L'Armée suisse a besoin d'argent, et vite. C'est du moins ce qu'affirme le chef de l'armée Thomas Süssli – et c'est aussi l'avis de la plupart des responsables de la politique de sécurité. Mais comme la Confédération manque d'argent, l'armée doit prendre son mal en patience. A moins que?
Le conseiller aux Etats UDC bernois Werner Salzmann a une idée pour que l'armée remplisse rapidement son porte-monnaie. Dans une intervention qu'il vient de déposer, il demande au Conseil fédéral d'examiner l'introduction d'un emprunt de défense nationale.
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Un succès total en 1936
Werner Salzmann s'est inspiré du passé et les parallèles avec aujourd'hui sont frappants: en 1936, face à la menace de guerre qui se profilait en Europe et au réarmement massif en Allemagne, le Parlement fédéral a décidé de lancer un programme d'armement extraordinaire, coûtant 235 millions de francs.
Pour le financer, le Conseil fédéral n'a pas puisé dans les caisses de l'Etat, mais a émis un emprunt de défense: un titre avec lequel le citoyen pouvait investir dans l'armée. L'intérêt s'élevait à 3%. C'était certes un peu moins qu'un emprunt d'Etat classique, mais la valeur unitaire était faible. Cela signifie que l'on pouvait investir dans l'armée même avec peu d'argent.
L'emprunt militaire avait été présenté à la population par une grande campagne publicitaire. Avec un succès retentissant: au lieu des 235 millions de francs nécessaires, 335 millions ont été récoltés – et ce en à peine plus de trois semaines.
Un bon investissement
Mais ce n'était pas seulement un «sacrifice patriotique» des citoyens pour l'armée. Par un hasard historique, l'emprunt pour la défense nationale est devenu un placement intéressant! En effet, pendant la période de souscription à l'automne 1936, le franc a été massivement dévalué, ce qui a augmenté la valeur de l'emprunt. Ceux qui ont prêté de l'argent à l'armée en ont donc bien profité.
Pour Werner Salzmann, l'objectif n'est pas tant une possibilité de placement attrayante mais plutôt des «solutions de financement alternatives dans l'intérêt de la sécurité de notre pays». Mais il devrait y avoir un petit bénéfice si l'on aide à éliminer le «manque de liquidités» de l'armée.