L'école se libéralise-t-elle à Genève? Pour la première fois en vingt ans, le Département de l'instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP) de Genève est repassé aux mains de la droite. Sous l'égide de la nouvelle ministre libérale-radicale (PLR) Anne Hiltpold, élue au printemps 2023.
En poste depuis moins d'un an, la femme de droite n'a pas froid aux yeux: elle veut amorcer toute une réforme du système de l'enseignement. L'ex-conseillère administrative de Carouge (GE) a dévoilé sa «Feuille de route» mi-février, et quasi tous les échelons de l'instruction publique y passent. Et ce n'est pas du goût de tout le monde: deux périodes d'enseignement supplémentaires voulues au cycle d'orientation, par exemple, ont été accueillies par les profs avec... une grève et des manifs, au mois de février.
La «Feuille de route» d’Anne Hiltpold, dévoilée mi-février, met en avant pas moins de dix-sept mesures à implémenter d’ici à 2028. Révélateurs de sa vision de l’éducation et de la jeunesse, voici une sélection des plus grands changements qui risquent d’advenir ces prochaines années.
- Faciliter l'entrée à l'école des jeunes enfants:
C'est-à-dire «réorganiser la structure des premières années de scolarité, en particulier grâce au projet de co-intervention dans toutes les classes de 1P et 2P, afin de permettre à tous les enfants de bénéficier d’un accompagnement renforcé en début de scolarité», d'après la brochure de présentation du Département. Il est précisé que la formation des enseignants sera adaptée en fonction. - L'horaire continu à l'école primaire:
C'est un peu la mesure phare du programme d'Anne Hiltpold (et peut-être la mieux accueillie). Ayant pour but de faciliter la vie des parents qui travaillent, cette dernière vise à instaurer un «horaire continu, qui consiste en un temps d’enseignement concentré sur le matin et le début de l’après-midi.» Ce nouvel horaire «permettra aux enfants de réaliser davantage d’activités sportives, culturelles et artistiques dans l’après-midi, ainsi que de faire leurs devoirs», tout en déchargeant les parents. - Réforme du cycle d’orientation:
D'après la nouvelle magistrate, «le Cycle d'orientation» peine aujourd'hui à «remplir sa mission d'orientation», car «de trop nombreux élèves n'atteignent pas le seuil des attentes fondamentales à l'issue de leur scolarité obligatoire». À rappeler que la réforme CO22 avait été refusée par le peuple en 2022.
Mais Anne Hiltpold compte remettre le couvert. Concrètement, cela signifie que «un important travail de repérage et d'accompagnement des élèves à fort risque de décrochage sera conduit, et ce, dès l'école primaire. Les liens du Cycle d'orientation avec le primaire, mais aussi avec l'enseignement en secondaire II (ES II), seront renforcés pour améliorer le suivi des jeunes en situation de vulnérabilité. Dans le même temps, des dispositifs de remobilisation scolaire devront être repensés. Le niveau d'exigences élevé sera garanti pour toutes et tous (...). Tout le travail sur l'orientation, l'analyse du risque de décrochage, mais aussi le pronostic de réussite des jeunes sera remanié, en partenariat avec les milieux professionnels et les spécialistes métiers de l'ES II, pour ouvrir des perspectives accessibles à l'ensemble des élèves.» - Faire «évoluer l’offre» du secondaire II:
Dans la lancée de la réforme du cycle d'orientation, la ministre veut aussi repenser le collège, un peu trop fréquenté à son goût, par rapport aux filières plus professionnalisantes: «trop de jeunes passent d'abord par le collège, puis l'ECG, avant d'entrer en apprentissage. Trop entrent en HES après une année supplémentaire de passerelle parce qu'ils ont une maturité gymnasiale alors qu'une maturité professionnelle leur aurait donné droit à un accès direct. Trop suivent une formation professionnelle en école alors qu'ils auraient voulu le faire en entreprise», commence-t-elle par esquisser dans son programme.
