Il existe un monde, à 6790 km de Lausanne, où cet article n'aurait pas été écrit par une femme, où les femmes n'ont plus le droit d'aller à l'école, et désormais, ne peuvent plus se parler entre elles... La presse internationale, à l'instar du «Telegraph», rapporte cette nouvelle loi des talibans pour oppresser les femmes afghanes.
Le ministère de la Propagation de la vertu et de la prévention du vice (PVPV), en Afghanistan, vient en effet d'imposer de nouvelles restrictions aux femmes. Elles ne peuvent plus réciter le Takbir, une formule de prière islamique, ou lire le Coran à voix haute, même entre femmes.
La voix, une «partie du corps à cacher»
Cette décision, annoncée par le ministre Mohammad Khalid Hanafi, a provoqué un tollé parmi les Afghanes, qui réclament davantage de soutien pour protéger leurs droits. Hanafi, qui est sous sanctions de l’ONU et de l’Union européenne, a justifié cette mesure en affirmant que, selon la doctrine talibane, la voix féminine doit être dissimulée même dans l’intimité, s’alignant ainsi sur la notion religieuse d’«awrah» (partie du corps à cacher). Il a aussi précisé que si les femmes ne peuvent pas prononcer le Takbir, elles ne devraient pas non plus être autorisées à chanter.
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Ces nouvelles règles font écho à des interdictions antérieures, comme l'obligation faite aux femmes de se couvrir complètement en public, incluant le visage. Depuis leur retour au pouvoir, les talibans ont imposé de sévères restrictions aux Afghanes, notamment dans l’éducation et le travail.
Interdit de s'exprimer en présence d'hommes
Les jeunes filles n’ont plus accès à l’école au-delà de la sixième année, et les voix féminines sont de moins en moins présentes dans les espaces publics. En août, le ministère a en outre interdit la représentation d’êtres humains, même dans les médias officiels, et a renforcé l’obligation pour les femmes de porter une tenue couvrant tout le corps à l’extérieur. Dans le domaine de la santé, où les femmes peuvent encore travailler, il leur est interdit de s’exprimer en présence d’hommes, même dans un contexte professionnel.
Les défenseurs des droits humains et l’ONU dénoncent ces régressions et appellent à des actions concrètes pour rétablir les droits des Afghanes, craignant que d’autres restrictions soient à venir. Le ministère de la Promotion de la vertu, déjà critiqué pour ses politiques sociales conservatrices, cristallise désormais l’indignation internationale.