Les transports publics font marche arrière. Alors que la lutte contre le réchauffement climatique voudrait que de plus en plus de pendulaires prennent le bus et le train, la proportion d'usagers diminue en Suisse. La cause n'étonnera pas grand monde: leur coût est trop élevé.
C'est en tout cas l'avis de Monsieur Prix, Stefan Meierhans. Son équipe a analysé les coûts d'exploitation réels des transports publics et toutes les dispositions légales en vigueur, des ordonnances à la Constitution en passant par les lois.
La moitié des usagers suffisent à rentabiliser les coûts!
Résultat des courses: si les cars postaux, les trams et les chemins de fer étaient globalement remplis à moitié, les usagers supporteraient à peu près eux-mêmes l'ensemble des coûts d'exploitation des transports publics grâce à leurs billets et leurs abonnements.
La Constitution fédérale exige certes que les prix des transports publics soient fixés de manière raisonnable. Encore faut-il savoir ce que terme signifie. Car jusqu'à présent, cela n'a été défini nulle part. Le Surveillant des prix l'a donc fait lui-même: «Si 50% de l'utilisation des transports couvre 100% des coûts d'exploitation, le prix du billet est approprié», estime-t-il. Cela semble peu significatif, mais par «approprié», Stefan Meierhans pose des jalons décisifs!
En effet, si l'on regarde de près les calculs de Monsieur prix, les passagers ont déjà trop payé en 2021 et 2022, années auxquelles se réfèrent les chiffres. Avec un taux d'occupation de 50%, ils ont couvert 104% des coûts d'exploitation. Ce n'est que parce que les transports publics doivent supporter le renchérissement et la hausse des coûts de l'énergie que le Surveillant des prix a autorisé les CFF et consorts à augmenter leurs prix pour décembre prochain.
«La partie est finie»
«Mais maintenant, la partie est finie. Je ne vois pas de raisons plausibles pour de nouvelles augmentations de prix dans les transports publics. Il faudrait que les prix de l'énergie ou d'autres coûts compréhensibles explosent pour que l'on puisse envisager d'autres augmentations», tranche Stefan Meierhans.
Voilà une position claire qui ne devrait pas convenir à Vincent Ducrot, le chef des CFF. Contrairement à son prédécesseur au cours de ses dernières années, celui-ci mise sur des augmentations de prix.
Cela n'est pas dénué de logique: Vincent Ducrot a été directeur général des Transports publics fribourgeois. Il est ainsi ancré dans la pensée des communautés de transport régionales qui, pour la plupart, insistent pour que le prix de l'AG soit plus élevé, afin de pouvoir ensuite augmenter les prix de leurs abonnements régionaux.
Des bâtons dans les roues
Quoi qu'il en soit, le secteur des transports publics critique durement la position de Stefan Meierhans: «Ce n'est pas la tâche du Surveillant des prix de déterminer si les prix sont adéquats, déclare à Blick un haut représentant de la branche. C'est à la politique, donc au Parlement, de le décider.»
Seulement voilà, de nombreux représentants du secteur des transports publics siègent au Parlement. Reste à voir comment le Conseil national et le Conseil des Etats se positionneront sur la structure des coûts des transports publics. D'ici là, Monsieur prix a créé, avec sa définition de l'«adéquation», les conditions pour mettre des bâtons dans les roues des projets d'augmentations de prix des transports publics. Et bim!