La solution? «L'ES II améliorera ses outils d'information et de communication (...) en ce qui concerne l'offre de formation, les types de parcours possibles pour atteindre un objectif professionnel, les passerelles ou encore l'offre préqualifiante. Il s'agira à la fois d'améliorer la motivation des jeunes grâce à des cheminements plus fluides et raccourcis, et de proposer des modèles d'orientation fondés sur le pronostic de réussite de chacune et chacun.» En bref, et pour vulgariser, il s'agira simplement de davantage tirer les élèves avant de leur donner accès au collège. - Faciliter l'entrée en maturité professionnelle:
Là encore, il s'agit de toute évidence de désengorger les collèges: «le nombre de places en maturité professionnelle est actuellement limité. Dans un souci de cohérence lié à la valorisation des formations professionnelles et des perspectives qu'elles offrent, le département veut augmenter le nombre de places disponibles dans toutes les filières professionnelles pour permettre à davantage de jeunes de poursuivre dans la voie matu pro et d'accéder ensuite aux différentes HES.» - Soutenir la formation duale et augmenter l'offre de places d'apprentissage en entreprise:
C'est un peu le grand combat de la nouvelle magistrate: moins de futurs universitaires, plus d'apprentis. «Dans un souci de cohérence lié à la valorisation des formations professionnelles et des perspectives qu'elles offrent, le département veut augmenter le nombre de places disponibles dans toutes les filières professionnelles pour permettre à davantage de jeunes de poursuivre dans la voie matu pro et d'accéder ensuite aux différentes HES.»
Plus concrètement, «de nouvelles approches, comme les formations duales mixtes (du type formation en école exclusivement au début puis en dual ensuite), les réseaux d'entreprises ou de nouvelles modalités d'entrée en formation professionnelle seront proposées.»
La «Feuille de route» d’Anne Hiltpold, dévoilée mi-février, met en avant pas moins de dix-sept mesures à implémenter d’ici à 2028. Révélateurs de sa vision de l’éducation et de la jeunesse, voici une sélection des plus grands changements qui risquent d’advenir ces prochaines années.
- Faciliter l'entrée à l'école des jeunes enfants:
C'est-à-dire «réorganiser la structure des premières années de scolarité, en particulier grâce au projet de co-intervention dans toutes les classes de 1P et 2P, afin de permettre à tous les enfants de bénéficier d’un accompagnement renforcé en début de scolarité», d'après la brochure de présentation du Département. Il est précisé que la formation des enseignants sera adaptée en fonction. - L'horaire continu à l'école primaire:
C'est un peu la mesure phare du programme d'Anne Hiltpold (et peut-être la mieux accueillie). Ayant pour but de faciliter la vie des parents qui travaillent, cette dernière vise à instaurer un «horaire continu, qui consiste en un temps d’enseignement concentré sur le matin et le début de l’après-midi.» Ce nouvel horaire «permettra aux enfants de réaliser davantage d’activités sportives, culturelles et artistiques dans l’après-midi, ainsi que de faire leurs devoirs», tout en déchargeant les parents. - Réforme du cycle d’orientation:
D'après la nouvelle magistrate, «le Cycle d'orientation» peine aujourd'hui à «remplir sa mission d'orientation», car «de trop nombreux élèves n'atteignent pas le seuil des attentes fondamentales à l'issue de leur scolarité obligatoire». À rappeler que la réforme CO22 avait été refusée par le peuple en 2022.
Mais Anne Hiltpold compte remettre le couvert. Concrètement, cela signifie que «un important travail de repérage et d'accompagnement des élèves à fort risque de décrochage sera conduit, et ce, dès l'école primaire. Les liens du Cycle d'orientation avec le primaire, mais aussi avec l'enseignement en secondaire II (ES II), seront renforcés pour améliorer le suivi des jeunes en situation de vulnérabilité. Dans le même temps, des dispositifs de remobilisation scolaire devront être repensés. Le niveau d'exigences élevé sera garanti pour toutes et tous (...). Tout le travail sur l'orientation, l'analyse du risque de décrochage, mais aussi le pronostic de réussite des jeunes sera remanié, en partenariat avec les milieux professionnels et les spécialistes métiers de l'ES II, pour ouvrir des perspectives accessibles à l'ensemble des élèves.» - Faire «évoluer l’offre» du secondaire II:
Dans la lancée de la réforme du cycle d'orientation, la ministre veut aussi repenser le collège, un peu trop fréquenté à son goût, par rapport aux filières plus professionnalisantes: «trop de jeunes passent d'abord par le collège, puis l'ECG, avant d'entrer en apprentissage. Trop entrent en HES après une année supplémentaire de passerelle parce qu'ils ont une maturité gymnasiale alors qu'une maturité professionnelle leur aurait donné droit à un accès direct. Trop suivent une formation professionnelle en école alors qu'ils auraient voulu le faire en entreprise», commence-t-elle par esquisser dans son programme.
