheureux que cette photo existe. Mais parfois, on ne peut pas l'éviter...»
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) ne voit pas de problème. Interrogé, il explique: «Plusieurs photojournalistes étaient présents avant la rencontre avec Sergueï Lavrov. Comme pour toutes les entrevues du président de la Confédération à New York, il existe des images. À l'ONU, les médias sont autorisés avant chaque rencontre.»
Aucune autre photo avec l'Occident
Au vu de la nouvelle escalade provoquée par les menaces de Poutine associées à la mobilisation (partielle) de la population, ces rencontres bilatérales se sont probablement multipliées. Mais, fait marquant, aucun autre représentant d'une démocratie occidentale ne s'est laissé mettre en scène avec un diplomate russe.
Outre Peter Maurer, le président du Comité international de la Croix-Rouge qui, conformément à la mission de l'organisation, s'entretient avec tout le monde, des clichés n'existent qu'avec le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Carlos Faría Tortosa, le président de la République centrafricaine Faustin-Archange Touadéra, le ministre arménien des Affaires étrangères Ararat Mirzoyan et le ministre bolivien des Affaires étrangères Rogelio Mayta.