Ça y est! Nemo est arrivé en Suède. Aujourd'hui, l'espoir de la musique contemporaine suisse monte pour la première fois sur la grande scène du Concours Eurovision, à la Malmö Arena. Tous les regards sont tournés vers le chanteur biennois. Avec sa chanson «The Code», Nemo a la faveur des pronostics. Le grand sujet à Malmö n'est pas le résultat de Nemo, mais les mesures de sécurité prises sur place. La participation d'Israël à l'Eurovision échauffe en effet les esprits des activistes pro-palestiniens et impose des mesures de sécurité renforcées.
La tension autour de l'Eurovision 2024 n'est pas nouvelle. Outre les affiches officielles, des tracts sur lesquels le mot «Eurovision» a été remplacé par «génocide» ou «Israël hors de l'Eurovision», ont en effet été accrochés.
La ville et la police ont mis en ligne une page d'information sur la sécurité.
Plus de 100'000 visiteurs sont attendus dans la ville du sud de la Suède. La police et la ville ont donc mis en place une page d'information sur la sécurité à Malmö: «Oui, il y aura des manifestations contre l'Eurovision à Malmö. La raison principale de ces manifestations est la participation d'Israël», écrit la ville. La police évoque de son côté la guerre entre Israël et le Hamas.
C'est Eden Golan qui représentera Israël au concours avec la chanson «Hurricane». Les organisateurs du concours soulignent que le pays n'a enfreint aucune règle, contrairement, selon eux, à la Russie qui avait été banni après l'attaque contre l'Ukraine en 2022.
Risque terroriste «élevé» depuis août 2023
Les protestations ne sont pas la seule préoccupation des organisateurs. Depuis août 2023, les autorités suédoises estiment que le risque terroriste est élevé sur le territoire. C'est aussi pour cette raison que le concours a été déclaré «événement national spécial». C'est la raison pour laquelle la police locale sera soutenue par des collègues de tout le pays, ainsi que par d'autres venus du Danemark et de la Norvège. Sur place, la Suède sera témoin de la plus grande présence policière jamais vue, a déclaré Petra Stenkula, directrice du commissariat de Malmö, à la chaîne de télévision suédoise «SVT». L'armée suédoise est également mobilisée.
Un tel dispositif de sécurité est inhabituel en Scandinavie, explique le journaliste Torbjörn Ek du journal «Aftonbladet»: «Il a été annoncé que certains policiers seraient armés de mitraillettes. Pour nous, Suédois, cette vision est quelque chose d'extraordinaire, et d'assez effrayant pour certains», explique-t-il.
Selon lui, le dispositif de sécurité peut être comparé à d'autres éditions de l'Eurovision, hors de Suède: «Le dispositif n'est probablement pas plus élevé que celui déployé à Tel Aviv en 2019, où l'événement avait eu lieu quelques mois seulement après que la ville a subi plusieurs attaques de missiles. Le concours à Kiev en 2017 s'est, lui, déroulé peu après l'invasion de la Crimée par la Russie.»
Pas de menace concrète et ciblée pour l'ESC
En Suède, on s'inquiète que les protestations fassent davantage l'actualité que le concours lui-même. Plus précisément: «Que l'événement soit complètement éclipsé par le fait qu'il y ait tant de protestations et que la guerre entre Israël et le Hamas soit trop au centre», a déclaré Torbjörn Ek.
Les protestataires pro-Palestiens ont déclaré qu'ils attendaient 20'000 personnes à la manifestation et qu'ils misaient sur une protestation pacifique. Le déploiement massif de la police lisse également peu de chances aux débordements violents: «Nous ne voyons actuellement aucune menace ciblée concrète pour l'événement, mais il existe une menace pour la Suède, en tant que pays et en tant que nation dont fait partie l'Eurovision», déclare Per Engström, chef de la police suédoise. Pas de quoi, donc, entraver l'esprit joyeux de l'Eurovision: «Avec la densité de police que nous aurons dans la région, les visiteurs auront toutes les raisons de se sentir en sécurité dans tous les cas.»
On ne sait pas comment Nemo vit tout cela sur place. Dans une lettre ouverte, le chanteur biennois a appelé fin mars, avec d'autres participants au concours, à un cessez-le-feu au Proche-Orient. Il n'a pas souhaité pas s'exprimer davantage sur le sujet, indique la SRF.