La solution? «L'ES II améliorera ses outils d'information et de communication (...) en ce qui concerne l'offre de formation, les types de parcours possibles pour atteindre un objectif professionnel, les passerelles ou encore l'offre préqualifiante. Il s'agira à la fois d'améliorer la motivation des jeunes grâce à des cheminements plus fluides et raccourcis, et de proposer des modèles d'orientation fondés sur le pronostic de réussite de chacune et chacun.» En bref, et pour vulgariser, il s'agira simplement de davantage tirer les élèves avant de leur donner accès au collège. - Faciliter l'entrée en maturité professionnelle:
Là encore, il s'agit de toute évidence de désengorger les collèges: «le nombre de places en maturité professionnelle est actuellement limité. Dans un souci de cohérence lié à la valorisation des formations professionnelles et des perspectives qu'elles offrent, le département veut augmenter le nombre de places disponibles dans toutes les filières professionnelles pour permettre à davantage de jeunes de poursuivre dans la voie matu pro et d'accéder ensuite aux différentes HES.» - Soutenir la formation duale et augmenter l'offre de places d'apprentissage en entreprise:
C'est un peu le grand combat de la nouvelle magistrate: moins de futurs universitaires, plus d'apprentis. «Dans un souci de cohérence lié à la valorisation des formations professionnelles et des perspectives qu'elles offrent, le département veut augmenter le nombre de places disponibles dans toutes les filières professionnelles pour permettre à davantage de jeunes de poursuivre dans la voie matu pro et d'accéder ensuite aux différentes HES.»
Plus concrètement, «de nouvelles approches, comme les formations duales mixtes (du type formation en école exclusivement au début puis en dual ensuite), les réseaux d'entreprises ou de nouvelles modalités d'entrée en formation professionnelle seront proposées.»
Dans ce contexte un peu tendu, Blick a voulu s'entretenir avec la politicienne du département «le plus exposé du Conseil d'État», comme on l'appelle parfois dans les couloirs de l'Hôtel-de-Ville du bout du Léman. Quel genre d'école va-t-elle défendre, en réalité? Quelle vision de l'éducation la guide, et comment compte-t-elle gérer ses fonctionnaires, qui semblent déjà la désavouer, moins d'un an après son arrivée en poste. Interview.
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Anne Hiltpold, est-ce que vous pensez que les profs sont un petit peu fainéants et déconnectés de la réalité?
Non, pas du tout. Ce ne sont pas du tout des fainéants. Je pense qu'il y a beaucoup d'enseignants — la grande majorité, même — qui sont très engagés. C’est vraiment une vocation. Et un métier difficile. Je ne dirais pas non plus qu’ils sont déconnectés de la réalité.
Alors pourquoi ont-ils fait un tel grabuge dans les rues pour deux malheureuses périodes d’enseignement en plus, que vous souhaitez introduire au cycle d’orientation?
Il faudrait poser cette question aux enseignants du cycle. En voulant mettre en place ces deux périodes d’enseignement supplémentaires, je prends en considération le fait que, lorsqu’on est enseignant, on donne des cours pendant 38,5 semaines, et pour les treize semaines et demie qui restent, on s’organise librement. Cela ne rajouterait donc pas d’heures de travail supplémentaires, en réalité (ndlr: puisque ces deux périodes seraient transférées du temps de travail libre au temps en classe).
A votre arrivée à la tête du Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP), vous avez vite donné le ton de votre législature: en plus de ces deux périodes, il y a la réforme des trois ans de formation pour les profs au primaire au lieu de quatre… Bref, un tour de vis pour ces fonctionnaires. Sans surprises, vous ne vous êtes pas faite que des amis dans la profession.
Je tiens à préciser que le moment de mon arrivée au Département correspond, à quelques mois près, au moment où les objets liés à ce dernier sont traités au Grand Conseil. Certains de ces textes datent de plus de deux législatures (ndlr: dix années) et ont donc été discutés avant mon arrivée. Et puis, il y a le changement de majorité au Parlement (ndlr: qui a viré à droite à la suite des élections au printemps dernier). Cela bouscule beaucoup de choses, et il y a aussi des malentendus: pour la réforme de la durée de formation à l’enseignement primaire par exemple, il n’est pas question de remettre en question les conditions de travail des fonctionnaires.
