La situation s'annonce «tendue»
Le patron d'Axpo craint une pénurie d'électricité en Suisse cet hiver

Christoph Brand, CEO du groupe énergétique Axpo basé à Baden (AG), voit avec pessimisme la fin d'année. Manque de vent et de précipitations, problèmes persistants dans les centrales nucléaires françaises: la Suisse est menacée d'une pénurie d'électricité cet hiver.
Publié: 24.06.2022 à 06:19 heures
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Dernière mise à jour: 24.06.2022 à 06:53 heures
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Le patron d'Axpo, Christoph Brand, est inquiet pour l'avenir.
Photo: Philippe Rossier
Pascal Tischhauser

Le CEO d’Axpo, le plus grand groupe énergétique suisse, est inquiet. D’après lui, la Russie a réduit de 60% ses livraisons de gaz à l’Europe depuis lundi. «En fonction de la durée de cette situation, cela aggravera les problèmes que nous avons déjà actuellement en Europe avec le manque d’énergie», conjecture avec pessimisme Christoph Brand.

Comme le prévient déjà l’autorité de régulation de l’électricité Elcom, une pénurie d’électricité pourrait frapper la Suisse dès cet hiver.

Une centrale nucléaire sur deux seulement en activité

Dans un entretien télévisé avec Christian Dorer, rédacteur en chef du groupe Blick, Christoph Brand a expliqué que la situation est plus grave qu’il ne l’estimait il y a encore quelques mois, lorsque la Russie n’avait pas encore attaqué l’Ukraine.

Le fait que la moitié du parc nucléaire français soit actuellement hors service complique encore la situation. C’est justement en hiver que la Suisse importe normalement de l’électricité nucléaire française. «Si cela se prolonge jusqu’à l’hiver, ce que nous devons supposer, il manquera à nouveau quelque chose», conjecture Christoph Brand. Pour ce dernier, la situation est plutôt délicate et inconfortable.

Le patron d’Axpo craint qu’un rationnement de l’électricité ne soit un jour nécessaire si la Suisse ne développe pas plus rapidement et à plus grande échelle les énergies renouvelables. «Mais personne ne peut dire quelles seraient l’ampleur et la probabilité» que la Suisse manque d’électricité l’hiver prochain. Cela dépendrait essentiellement de la météo.

«Il n’y a aucune garantie»

En 2021, il y a eu trop peu de vent en Europe, ce qui a fait grimper le prix de l’électricité. Jusqu’à maintenant, il y a également eu trop peu de précipitations, c’est pourquoi les lacs d’accumulation suisses ne sont pas suffisamment remplis. Le vent reste également un problème. À cela s’ajoute le manque d’électricité en provenance de France. Avec tous ces facteurs combinés, et si la pénurie de gaz se poursuit, nous pourrions aboutir à «une situation tendue».

«Nous n’avons donc aucune garantie qu’il y aura assez d’électricité», résume Christian Dorer. Christoph Brand abonde dans ce sens: c’est un constat important à faire. Le président de l’Elcom, Werner Luginbühl, partage également ce point de vue. La résilience, c’est-à-dire la capacité de résistance de notre approvisionnement en électricité, s’est fortement dégradée au cours des douze derniers mois...


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