C’est une petite bombe qui a été lâchée jeudi dans la «Weltwoche». Le magazine dirigé par le conseiller national Roger Köppel fait sa Une avec Alain Berset. A l’intérieur, plus de 27’000 signes d’une enquête à charge contre le conseiller fédéral socialiste.
L’hebdomadaire revient sur une histoire qu’il a déjà racontée en novembre dernier: le chantage dont a fait l’objet Alain Berset un an exactement auparavant, en novembre 2019. Mais cette fois, la «Weltwoche» affuble le récit de maints détails et documents compromettants, avec une révélation d’ordre privée — la «maître chanteuse» aurait été l’amante du ministre socialiste.
Berne, 21 novembre 2019. Nous ne sommes qu’à trois semaines de l’élection pour renouveler le Conseil fédéral lorsqu’un e-mail arrive dans la boîte de réception du ministre de l’Intérieur Alain Berset. C’est une menace: en anglais, une femme réclame 100’000 francs au conseiller fédéral socialiste, sans quoi elle est prête à rendre publiques des informations qui pourraient nuire au Fribourgeois. En pièce jointe, des photos et une correspondance entre Alain Berset et elle.
La «Weltwoche» a obtenu des documents en lien avec le cas «Scarlett Gehri», du nom (d’emprunt) utilisé par le titre alémanique pour évoquer la femme à l’origine du chantage. Selon l’hebdomadaire, le Ministère public de la Confédération a immédiatement mis sur pied des écoutes du smartphone de Scarlett Gehri.
Au petit matin du 13 décembre, l’unité d’élite Tigris intervient. Pas moins de sept agents formés à l’anti-terrorisme pénètrent au domicile de la femme en question, raconte la «Weltwoche». A l'époque, les autorités sont dans l'incertitude. Des menaces en plusieurs langues sont parvenues d'Allemagne au cours des semaines précédentes, faisant état d'une «situation dangereuse». Or, d'après les recherches de Blick, la femme en question habitait partiellement outre-Rhin.
Faire intervenir une unité comme les Tigris dans un tel cas est normal, assure Cathy Maret, porte-parole de la police fédérale (Fedpol). Celle-ci explique que les forces spéciales se sont tenues en retrait et n’étaient, logiquement, pas munies de leur équipement complet de combat.
Dans les faits, les forces spéciales n'ont même pas eu à intervenir: ce sont deux enquêteurs en civil qui ont entamé la discussion sur le trottoir. «Tout cela s’est déroulé dans un climat de bonne coopération», assure Cathy Maret à Blick.
La police a saisi des téléphones et un ordinateur. Selon la «Weltwoche», les agents étaient également à la recherche d’une lettre manuscrite. Celle-ci se trouvait toutefois déjà à la poste. Sur l’ordonnance pénale que Blick s’est procurée, il est mentionné que la femme voulait interrompre son chantage. Elle avait renvoyé les pièces à conviction à Alain Berset. Raison pour laquelle elle n’a été reconnue coupable que de «tentative de chantage».
Berne, 21 novembre 2019. Nous ne sommes qu’à trois semaines de l’élection pour renouveler le Conseil fédéral lorsqu’un e-mail arrive dans la boîte de réception du ministre de l’Intérieur Alain Berset. C’est une menace: en anglais, une femme réclame 100’000 francs au conseiller fédéral socialiste, sans quoi elle est prête à rendre publiques des informations qui pourraient nuire au Fribourgeois. En pièce jointe, des photos et une correspondance entre Alain Berset et elle.
La «Weltwoche» a obtenu des documents en lien avec le cas «Scarlett Gehri», du nom (d’emprunt) utilisé par le titre alémanique pour évoquer la femme à l’origine du chantage. Selon l’hebdomadaire, le Ministère public de la Confédération a immédiatement mis sur pied des écoutes du smartphone de Scarlett Gehri.
Au petit matin du 13 décembre, l’unité d’élite Tigris intervient. Pas moins de sept agents formés à l’anti-terrorisme pénètrent au domicile de la femme en question, raconte la «Weltwoche». A l'époque, les autorités sont dans l'incertitude. Des menaces en plusieurs langues sont parvenues d'Allemagne au cours des semaines précédentes, faisant état d'une «situation dangereuse». Or, d'après les recherches de Blick, la femme en question habitait partiellement outre-Rhin.
