La tenancière et conseillère nationale UDC Esther Friedli
«Avec l'extension du certificat Covid, nous recevons des annulations presque chaque jour»

Le Conseil fédéral pousse la campagne de vaccination au détriment des entreprises et du secteur de la gastronomie, critique la parlementaire UDC Esther Friedli.
Publié: 12.09.2021 à 11:09 heures
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Esther Friedli dans sa Maison de la Liberté à Ebnat-Kappel SG.
Photo: Thomas Meier
Interview: Simon Marti, Lauriane Pipoz (adaptation)

A partir de lundi, les propriétaires devront vérifier les certificats de leurs hôtes. Toute l’industrie appliquera-t-elle cette mesure?
Esther Friedli: Oui. Nous, les aubergistes, serons tout simplement obligés de le faire. Ce n’est peut-être pas un problème pour les restaurants gastronomiques urbains, mais à la campagne, avec une clientèle régulière importante et un faible taux de vaccination, c’est un peu différent.

Comment vous préparez-vous à la mise en place de cette mesure?
Je suis assez inquiète pour la semaine prochaine. Parmi nos habitués, nous trouvons de nombreuses personnes âgées, parfois célibataires, dont beaucoup n’ont pas été vaccinées jusqu’à présent parce qu’elles ont peu de contacts sociaux. Pour eux, nous sommes presque une «famille» et un lieu de partage. C'est pourquoi nous allons remonter une tente sur la terrasse. Mais si le temps est mauvais, cela risque d’être inconfortable.

Vous êtes membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Gastrosuisse. A quel point pensez-vous que l’effort fourni pour les restaurants est important?
Gastrosuisse a déjà envoyé aux entreprises des concepts de protection adaptés. Ce n’est pas l’augmentation des efforts qui me préoccupe le plus, mais le fait qu’au lieu de se contenter d’accueillir et de recevoir des invités, nous devrons aussi jouer au gendarme. Notre personnel n’est pas formé pour cela! Je comprends les restaurants qui préféreraient fermer complètement.

Et avez-vous entendu parler de propriétaires qui refusent de se plier à ces contrôles?
Il y a encore beaucoup d’incertitudes. Le secteur ne comprend pas que nous, qui avons déjà fait beaucoup pour faire face à la pandémie au cours des 18 derniers mois, soyons à nouveau «punis».

Votre restaurant perd-il des clients?
Nous recevons des annulations presque quotidiennement. Les fêtes d’anniversaire et les célébrations annulées se dérouleront donc probablement en privé. La gravité de la situation dépendra de la durée de cette mesure. L’exigence d’un certificat divise la société et n’est pas bonne pour la cohésion.

Le couple d'hôtes Esther Friedli et Toni Brunner.
Photo: Nathalie Taiana

Votre parti n'alimente-t-il pas aussi cette division en traitant le conseiller fédéral Alain Berset de dictateur?
Depuis plus d’un an et demi, le Conseil fédéral dispose de compétences étendues et exclusives en raison du statut particulier de la loi sur les épidémies. Cette situation est intenable d’un point de vue démocratique. Or, il ne veut pas se dessaisir de ces compétences: le Parlement a difficilement son mot à dire. La Confédération a décidé de trier les gens en catégories sur la base de leur statut vaccinal et de déterminer leur admission dans certains lieux – il est allé trop loin cette fois. C’est contre ce dépassement des limites que l’UDC se bat.

Avec la prolongation de l’obligation de disposer d’un certificat, le vote sur la loi Covid aura plus de poids. Gastrosuisse va-t-il s’engager dans le camp du Non?
Nous en discuterons au Conseil d’administration. Je m’en souviens très bien: le certificat a été mis en place par le Parlement spécialement pour les voyages à l’étranger. À l’époque, un usage à domicile n’était même pas envisagé. A partir de lundi, il faudra un certificat pour entrer dans un restaurant, mais vous pourrez entrer en Suisse sans ce certificat. C’est difficile à comprendre.

Mais si davantage de personnes se font vacciner en raison de l’exigence du certificat, cela contribuera à vaincre enfin la pandémie!
L’État fait pression sur les centres de fitness, les restaurants et les musées, et cela me semble de mauvais goût. Les autorités devraient convaincre les gens que la vaccination est la bonne solution sur la base des faits. Apparemment, ils n’y parviennent pas assez bien.

L’UDC, qui compte dans ses rangs de nombreux vaccino-sceptiques, pourrait se rendre utile à cet égard. Votre parti ne s’est jamais positionné en faveur de la vaccination.
L’UDC se réjouit de chaque personne qui se fait vacciner. Mais nous maintenons aussi que dans un pays libre, la vaccination ne doit pas être obligatoire, chacun doit décider pour lui-même ce qu’il souhaite. Je suis vaccinée, comme beaucoup de mes collègues de l’UDC.

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