Le boss du Centre patronal fulmine
«Quel journaliste est suffisamment idiot pour écrire un titre pareil?»

Mercredi 28 février, l'ATS a diffusé à 7h la dépêche suivante: «Une entreprise suisse sur trois admet des pots-de-vin à l'étranger.» L'info, rapidement reprise par tous les médias romands, a eu le don d'irriter le directeur du Centre patronal. Il s'explique pour Blick.
Publié: 29.02.2024 à 20:33 heures
|
Dernière mise à jour: 01.03.2024 à 10:56 heures
Pour Christophe Reymond, directeur général du Centre patronal, le sujet portant sur les entreprises suisses qui filent des pots-de-vin à tout-va à l'étranger a été mal traité.
Blick_Tiffany_Terreaux.png
Tiffany TerreauxJournaliste Blick

«Qui est l'idiot, et je pèse mes mots, qui a rédigé un titre pareil? C'est faux avant même de commencer...» Pour Christophe Reymond, directeur général du Centre patronal, la nouvelle tombée mercredi dans la journée au sujet des entreprises suisses qui filent des pots-de-vin à tout-va à l'étranger a été mal traitée.

Et ce, dès le début, avec ce titre: «Une entreprise suisse sur trois verse des pots-de-vin à l’étranger». Sur X (anciennement Twitter), il ne s'est pas gêné de partager son désarroi.

Christophe Reymond n'a pas lu l'article

Pour rappel, on pouvait lire dans la presse romande du mercredi 28 février les résultats d'une étude menée par l'Université des Grisons et Transparency International Suisse sur les pots-de-vin et paiements informels dans les entreprises suisses actives à l'étranger. Plus de la moitié des 539 sociétés interrogées dans ce cadre avaient été confrontées à des demandes du genre. Parmi celles-ci, 63% – soit un tiers du total des entreprises sondées – ont cédé.

«Nous avons plus de 600’000 entreprises en Suisse. Bien moins de 50% d'entre elles comportent des activités à l'étranger, fustige-t-il. On peut donc s'arrêter là, pas besoin de poursuivre l'article, le titre est déjà totalement faux.»

Selon Christophe Reymond, un sujet de cette importance mettant en lumière une réalité aussi dérangeante doit être traité avec finesse. «La façon de titrer de l'ATS n'était pas du tout adaptée et toutes les rédactions ont repris l'info telle quelle sans réfléchir, déplore-t-il. C'est du journalisme de cochon.» Petit détail au passage, le directeur général du Centre patronal aurait trouvé judicieux d'expliquer comment les 539 firmes sollicitées pour réaliser le sondage ont été sélectionnées.

L'ATS se défend

Ce vendredi, Federico Bragagnini, rédacteur en chef des services en français de Keystone-ATS, exprime son droit de réponse à Blick. Il explique qu'«il n'existe aucune ambiguïté, dès le titre, sur le fait que l'étude concerne les entreprises actives à l'international. L'article critiqué par Christophe Reymond – que ce dernier n'a pas lu, de son propre aveu à Blick – décrit fidèlement les principales conclusions de l'étude, en fournissant aux lectrices et lecteurs les clés de compréhension nécessaires sur le phénomène de la corruption. Un problème que le directeur du Centre patronal ne nie pas, d'ailleurs.»

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Des chiffres loin d'être surprenants

Et si ce coup de gueule envers les médias n'était pas une manière détournée pour le directeur du Centre patronal de fuir une réalité si embarrassante? Car il l'avoue, en fin de compte, il n'est pas du tout étonné par ces chiffres. «Évidemment, personne ne se vante de mener ce genre de pratiques, soulève-t-il. Mais lorsque je lis les journaux et que j'apprends que telle entreprise vient de se faire coincer, ça ne me surprend que moyennement.»

Selon lui, la situation va même plus loin. «Ça ne se passe pas uniquement à l’étranger. La corruption est un phénomène plus répandu qu'on ne le pense, il faut y être très attentif et lutter contre, même si ce n'est pas évident», conclut-il.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la