L'animal en question était sous surveillance depuis l'automne 2021 via les photos et les vidéos prises par des pièges photographiques, indique lundi le Service de la chasse, de la pêche et de la faune du canton du Valais (SCPF) dans un communiqué. «La couleur de sa fourrure - noire et blanche - et sa taille nous ont poussés à soupçonner une hybridation», précise à Keystone-ATS Nicolas Bourquin, chef du Service.
Sans expérience dans le domaine, le Valais a fait appel à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), qui s'est appuyé sur le centre de monitoring des grands prédateurs (KORA), ainsi que sur des experts européens. «Tous ont émis le même doute et le canton, sur la base du droit fédéral en vigueur, a finalement décidé de l'abattre plutôt que de prendre le risque qu'il ne se reproduise», ajoute Nicolas Bourquin.
Un loup génétiquement pur
Une décision soutenue par toutes les personnes impliquées dans le processus d'identification, note-t-il. Le canton devait «agir vite», car la période de rut débute au mois de février. Pas le temps donc de chercher à l'endormir, procédure très difficile à mener à bien, ni d'effectuer les prélèvements ou encore d'analyser son ADN par ses excréments, explique Nicolas Bourquin, rappelant que la zone de déplacement de l'animal «était extrêmement large».
Abattu fin janvier, l'animal a ensuite été examiné au Tierspital de Berne. Ses analyses génétiques, effectuées par le laboratoire de génétique des populations de l'Université de Lausanne ainsi que le Centre de génétique des animaux sauvages de Gelnhausen, ont conclu qu'il était «un loup génétiquement pur, dont le génome n'a subi aucun croisement avec un chien au cours des quatre dernières générations».
Les experts «très surpris» par le résultat
Non hybride, ce loup était issu de la population franco-italienne, dont les caractéristiques externes «peuvent varier dans une plus large mesure qu'on ne le pensait». Les spécialistes du SCPF ainsi que les experts consultés ont tous été «très surpris» par ce résultat, souligne Nicolas Bourquin.
En 2019, une étude commandée par l’Office fédéral de l’environnement au Laboratoire de biologie de la conservation de l'Université de Lausanne avait confirmé que les populations de loups présentes en Suisse ne montraient pas de signe d’hybridation avec des chiens. Lundi, le chef du service a souligné que de tels croisements n'avaient pas eu lieu jusqu'à présent en Suisse.
Il rappelle en revanche que c'est le cas dans certains pays voisins, comme en Italie par exemple, où cette hybridation est due à la présence de meutes de chiens errants: «Il est donc important qu'en cas de suspicion fondée, ces derniers soient également abattus en Suisse.»
(ATS)