La Poste poursuit comme prévu la réduction de son réseau de filiales propres. Elle est toujours à la recherche de partenaires pour les 170 bureaux dont elle n'entend pas poursuivre l'exploitation elle-même. Plus d'une septantaine se trouvent en Suisse romande.
La Poste a commencé en juillet à contacter les cantons et les communes concernées par les adaptations de l'offre, ont indiqué ses dirigeants mardi devant la presse à Berne. Il n'est pas question de prendre des décisions sans consulter les services concernés.
C'est pourtant ce que lui reproche Syndicom. Dans un communiqué, le syndicat exige que La Poste maintienne le réseau actuel de 770 filiales et appelle tous les acteurs politiques à s'opposer activement aux plans de démantèlement. Un accès complet et sans restriction au service postal de base doit être maintenu, ajoute-t-il.
«L'inaction n'est pas une option»
Pour le patron du géant jaune, Roberto Cirillo, toutefois, «l'inaction n'est pas une option». Et on ne peut pas attendre, a renchéri le responsable du réseau postal et directeur général suppléant, Thomas Baur.
Alors que Syndicom demande des garanties qu'il n'y aura pas de licenciement, M. Baur affirme qu'aucun emploi ne sera supprimé. Au contraire, La Poste cherchera à l'avenir de nouveaux employés pour rester innovante et se développer. «Nous investissons là où la clientèle a besoin de nous et où nous proposons l'utilité la plus grande», a-t-il déclaré.
Le géant jaune entend à l'avenir maintenir 2000 sites à travers le pays, dont 600 en exploitation propre - contre 770 aujourd'hui - et 1400 filiales en partenariat.
La Suisse romande durement touchée
Dans la foulée, La Poste a publié la liste des filiales «potentiellement concernées par la transformation». Plus d'une septantaine sont situées en Suisse romande. On en compte 19 dans le canton de Vaud, 14 en Valais, 11 à Neuchâtel, 9 à Fribourg, 8 dans le Jura, 5 à Genève et 7 dans le Jura bernois et en ville de Bienne. En nombre absolu, les cantons les plus touchés sont Berne (25) et le Tessin (20).
L'entreprise prévoit d'investir 100 millions de francs d'ici 2028 dans les 600 filiales qu'elle exploitera, afin de les moderniser, a annoncé M. Cirillo. Elle finance ces investissements par ses propres moyens, «sans demander un seul centime provenant des impôts», mais a besoin pour cela de la marge de manoeuvre entrepreneuriale nécessaire.
Pour La Poste, ce processus est inévitable. Thomas Baur l'a expliqué notamment par la baisse constante de la fréquentation des filiales par les clients et la diminution des opérations au guichet. Le géant jaune entend également poursuivre les services à domicile, pour atteindre les clients et remplir sa mission de service public.
Menace pour «de nombreuses régions»
Le Parti socialiste exprime pour sa part son inquiétude face au «démantèlement» en cours. En raison d'"erreurs de gestion», «de nombreuses régions risquent de ne plus être desservies correctement», déplore le parti dans un communiqué. Il s'inquiète en particulier du transfert des activités dévolues à La Poste dans des secteurs à bas salaires
Le PS soupçonne la direction de l'entreprise et le conseiller fédéral UDC Albert Rösti de chercher à affaiblir le service postal universel dès l'année prochaine. «Par une modification d'ordonnance, le Conseil fédéral supprime l'obligation de distribution des lettres et des colis pour des dizaines de milliers de ménages», accuse le sénateur neuchâtelois Baptiste Hurni, vice-président du PS.