L'animal était suspecté d'être hybride
PETA porte plainte après le tir d'un loup

Suspecté d'être un chien-loup, un animal a été abattu fin janvier en Valais. Mais il s'est avéré que l'individu était un loup de race pure. Mercredi, l'organisation de défense des droits des animaux PETA a annoncé avoir porté plainte auprès du Ministère public.
Publié: 09.03.2022 à 18:55 heures
Le loup a été abattu fin janvier par l'Etat du Valais, car il était suspecté d'être issu d'un couple chien-loup. Ce qui s'est révélé être erroné.
Photo: Sascha WELLIG

PETA Allemagne, qui travaille en étroite collaboration avec PETA Suisse, estime qu'en tirant ce loup les responsables ont enfreint les dispositions de la Convention de Berne, de la loi sur la chasse et de la loi sur la protection des animaux. Elle l'a fait savoir dans un communiqué.

Contacté par Keystone-ATS, le procureur général du Valais Nicolas Dubuis confirme avoir reçu une dénonciation pénale de PETA. Il ne peut en revanche «ni confirmer, ni infirmer que la plainte est dirigée contre l'Etat du Valais, en raison du secret de fonction et d'instruction».

L'organisation, qui compte plus de 1,5 million de membres, relève que l'animal «n'a manifestement pas fait l'objet d'une évaluation responsable». Il est «consternant» qu'un animal dont l'espèce est strictement protégée «ait été abattu sur la seule base de photos», ajoute-t-elle.

L'animal était sous surveillance depuis l'automne 2021 via les photos et les vidéos prises par des pièges photographiques, avait indiqué fin février le Service de la chasse, de la pêche et de la faune du canton du Valais (SCPF). «La couleur de sa fourrure - noire et blanche - et sa taille nous ont poussés à soupçonner une hybridation», avait précisé fin février à Keystone-ATS Nicolas Bourquin, chef du Service.

Pas de «motif raisonnable»

Sans expérience dans le domaine, le Valais avait fait appel à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) qui s'est appuyé sur le centre de monitoring des grands prédateurs (KORA) ainsi que sur des experts européens. «Tous ont émis le même doute et le canton, sur la base du droit fédéral en vigueur, a finalement décidé de l'abattre plutôt que de prendre le risque qu'il ne se reproduise», notait Nicolas Bourquin.

Pour l'organisation de défense des droits des animaux, «même s'il s'agissait d'un hybride au lieu d'un loup, tuer un être vivant uniquement parce qu'il n'est pas de 'pure race' ne peut en aucun cas être considéré comme un 'motif raisonnable». Et «la 'menace' mentionnée pour la biodiversité indigène ne suffit pas à justifier le tir d'un animal protégé selon la loi».

Abattu fin janvier, l'animal a été examiné au Tierspital de Berne (FIWI). Ses analyses génétiques, effectuées par le laboratoire de génétique des populations de l'Université de Lausanne ainsi que le Centre de génétique des animaux sauvages de Gelnhausen (D), ont conclu qu'il était «un loup génétiquement pur, dont le génome n'a subi aucun croisement avec un chien au cours des quatre dernières générations».

Non hybride, ce loup était issu de la population franco-italienne, dont les caractéristiques externes «peuvent varier dans une plus large mesure qu'on ne le pensait». Les spécialistes du SCPF ainsi que les experts consultés ont tous été «très surpris» par ce résultat, relevait Nicolas Bourquin.

(ATS)

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