Une voix a fait la différence. Et c'est justement Roger Köppel, conseiller national UDC et président du comité «Non à l'UE», qui manquait à l'appel en juin dernier lorsque le Conseil national a voté sur une intervention controversée en matière de politique européenne. La chambre haute a dit oui d'extrême justesse – si Roger Köppel avait été présent, l'intervention n'aurait pas passé la rampe.
S'il est rare qu'un vote soit aussi serré, les absences de l'élu UDC, elles, sont fréquentes. Blick a évalué quels parlementaires ont été les plus absents de la salle du Conseil national depuis le début de la législature.
Pour le deuxième mandat de suite, Roger Köppel est l'absentéiste numéro 1. Le rédacteur en chef de la «Weltwoche» a manqué environ un vote sur cinq au Conseil national. Au cours des trois dernières années, il a totalisé 21 jours sans s'excuser, ce qui correspond à 13% du temps de session, ou 755 votes sur 3925...
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Les Verts, meilleurs élèves
L'ancien président du PBD (fusionné depuis avec le Centre) Martin Landolt a également été très souvent absent. Le Glaronais a manqué 744 des 3925 votes — presque autant que Roger Köppel. Martin Bäumle (PVL/ZH) et Stefan Müller-Altermatt (Centre/SO) affichent également un taux d'absentéisme très élevé, dépassant les 18%.
Il n'est pas très étonnant de retrouver des représentants de ces deux partis parmi les champions des absences. En moyenne, ce sont les Vert'libéraux (5,2% d'absences injustifiées) et les élus du Centre (4,8%) qui ont le plus manqué à l'appel. Les meilleurs élèves sont les Verts, avec 2%.
Il est intéressant de constater que les parlementaires établis — présents depuis plus d'une législature — ont davantage tendance à «schwänzer» que les petits nouveaux.
Roger Köppel ne commente pas
Le roi de l'absentéisme Roger Köppel n'a pas répondu aux demandes de Blick. En 2019, il avait justifié ses nombreuses absences notamment par son travail pour la «Weltwoche». Contrairement à certains membres du groupe parlementaire qui se plaignent à mots couverts des absences de l'élu, il n'y voit lui-même aucun problème. «Je ne suis pas un politicien 'super glue' qui reste collé à son fauteuil pour encaisser des jetons de présence», déclarait-il en 2019 au SonntagsBlick.
Martin Landolt fait, lui, valoir que le travail d'un parlementaire comprend des choses plus importantes que d'appuyer sur le bouton de vote — par exemple le travail en commission.
Le conseiller national du Centre Stefan Müller-Altermatt est plus critique envers lui-même. Le Soleurois estime qu'un taux d'absentéisme aussi élevé que le sien n'est «pas vraiment défendable». «J'aurais été très heureux qu'il soit plus bas», explique-t-il à Blick. Il a pourtant de bonnes excuses à faire valoir: la naissance de son cinquième enfant et des cas de maladie dans sa famille.
Les Genevois souvent absents
Pour Martin Bäumle, c'est la fonction de conseiller municipal à Dübendorf dans le canton de Zurich qui explique les nombreuses absences à Berne. «Il y a des collisions de dates — je dois alors établir des priorités», souligne-t-il. De plus, il ne se précipite pas toujours dans la salle du Conseil national pour un vote, par exemple lorsqu'il a une séance avec des invités au Palais fédéral. Au parlementaire d'ajouter: «S'il s'agit d'affaires centrales ou si cela risque d'être serré, je vais bien sûr voter».
Chez les Romands, la palme revient à l'UDC genevois Yves Nidegger. Le vétéran sous la Coupole affiche 11,82% d'absences, soit 462 votes où il n'a pas exprimé son avis.
Six parlementaires de notre côté de la Sarine dépassent les 5% d'absence sur la législature en cours. La distance de Genève avec la Berne fédérale est-elle un problème? On retrouve deux autres élus du canton du bout du Léman dans le classement, avec Vincent Maître (Centre, 7,5% d'absence) et Christian Lüscher (PLR/5,6% d'absence).
Le canton de Vaud est représenté par Michaël Buffat (UDC, 6,5% d'absence) et Roger Nordmann (6,9%), chef du groupe socialiste à Berne. La Fribourgeoise Ursula Schneider-Schüttel, qui vise un nouveau mandat, pourrait chercher à faire mieux sur la prochaine législature que son score actuel (254 votes ratés, soit 6,5% également).
Damien Cottier et Nicolas Walder bien placés
Mais plutôt que de pointer du doigt les mauvais élèves, on peut aussi saluer l'assiduité de plusieurs Romands sous la Coupole. La palme revient au Jurassien Jean-Paul Gschwind, qui n'a manqué que 14 votes depuis les élections fédérales de 2019.
C'est un poil mieux que Nicolas Walder (Verts/GE), largement le meilleur de la délégation genevoise (24 votes manqués), et un trio composé de son collègue de parti valaisan Christophe Clivaz (33 votes ratés), du chef du groupe PLR Damien Cottier (35) et du socialiste valaisan Emmanuel Amoos (36).
Des scores d'autant plus remarquables qu'un vote est vite manqué. Il n'est pas rare que le Conseil national doive se prononcer sur plusieurs dizaines d'objets en une seule journée.
D'ailleurs, celui qui ne se présente pas du tout au Palais fédéral durant toute une journée d'activité parlementaire ne reçoit pas les jetons de présence de 440 francs par jour. Sauf en cas d'excuse — par exemple pour maladie, accident ou maternité.
Les services du Parlement tiennent un registre des absences d'une journée complète. Outre Roger Köppel, qui occupe la première place de ce classement peu envié, le podium est trusté par d'autres membres du groupe UDC. Le Tessinois Lorenzo Quadri et la Lucernoise Yvette Estermann ont chacun manqué onze jours de travail sans s'excuser. Tous deux font valoir qu'ils étaient malades, mais ne l'ont pas signalé.
«Certains votes sont une perte de temps»
Dans l'ensemble cependant, les conseillères et conseillers nationaux sont très consciencieux: près des trois quarts des élus à la Chambre basse n'ont jamais été absents sans s'excuser.
Au Conseil des Etats, cette proportion est un peu moins flatteuse, avec deux tiers. Avec dix jours d'absence non excusés, Ruedi Noser (PLR/ZH) est en tête de la liste des absences, suivi de l'UDC thurgovien Jakob Stark et du Centriste schwytzois Othmar Reichmuth.
Ils justifient tous leur absence par des obligations professionnelles ou politiques. Ruedi Noser déclare en outre qu'il renonce de temps en temps aux votes finaux le dernier jour de chaque session, car il trouve que c'est une «perte de temps».
Blick n'a pas pu évaluer le nombre de fois où les conseillers aux Etats se sont effectivement assis au pupitre et ont voté. Il n'existe pas de statistiques de vote, contrairement au Conseil national, ce qui a permis l'établissement de ce classement fiable.
Mais l'UDC ne brille pas que par son absentéisme. Un coup de chapeau à David Zuberbühler, élu d'Appenzell Rhodes-Extérieures, qui a réussi l'exploit de ne rater aucun vote sur ces trois dernières années. «Cela fait partie de nos tâches les plus importantes pour un politicien», glisse à Blick le conseiller national, modeste.