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Pourquoi souhaitez-vous raccourcir cette formation?
La part d’étudiants allant se former dans le canton de Vaud, où ce cursus dure trois ans, comme dans toute la Suisse et où il n’y a pas de concours d’entrée après la première année, a beaucoup augmenté ces dernières années. Ils étaient au nombre de sept en 2013, et de 68 en 2023! Tous reviennent ensuite travailler à Genève. J'ai soutenu ce projet de loi tout simplement pour que les jeunes puissent rester étudier à Genève. Je n’ai aucune intention de baisser les salaires par la suite.
Ce sont surtout les deux périodes en plus, qui ont provoqué une grève, début février. Soulèvement que vous avez stoppé en proposant des négociations, qui sont toujours en cours. Imaginez-vous céder, sur ce dossier, pour apaiser le climat avec vos fonctionnaires?
Non. J’ai fixé un calendrier des négociations, qui dureront jusqu’à cet été, pour négocier la mise en œuvre de cette mesure qui devrait entrer en vigueur en 2027 (ndlr: et donc pas la mesure en soi). Il faut rappeler que, dans le cadre de cette mesure, je m’oppose à mon propre parti, qui avait déposé un projet de loi pour six périodes d’enseignement supplémentaires, et pas deux, il y a quelques années déjà (ndlr: le texte arrive au Parlement aujourd’hui seulement). Pour moi, la grève qui a eu lieu est en grande partie due à ce projet de loi, qui n’était pas de mon ressort.
Donc vous n'y êtes pour rien?
Je défends deux périodes de plus, et pas six. Et cela s’inscrit d’ailleurs dans la réforme du cycle d’orientation que je souhaite amorcer. Au final, pour ces périodes supplémentaires, c’est le Grand Conseil qui en décidera, a priori dans une dizaine de jours.
Une réforme du cycle a déjà échoué en votation populaire l’année dernière…
Effectivement, mais s'il y a une chose sur laquelle tout le monde s'accorde, c'est sur le besoin de le réformer. Aujourd'hui, le cycle d'orientation genevois n'oriente plus, et nous devons changer cela! Nous devons faire en sorte de réduire le décrochage scolaire, nous assurer que les jeunes qui sortent du cycle d'orientation soient mieux formés.
C'est-à-dire?
Trop d’élèves finissent ce cursus sans avoir un niveau de base satisfaisant. Le cycle d'orientation doit mieux orienter: la moitié des jeunes qui en sortent vont ensuite au collège. Parmi cette moitié, un tiers rate sa première année de collège et doit changer de voie. Il y a beaucoup de mouvements entre les filières (ECG, collège, formation professionnelle), au niveau de l'enseignement secondaire II, les élèves changent parfois plusieurs fois de parcours et tout cela rallonge la durée des formations. Il y a donc vraiment un enjeu, actuellement, quant au fait de mieux orienter dès le cycle.
En parlant de changements, votre département a changé de bord politique, en même temps que de magistrate, après avoir passé vingt ans aux mains des socialistes (PS). Est-ce une vraie rupture, ou allez-vous vous inscrire dans la continuité de votre prédécesseure Anne Emery-Torracinta d’une manière ou d’une autre?
Lorsqu’on arrive à la tête d’un Département, on n’est pas là pour casser ce qu’a construit le prédécesseur. Il y a des choses qui sont bien, et qu’il faut garder, et d’autres moins bien qu’il faut améliorer — indépendamment de la couleur politique. J'ai d'ailleurs fondé ma feuille de route sur des constats, des rapports, ou en effet une vision qui peut être différente. Je compte par exemple fermement poursuivre la lutte contre le harcèlement scolaire amorcée par Madame Emery-Torracinta. Mais, quoi qu’il en soit, l’école ne doit pas être politique.
Tout est politique, et vous êtes une libérale-radicale. N’y a-t-il pas tout de même deux visions différentes de l’école, entre la gauche et la droite?
De nouveau, je ne pense pas qu'on puisse dire qu'il y a une école de gauche et une école de droite. Il y a une magistrate en charge d’un Département, qui est de gauche ou de droite, certes, avec des visions probablement différentes sur certains éléments.
Donc il y a tout de même des points sur lesquels les deux camps divergent, en matière d’école.
