Après des semaines de prospections et de tergiversations, le verdict est tombé ce vendredi. Non, le groupe parlementaire du Centre à Berne n’acceptera pas que Mauro Poggia, élu au Conseil des États sous la bannière du Mouvement citoyens genevois (MCG), siège parmi les siens.
En effet, à l'occasion d'une conférence de presse donnée à Berne ce 24 novembre, Le Centre a déclaré, via son président Gerhard Pfister, que le grand parti orange n'était pas aligné avec les valeurs du MCG — sans pour autant explicitement nommer Mauro Poggia — d'après ce que rapportent nos confrères de Blick.
Si Gerhard Pfister a surtout parlé d’«orientations politiques différentes» avec le MCG, il a aussi mentionné l’article 61 de la loi sur le Parlement, qui stipule qu’un élu ne peut pas siéger dans un groupe parlementaire différent que celui des autres représentants de son parti.
Cela en référence aux deux élus au National du MCG, Roger Golay et Daniel Sormanni, qui ont déjà été acceptés dans le groupe de l’Union démocratique du centre (UDC). Formation conservatrice avec laquelle l’ancien conseiller d’État du bout du Léman dit avoir trop de divergences idéologiques.
Rejeté par son ex-parti
Contacté pour réagir à cette position, Mauro Poggia rétorque: «Je n’ai pas à commenter cette décision, dont je prends acte, et qui me fait comprendre que je n’aurais pas pu faire un travail compatible avec mes convictions au sein du groupe du Centre.»
Pourtant, membre du Parti démocrate-chrétien (l’ancêtre du Centre) jusqu’en 2009, l’élu MCG visait en effet une place d’invité au sein de son ex-parti. Cela contre l'avis et le règlement des services du Parlement, puisque, on l'a dit, deux élus MCG sont déjà maqués avec l'UDC.
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Pas de groupe, pas de commission
Mauro Poggia siégera donc comme indépendant, à moins qu’il ne réussisse, en cours de législature, à intégrer le groupe de l’UDC malgré ses dissensions politiques avec ce parti — ou à faire en sorte que les deux élus MCG au National changent de parti à sa guise, par exemple. Qu'est-ce que cela signifie pour le politicien et pour Genève? En bref, il ne pourra a priori pas siéger dans quelque commission que ce soit, faute de groupe parlementaire.
Interrogé quant à la suite, Mauro Poggia certifie que rien n’est encore complètement joué. «Je n'ai fermé aucune porte pour le moment, et je n'ai pas non plus l'intention de me précipiter: les trois prochaines semaines sont, dans tous les cas, des semaines de plénières, où les commissions se réunissent moins. Je prendrai donc ce temps pour déterminer si je siègerai en indépendant ou pas. Et cela ne dépend pas de moi seul.»
La figure forte du MCG précise que «être indépendant aux États, contrairement au National, c'est pouvoir prendre la parole et déposer des amendements sur tous les sujets. Donc, même si je suis indépendant, je ne serai jamais inexistant.»