Le conflit autour d’une nouvelle convention collective de travail (CCT) entre les pilotes de Swiss et leur employeur donne lieu à des manœuvres risquées. Cette semaine, le syndicat des pilotes Aeropers a fait un looping arrière. Celui-ci a rejeté l’offre faite par Swiss, la jugeant «insuffisante».
La compagnie aérienne voulait payer – par rapport au projet de CCT datant de 2022 - 60 millions de francs de plus. Cette somme aurait été répartie sur une durée contractuelle de quatre ans. Or, Swiss reproche à ses pilotes d’avoir exigé 200 millions de francs de plus, également pour une durée contractuelle de quatre ans.
En lien avec Swiss
Mais Thomas Steffen, membre du comité directeur d’Aeropers, dément ces informations à Blick: Il s’agirait d’un «chiffre fantaisiste de Swiss», qui n’aurait aucun fondement. Selon le syndicaliste, la revendication des pilotes était «nettement inférieure à la moitié de la somme en question».
La compagnie aérienne, quant à elle, justifie ces soi-disant 200 millions auprès de Blick par une augmentation de salaire de plus de 10% ainsi que par des coûts supplémentaires de 10% supplémentaires résultant de la demande des pilotes de pouvoir mieux planifier leur vie sociale.
Une mauvaise CCT comme base?
Mais le syndicat reproche encore plus à Swiss: La compagnie aérienne prend comme base des négociations le projet de CCT datant de l’année de crise 2022. Or, ce projet n’aurait jamais été en vigueur. C’est la raison pour laquelle les pilotes se basent sur la «dernière CCT en vigueur» de 2018. De ce point de vue, l’offre de Swiss représente une détérioration de 56 millions de francs. «Les chiffres de Swiss sont de la pure propagande au détriment des collaborateurs», clame ainsi Thomas Steffen.
Swiss, quant à elle, a parlé d’une «nette amélioration» par rapport à la convention de 2018, sans toutefois donner de chiffre concret lorsque Blick l’a interrogée.
Quoi qu’il en soit, le mécontentement des pilotes ne concerne pas seulement l’argent. Il s’agit avant tout de «la conciliation entre vie privée et travail». Ou, comme le dit Thomas Steffen: «Dans le tableau de service, je ne sais que le 25 mars si j’ai congé une semaine plus tard, le 1er avril».
En raison de ce conflit, l’aviation suisse est désormais menacée de mise à terre. Les 1150 membres du syndicat des pilotes veulent bientôt voter sur une grève: A partir du 17 octobre, juste au moment des vacances d’automne, Kloten risque d’être paralysée. Mais les pilotes mettront-ils vraiment cette menace à exécution?
La grève en dernier recours
«Nous avons négocié pendant un an et nous avons veillé à ce que nos membres soient prudents et volent de manière sûre et fiable malgré l’absence de contrat», explique Thomas Steffen. Le syndicaliste compte fermement sur le fait que les pilotes «approuvent la grève à une grande majorité».
La relation entre les pilotes et leur compagnie aérienne peut en tout cas être qualifiée de rompue. «Le partenariat social est au plus bas», déclare Thomas Steffen. Cela ne concerne pas seulement les pilotes, mais aussi les techniciens, les hôtesses de l’air ou le personnel au sol.
Pourtant, l’activité aérienne venait de se redresser. La filiale de Lufthansa a réalisé 67 millions de francs de bénéfice au premier semestre 2022. Selon les experts, le mois de juillet, qui a battu tous les records, restera dans les annales de l’aviation. Affaire à suivre cet automne…