Juridiquement, l’affaire est close depuis longtemps. Mais la tentative de chantage qu’a subie le conseiller fédéral Alain Berset de la part de son ancienne maîtresse, et les dessous de cette affaire, continuent de faire la une des journaux.
Après la «Weltwoche», la «NZZ am Sonntag» reprend le flambeau. Il y est reproché au ministre de l’Intérieur d’avoir utilisé de manière abusive la limousine du Conseil fédéral en 2012. À savoir: rentrer à Berne après un week-end privé en Forêt-Noire avec la femme qui a ensuite tenté de le faire chanter. Or, le dimanche en question était une journée de votations. Concerné par un objet autour du tabagisme passif, le ministre de la Santé était attendu à Berne pour une conférence de presse.
Ce voyage privé était-il légal?
Le journal alémanique aurait reçu des informations détaillées sur l’arrivée et le départ du conseiller fédéral ainsi que sur son séjour en Allemagne. Selon le rapport, Berset et sa maîtresse – surnommée Scarlett Gehri par la presse alémanique – ont voyagé en train. Pour le retour, le conseiller fédéral a commandé une voiture de fonction. Et pas des moindres; l’amante a eu droit à la limousine.
Dans une interview accordée à la «NZZ am Sonntag», un ancien porte-parole du Conseil fédéral, qui n’est pas nommé, a qualifié cette démarche d’inadmissible. Selon lui, le véhicule est uniquement destiné aux déplacements officiels en Suisse.
Les conjoints et les enfants peuvent demander une voiture
Or, ce n’est pas le cas. Selon l’aide-mémoire du Conseil fédéral, qui fixe les droits et les devoirs, les membres du gouvernement peuvent également utiliser le véhicule dit représentatif et le chauffeur pour des déplacements privés dans le cadre de leurs fonctions officielles – tant en Suisse qu’à l’étranger. Selon la Chancellerie fédérale, on entend par «exercice de la fonction» l’ensemble du mandat.
En revanche, pour les voyages privés à l’étranger, le Conseiller fédéral doit payer la nourriture et le logement du chauffeur. L’essence est payée par l’État. Les conjoints, les parents et les enfants d’un conseiller fédéral peuvent également commander une voiture avec chauffeur – mais seulement si le voyage est «en rapport avec les fonctions officielles du magistrat».
La CdG examine l’affaire
«Weltwoche» avait déjà porté l’accusation selon laquelle Berset aurait arrangé des affaires privées aux frais de l’État, dans le cadre de l’histoire du chantage. Blick n’a pas pu vérifier ces accusations, l’hebdomadaire se référant à des dossiers criminels secrets.
Le conseiller fédéral Alain Berset et son porte-parole ne font quant à eux pas d’autres commentaires sur cette affaire, renvoyant à la procédure pénale achevée.
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Ainsi, l’affaire Berset est désormais entre les mains de la Commission de gestion (CdG) du National. Son président, l'UDC Alfred Heer, a annoncé qu’il allait enquêter sur ces accusations.
Entre-temps, l’Office fédéral de la police a demandé la nomination d’un enquêteur spécial, pour déterminer si ces informations secrètes ont pu être divulguées aux médias par des enquêteurs fédéraux.