En vue du référendum Covid bis
Les sceptiques se réjouissent des allégations contre Berset

Une enquête en plein milieu de la campagne référendaire sur la loi Covid? Les coronasceptiques jubilent des troubles qui attendent le ministre de la Santé en lien avec les révélations de la «Weltwoche».
Publié: 19.09.2021 à 11:45 heures
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Dernière mise à jour: 19.09.2021 à 14:54 heures
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Le conseiller fédéral Alain Berset a choisi de ne pas répondre aux questions vendredi en conférence de presse.
Photo: AFP
Simon Marti

C'est un conseiller fédéral contrit qui s'est présenté devant la presse, vendredi après-midi à Berne. Alain Berset venait faire ce qui est devenu sa routine depuis bientôt deux ans de pandémie, mais le contexte était différent. La veille, la «Weltwoche» avait sorti l'artillerie lourde en formulant de sacrés reproches à l'encontre du ministre de la Santé: mensonges et utilisation de deniers publics pour régler une affaire privée, rien que ça. L'hebdomadaire alémanique proche de l'UDC s'est basé sur des documents ayant fuité.

Il y a un an, on apprenait qu'une femme avait réclamé 100'000 francs à Alain Berset en novembre 2019. Elle menaçait alors le conseiller fédéral de rendre publique une relation privée. A l'automne 2020, on apprenait que la femme avait été condamnée pour tentative de chantage. Elle a fini par rétracter les allégations contre le ministre et l'affaire semblait réglée... jusqu'à l'édition de cette semaine de la «Weltwoche». «Je me suis déjà exprimé l'an dernier à ce sujet et je n'ai vraiment rien à ajouter», s'est contenté de commenter Alain Berset vendredi.

En l'état actuel des choses, les allégations de la «Weltwoche» sont loin d'être confirmées. Pourtant, cette histoire aura des répercussions. Plusieurs enquêtes sont en cours, notamment par le Ministère public de la Confédération: celui-ci veut savoir qui a divulgué les dossiers secrets au média proche de l'UDC. Un enquêteur spécial est chargé d'identifier les éventuelles violations du secret de fonction.

«Les affaires privées doivent rester privées»

Les parlementaires veulent aussi s'emparer du dossier. Le conseiller national UDC Alfred Heer souhaite que la Commission de gestion (CdG) du National se penche sur le cas, comme il l'a confié aux titres de «CH-Media». La mission de l'élu zurichois? Justifier sa demande de manière objective, à savoir sans que l'on perçoive les intérêts de son groupe politique. Il est tout à fait possible qu'Alfred Heer obtienne une majorité auprès de la CdG. C'est du moins ce qu'affirment plusieurs représentants bourgeois de la commission (la liste des membres est disponible ici).

«Les affaires privées doivent rester privées. Je ne suis pas un chevalier de la morale», a d'ailleurs déjà affirmé Alfred Heer. «Mais les révélations récentes devraient au moins être une raison d'enquêter sur la mesure dans laquelle le personnel du conseiller fédéral Berset a été utilisé pour des affaires privées. Après tout, la CdG est l'institution qui examine la légalité des actes du Conseil fédéral et de l'administration.»

Le conseiller national UDC veut déposer une autre motion concernant la violation du secret de fonction. «On soupçonne que des dossiers secrets de Fedpol sont parvenus jusqu'à la presse. Ces allégations sont si graves qu'elles méritent une investigation en profondeur», a estimé Alfred Heer, toujours auprès des journaux de «CH-Media».

Une brèche pour les opposants?

La CdG doit prendre sa décision lors de sa réunion du 22 octobre, cinq semaines seulement avant le vote sur la loi Covid provoqué par le référendum «bis». Une enquête contre le ministre de la Santé, même pour des faits qui n'ont rien à voir avec le coronavirus, ouvrirait une brèche pour les opposants au projet de loi.

Dans les chats Telegram des «défenseurs de la liberté», l'article de la «Weltwoche» a bénéficié d'un formidable accueil, entraînant des messages jubilatoires. Il y a fort à parier qu'une enquête contre le ministre de la Santé provoquerait l'euphorie.

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