La fin des guichets en Suisse?
En dix ans, près de 600 agences bancaires ont disparu!

Le secteur bancaire suisse se transforme. Beaucoup d'établissements financiers réduisent leur nombre de succursales en imaginant de nouveaux concepts pour leur clientèle. Découvrez l'ampleur du phénomène avec Blick.
Publié: 27.11.2022 à 06:07 heures
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Dernière mise à jour: 27.11.2022 à 09:14 heures
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Les agences bancaires n'existent presque plus que pour les conseils.
Photo: DR
Jean-Claude Raemy

C’est une tendance grandissante: les Suisses et Suissesses utilisent de plus en plus les offres en ligne et les applications mobiles pour effectuer leurs opérations bancaires au lieu d’aller dans une agence. Résultat: les banques réduisent leur nombre de succursales. Des fermetures sont à l’ordre du jour, comme le révèle une enquête de Blick auprès des 20 plus grands établissements financiers suisses.

Les chiffres des dix dernières années l’illustrent: début 2012, les établissements interrogés exploitaient encore 2384 succursales en Suisse. Ils n’en avaient plus que 1799 début 2022, ce qui correspond à un recul de 585 succursales. Soit environ 25% de moins!

Credit Suisse a, par exemple, récemment annoncé la fermeture de 14 succursales d’ici février 2023. Au total, la banque a réduit de près de moitié son nombre de filiales, mais maintient qu’elle reste présente dans toutes les régions de Suisse avec un «réseau de succursales adapté à la demande de la clientèle». Chez UBS, le nombre de filiales a diminué d’approximativement un tiers.

La banque Valiant réduit également le nombre de ses agences. Elle ouvrira certes cinq succursales supplémentaires en 2022 et trois en 2023, mais en fermera 23 proches les unes des autres à partir de fin 2022 dans le cadre d’un programme d’amélioration de la rentabilité.

L’évolution de Postfinance est tout aussi intéressante: en 2007, il y avait encore 28 filiales. En 2012, ce chiffre passe à 45. Leur nombre a aujourd’hui réduit et se rapproche de la situation de 2007.

«Des succursales bancaires du futur»

Les succursales restantes seraient en outre transformées pour s’éloigner «des opérations de guichet et devenir des lieux de rencontre modernes». La tendance est similaire chez la Banque Cler, anciennement Banque Coop, qui se dirige vers un lounge sans guichet avec des canapés pour le conseil et des distributeurs de café. La Banque Cler appelle cela la «succursale bancaire du futur».

La réduction nette la plus importante a été enregistrée chez Raiffeisen, avec 278 succursales, soit près de 25% de moins. Selon l’établissement financier, l’accessibilité des succursales n’en a pas souffert, 90% de la population suisse pouvant toujours atteindre une succursale en dix minutes de voiture. La question de la répartition géographique reste importante et les agences devraient couvrir chaque zone à l’avenir. Ce, même en appliquant le concept de «banque conseil», en renonçant ainsi à un hall de guichets.

Raiffeisen tient toutefois à souligner que le nombre d’emplois à temps plein au sein du groupe augmente de manière inversement proportionnelle à la réduction du nombre de filiales: alors qu’avec 1098 sites, la banque employait 8167 personnes, avec 820 sites, elle en emploie aujourd’hui 9729.

Banque Nombre de succursales au 01.01.2012 Nombre de succursales au 01.01.2022 Différence
UBS290195-95
Credit Suisse211109-102
Raiffeisen1098820-278
Banque cantonale de Zurich9957-42
Postfinance4534-11
Banque Cantonale Vaudoise6759-8
Banque Migros64717
Banque cantonale de Lucerne2724-3
Banque cantonale de Saint-Gall37370
Banque cantonale de Berne7755-22
Valiant9010111
Banque cantonale d’Argovie30322
Banque cantonale des Grisons7046-24
Banque cantonale de Bâle-Campagne2724-3
Banque Cantonale de Bâle1611-5
Banque cantonale de Thurgovie3029-1
Banque Cantonale Fribourgeoise2826-2
Banque Cantonale Genevoise2221-1
Banque Cler3326-7
Banque cantonale de Schwyz2322-1
TOTAL 2384 1799 -585

Les banques cantonales moins touchées

Si l’on se penche sur les banques cantonales, on s’aperçoit néanmoins que certaines ont augmenté le nombre de filiales. Cela s’explique en partie par le mandat de prestations des institutions cantonales, ancré dans la loi. Mais cela n’empêche pas certains établissements cantonaux de suivre la tendance.

A la Banque cantonale de Zurich (ZKB), 45% des succursales ont été supprimées. En premier lieu des petits sites et des agences avec des prestations limitées. La Banque cantonale de Berne a également subi une réduction nette de près de 30%. La Banque cantonale des Grisons a même perdu 35% de ses effectifs. Ce sont donc surtout les cantons les plus importants sur le plan géographique et démographique qui ont réduit leur offre physique.

De son côté, la Banque Migros se développe en collaborant avec la Poste. En s’implantant dans les succursales du géant jaune, elle s’étend à des régions qu’elle ne couvrait pas auparavant. L’ouverture de filiales supplémentaires propres serait aussi envisageable à l’avenir.

Pas de nouveaux services

Les banques ont-elles encore vraiment besoin de leurs succursales? La question peut se poser. Beaucoup ont d’ailleurs été remplacées par des bancomats. Ainsi, le personnel se concentre sur des tâches de conseil (sur les hypothèques, la prévoyance, l’héritage ou la planification financière).

Les banques restantes sont mises à niveau. La ZKB, par exemple, teste depuis mars 2021 de «nouvelles possibilités d’interaction» à la gare de Zurich-Stettbach, ainsi que dans une succursale qui ouvrira en juin 2022 à Winterthour.

Credit Suisse et diverses banques cantonales ont également lancé de nouveaux concepts. La plupart des établissements ont élargi les possibilités de contact avec la clientèle. Des conseils vidéo ou par d’autres canaux directs en ligne sont proposés, tout comme les visites personnelles à domicile. L’accent mis sur le conseil nécessite aussi des investissements importants, de l’ordre de 8 à 10 millions de francs par an pour la Banque cantonale de Thurgovie par exemple.

Les banques s’en tiennent à leur activité principale, c’est-à-dire aux besoins financiers de leur clientèle. Il n’est pas question de réaliser des affaires supplémentaires avec d’autres prestations, comme cela se fait parfois dans les bureaux de poste ou les agences de voyages.

Il ne reste plus qu’à savoir jusqu’où ira le démantèlement des succursales bancaires. Aucune des banques interrogées n’a souhaité se prononcer sur un «nombre minimum» de filiales.


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