L'affaire Fabienne W. revient
Le chef de la police de Schaffhouse s'est exprimé sur le violent tabassage d'une femme

Après la violente agression de Fabienne W., le chef du syndicat de la police balaie les accusations portées contre la police de Schaffhouse. Il évoque toutefois certaines failles dans le système judiciaire.
Publié: 14.06.2024 à 15:58 heures
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Dernière mise à jour: 14.06.2024 à 16:53 heures
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Le tabassage, à coup de pieds et de poings, d'une femme à Schaffhouse avait défrayé la chronique et fait la une des journaux dans toute la Suisse.
Photo: Screenshot/SRF Rundschau
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Janine Enderli et Marian Nadler

L'incident a eu lieu en décembre 2021: Fabienne W. a été violemment battue à coup de pieds et poings par trois hommes dans le cadre d'une fête privée à Schaffhouse. La victime a subi de graves blessures. Tout a été filmé par des caméras de vidéosurveillance.

Après l'incident, Fabienne W. avait reproché aux autorités de Schaffhouse de protéger les agresseurs et de faire preuve de laxisme dans le travail d'enquête. Des centaines de personnes avaient même manifesté contre la police et l'affaire avait alors défrayé, entraînant l'ouverture enquête externe.

Aujourd'hui, Patrick Portmann, président de la fédération des fonctionnaires de police, répond aux critiques contre les autorités et prend aujourd'hui position sur l'affaire dans un entretien avec les «Schaffhauser Nachrichten». Pour le patron du syndicat, le dénigrement de la police de Schaffhouse est profondément injuste. La police agissant en principe sous les ordres du ministère public, c'est à ce dernier d'assumer la responsabilité dans cette affaire.

«C'est une erreur»

«Le fait que l'enquête externe vise surtout le travail de la police, et non celui de l'autorité qui l'a mandatée, est une erreur» lance Patrick Portmann d'entrée de jeu. «Jusqu'à présent, cela n'a pas été suffisamment mis en avant dans les rapports», regrette ensuite l'intéressé.

Patrick Portmann admet toutefois qu'il n'est pas normal que la procédure dure si longtemps et que les hommes impliqués dans l'agression ne soient pas poursuivis. Le chef du syndicat de police se dit d'ailleurs lui-même choqué par le comportement des agresseurs: «Je peux comprendre que Fabienne W. se soit adressée aux médias. Je la féliciterais même pour son courage!»

Des problèmes systémiques au sein du Ministère public?

Le syndicaliste pense qu'il y avait, dans ce cas, des choses «inacceptables» et évoque d'éventuels problèmes systémiques au sein du Ministère public de Schaffhouse. Depuis bientôt deux ans, le syndicat de la police souligne par exemple que le Ministère public délègue à la police un certain nombre d'auditions.

Une enquête doit maintenant mettre en évidence les erreurs commises et les problèmes systémiques. Les ressources en personnel devraient également être augmentées et certaines bases légales pourraient être révisées comme, par exemple, la loi cantonale sur la police: «La politique porte ici une grande responsabilité et doit aussi être prête à mettre à disposition les moyens financiers nécessaires», conclut le syndicaliste.

Ce que dit le Ministère public de Schaffhouse

Comment le Ministère public de Schaffhouse réagit-il à ces accusations? Peter Sticher, premier procureur du canton de Schaffhouse a, de son côté, une vision plus positive la collaboration entre les autorités de poursuite pénale. «La collaboration entre le Ministère public du canton de Schaffhouse et la police schaffhousoise est généralement très bonne et des échanges réguliers ont lieu», assure l'intéressé.

«Conformément au code de procédure pénale, le Ministère public mène l'enquête pénale et donne des instructions dans les cas concrets» explique Peter Sticher, qui rappelle que c'est à la police qu'il incombe de mener l'enquête conformément aux instructions: «Cette interaction fonctionne bien.»

Dans la procédure concernant Fabienne W., la collaboration entre la police régionale et la police judiciaire d'une part et le parquet d'autre part a également été bonne, se félicite le premier procureur. Des difficultés systémiques au sein du Ministère public ne peuvent pas être confirmées.

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