La politique retarde son application
Economiesuisse veut un contrôle strict de la loi sur l'électricité

La politique actuelle ne permet pas d'atteindre les objectifs de développement des énergies renouvelables, estime l'association faîtière de l'économie. Elle demande au Conseil fédéral un contrôle strict de l'application de la loi sur l'électricité.
Publié: 04.08.2024 à 14:42 heures
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Des éoliennes près du lac de Griesse en Valais: si la Suisse veut atteindre ses objectifs, de nombreuses autres éoliennes devront suivre.
Photo: Keystone
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Lino Schaeren

Le verdict a été clair: le 9 juin, la Suisse a accepté la nouvelle loi sur l'électricité avec près de 70% de voix favorables. Celle-ci doit permettre de développer davantage d'énergies renouvelables. Les objectifs sont ambitieux: d'ici 2035, 35 terawatt-heure d'électricité devront être produits à partir de sources renouvelables, sans compter l'énergie hydraulique. Fin 2023, ce chiffre n'était que de 6,8 TWh.

Pour atteindre l'objectif d'extension, la Suisse devrait donc développer chaque année 2,4 TWh d'électricité renouvelable grâce à l'énergie solaire et éolienne, ce qui correspond à peu près à la puissance de la plus grande centrale hydroélectrique suisse, la Grande Dixence. A titre de comparaison, seuls quelque 0,8 TWh d'électricité renouvelable supplémentaire ont été produits en 2023. «Nous partons déjà avec un retard considérable», avertit donc Alexander Keberle, responsable Environnement, énergie et infrastructures chez Economiesuisse.

«Les politiques ont le sentiment que le travail est fait»

Il doute que les choses puissent changer aussi rapidement. «Malheureusement, nous constatons une lassitude énergétique dans le monde politique: la loi sur l'électricité donne le sentiment que le travail est terminé. Alors qu'il ne fait que commencer avec la mise en œuvre», explique Alexander Keberle. L'organisation faîtière de l'économie exige donc du Conseil fédéral un contrôle strict de la mise en œuvre de la loi sur l'électricité. Economiesuisse appelle un tel contrôle «l'indice Grande Dixence».

S'il s'avère que les objectifs fixés dans la loi ne sont pas atteints, le monde politique devrait prendre d'autres mesures. Selon Economiesuisse, le monitoring ne devrait pas seulement tenir compte de l'augmentation effective de la production, mais aussi des grands projets en cours de réalisation, afin de pouvoir faire des prévisions pour les cinq à dix prochaines années.

En exigeant un contrôle transparent, l'organisation faîtière de l'économie assume, selon Alexander Keberle, «le rôle fastidieux de maintenir le sujet dans les esprits, car nos entreprises sont fortement concernées – les défenseurs des consommateurs devraient faire de même pour les ménages».

Les prix de l'électricité vont-ils prendre l’ascenseur?

Pour que les choses avancent, il faudrait enfin que les obstacles tombent en politique, demande Alexander Keberle. Il ne cible aucun groupe particulier, mais l'ensemble: le camp bourgeois devraient soutenir l'accord énergétique avec l'UE, le centre politique devrait reconsidérer les interdictions technologiques – notamment l'énergie nucléaire – et la gauche verte devrait cesser de freiner les énergies renouvelables qu'elle souhaite pourtant développer.

Economiesuisse s'inquiète moins à long terme d'une situation de pénurie, voire d'un black-out, que des prix de l'énergie pour les entreprises et les ménages. «Si nous n'allons pas de l'avant, nous nous inquièterons peut-être en 2050 des prix de l'électricité comme nous le faisons aujourd'hui des primes d'assurance maladie», craint Alexander Keberle.

Le fait que l'organisation faîtière de l'économie veuille préparer le terrain pour d'éventuelles autres mesures dans le domaine de l'énergie par le biais d'un monitoring n'est pas nouveau: au lendemain de l'adoption de la nouvelle loi sur l'électricité, Economiesuisse avait déjà exigé, avec les forces bourgeoises, que l'on revienne sur l'abandon de l'énergie nucléaire – la loi sur l'électricité n'étant que le premier pas important vers l'avenir de la politique énergétique.

La Confédération ne veut pas d'un monitoring séparé

Alexander Keberle concède en effet que l'exigence d'un «indice Grande Dixence» est volontairement ouvert à la technologie. «Si nous atteignons les objectifs avec l'énergie éolienne et solaire, tant mieux. Mais on craint actuellement que le retard ne fasse que de se creuser.»

Au Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (Detec), on renvoie sur demande au monitoring déjà existant sur la stratégie énergétique 2050. Les dispositions supplémentaires issues de la loi sur l'électricité y seraient intégrées après son entrée en vigueur. Le monitoring prévoit un contrôle périodique de l'efficacité des mesures par l'Office fédéral de l'énergie. Le Conseil fédéral présente en outre un rapport au Parlement tous les cinq ans.

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