Si nous sommes tous d’accord qu’il faut que tous les élèves progressent, il y a une différence d’approche. La mission de l'école est de former tous les élèves, mais on s'est peu adressé, ces dernières années, à ceux pour qui ça se passe bien. Je veux aussi penser à eux. L'école doit soutenir et accompagner les élèves plus fragiles, mais on ne doit pas transiger sur le niveau. Pour moi, ce n’est pas le niveau de l’école qui doit s’adapter aux élèves, mais les élèves qui doivent, au minimum, atteindre un certain niveau. Pour cela, il faut croire en eux, se montrer parfois exigeant et surtout redonner l'envie aux jeunes d'apprendre!
Quelles sont les quelques mesures que vous promettez absolument de mettre en œuvre, au cours de votre législature (on vous attendra au tournant!)?
L'horaire continu à l'école primaire. C'est un très gros projet sur lequel je me suis beaucoup exprimée déjà pendant la campagne. Un changement fondamental, qui a trait à tout ce qu’il y a autour de l’école, aux activités qu’on propose, à la gestion des devoirs.
Parce qu'il y a une demande à ce niveau?
Cela a aussi pour but de soulager la vie des parents, en leur permettant de mieux concilier leur vie privée et professionnelle. Je suis persuadée qu'il y a une attente des familles à ce sujet. L'horaire scolaire n'a pas changé depuis des dizaines années, il n'est plus en adéquation avec la société. Il est en place dans une seule école aux Eaux-Vives et je souhaite m'en inspirer. Et puis, comme je l’ai dit, je souhaite repenser le cycle d’orientation pour mieux valoriser toutes les filières dont nous disposons afin de permettre aux jeunes de trouver leur voie sans subir des échecs inutiles.
Lors de la grève des enseignants, en février, on a aperçu dans les manifestations des panneaux satiriques qui vous visaient personnellement, du style: « Âne Hiltpold», avec un dessin d’âne paré d’un bonnet de cancre. C’est la première fois de votre vie, que vous vous retrouvez ainsi épinglée sur la place publique?
Oui, vous savez, je n’avais déjà pas l’habitude qu’on parle de moi sans dire mon prénom, avant de devenir ministre. Ça fait bizarre, de se faire appeler juste «Hiltpold» — à l’image des autres conseillers d’État. Mais, en prenant cette fonction, je savais que c’était un Département très exposé. Ça fait partie du jeu.
Donc ça ne vous touche pas vraiment?
C’est vrai que, de nos jours, tout est devenu plus intense. Les critiques aussi. Que ce soit sur internet ou dans la rue. Sur le web, j’évite de lire les commentaires, mais je déplore surtout ceux qui sont anonymes (ndlr: sous les articles de presse qui la mentionnent, par exemple). Lorsqu'on a mes responsabilités, on doit accepter la critique, mais des critiques formulées à visage découvert. Les gens doivent assumer leurs propos.
Ce qui n'est, en général, pas vraiment le cas sur le web.
Et, aussi, ce qui me pose vraiment problème, finalement, c’est lorsqu’on propage de fausses informations à mon égard: j’ai déjà entendu, par exemple, que les syndicats avaient demandé à me voir et que j’avais refusé de m’entretenir avec eux à de nombreuses reprises, ce qui est complètement faux! Et c’est très compliqué de venir rectifier le tir par la suite.
Pour finir sur une note plus légère, dites-moi, quel genre d’élève étiez-vous?
En primaire, j’avais beaucoup de facilité et j’adorais tous mes profs. Au cycle, je n’avais plus le même plaisir, il faut avouer: je pensais surtout aux amis et aux sorties. Mais j’ai, à cette période, tout de même eu un enseignant qui a beaucoup compté. Je me souviendrai toute ma vie du voyage qu’il avait organisé en Allemagne. Il nous avait emmenés visiter le camp de Dachau, ce genre d'expérience vous marque pour la vie. Puis, j’ai fait ma maturité à l’école de commerce (ndlr: qui donnait, à l’époque, accès à l’Université à l’exception des facultés de Médecine et de Théologie…).
Que détestiez-vous le plus, à l’école, de manière générale?
La gymnastique, lorsque j’étais au cycle. Surtout parce que j’avais une prof que je n’aimais pas, qui était un peu dure — et je n’étais pas la seule (rires).