Faire intervenir une unité comme les Tigris dans un tel cas est normal, assure Cathy Maret, porte-parole de la police fédérale (Fedpol). Celle-ci explique que les forces spéciales se sont tenues en retrait et n’étaient, logiquement, pas munies de leur équipement complet de combat.
Dans les faits, les forces spéciales n'ont même pas eu à intervenir: ce sont deux enquêteurs en civil qui ont entamé la discussion sur le trottoir. «Tout cela s’est déroulé dans un climat de bonne coopération», assure Cathy Maret à Blick.
La police a saisi des téléphones et un ordinateur. Selon la «Weltwoche», les agents étaient également à la recherche d’une lettre manuscrite. Celle-ci se trouvait toutefois déjà à la poste. Sur l’ordonnance pénale que Blick s’est procurée, il est mentionné que la femme voulait interrompre son chantage. Elle avait renvoyé les pièces à conviction à Alain Berset. Raison pour laquelle elle n’a été reconnue coupable que de «tentative de chantage».
La charge du média très proche de l’UDC est lourde. Alain Berset est notamment accusé d’avoir envoyé des forces d’élite, les fameux Tigris, au domicile de la femme. Il aurait abusé de sa fonction, utilisant des ressources de l’État — et le temps d’un de ses conseillers — pour régler ce qui s’apparente à une liaison extraconjugale qui a mal tourné.
Violation de secrets officiels
Pour le Ministère public de la Confédération (MPC), il y a une forte probabilité que quelqu’un ait aidé la «Weltwoche» à obtenir les dossiers secrets concernant cette affaire. La personne qui a fait fuiter des documents à l’hebdomadaire alémanique a peut-être violé des secrets officiels.
Selon des informations de Blick, les autorités disposent d’indications selon lesquelles les documents en question seraient parvenus à la «Weltwoche» via l’Office fédéral de la police (Fedpol).
Sur demande, le bureau du procureur fédéral nous écrit que «le Ministère public de la Confédération a pris note de la couverture médiatique à ce sujet. Par principe, le MPC ne commente pas les articles des médias.»
Le MPC va nommer un procureur général
Mais le Procureur fédéral poursuit en écrivant que si les dossiers en question ont effectivement été divulgués par une personne ou un organe soumis au secret de fonction, il faudrait envisager une enquête: «Cette question, ou plutôt les faits spécifiques de l’affaire, doivent être clarifiés. Le MPC a donc demandé aujourd’hui à l’autorité de surveillance du Ministère public de la Confédération la nomination d’un procureur extraordinaire.»
Comme le rapportent les journaux de «CH Media», le conseiller national UDC Alfred Heer a demandé à son tour à la Commission de gestion du Conseil national de clarifier les accusations que son parti et son ancien collègue conseiller national Christoph Mörgeli ont formulées dans la «Weltwoche» sur la base de ces fuites.
Alain Berset coopératif
En marge de la Conférence de presse hebdomadaire de la Confédération, un journaliste a demandé au ministre de la Santé s’il avait l’intention de fournir des informations à la Commission de gestion, qui pourrait se pencher sur les accusations portées par la «Weltwoche» contre lui.
«J’ai toujours travaillé avec les institutions», a rétorqué Alain Berset. Le Fribourgeois a toutefois refusé de donner davantage de détails aux médias. «Je me suis déjà exprimé l’année dernière à ce sujet. Je n’ai rien à ajouter.»
Sur le plan légal, le chantage est en effet terminé. La «personne de l’entourage» du conseiller fédéral a été condamnée, a rappelé à Blick le ministère de l’Intérieur. «Le conseiller fédéral Alain Berset a été victime d’une tentative de chantage en 2019. Il existe un jugement pénal contraignant concernant cette affaire, avec des allégations mensongères et diffamatoires d’une tierce personne contre le conseiller fédéral. La personne en question s’est rétractée de ses dires mensongers et diffamatoires.»