La menace de pénurie d’électricité en hiver est-elle la conséquence de la sortie du nucléaire en Suisse? Dans le camp bourgeois, de plus en plus de voix s’élèvent en ce sens. L’UDC notamment, mais aussi des représentants du PLR, demandent de miser à nouveau sur l’énergie nucléaire face aux incertitudes du marché de l’énergie. Ils estiment que celle-ci est plus fiable et meilleur marché.
Le président du PLR, Thierry Burkart, a ainsi récemment déclaré à la NZZ: «La dépendance vis-à-vis de l’étranger est une conséquence de la Stratégie énergétique 2050. Il était déjà clair à l’époque que l’abandon du nucléaire entraînerait une pénurie d’électricité.»
L’UDC flaire un plan secret
L’UDC a carrément fait de la Stratégie énergétique 2050 son cheval de bataille. Elle cache un véritable «un plan secret pour une dictature écologique», a avancé cet été le chef du groupe parlementaire, Thomas Aeschi.
Le parti demande que l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires soit levée et que les objectifs de réduction du CO2 soient «reportés au profit d’un approvisionnement énergétique national sûr et abordable».
Coût élevé pour l’Etat
La maîtresse d’œuvre de la stratégie énergétique 2050, l’ancienne conseillère fédérale Doris Leuthard, défend le projet. «Les partisans des centrales nucléaires doivent enfin être francs et expliquer que la construction de nouvelles centrales nucléaires prend 20 ans, et a pour conséquence des coûts très élevés pour l’Etat. Aucune entreprise privée ne veut assumer un tel risque», assène-t-elle, interrogée par «20 Minuten».
Les groupes énergétiques suisses ne sont également pas enthousiastes à l’idée de la construction de nouvelles centrales nucléaires. Le patron d’Axpo, Christoph Brand, a depuis longtemps souligné que, selon lui, cette énergie est tout simplement trop chère. «Un mégawattheure issu d’une nouvelle installation photovoltaïque en France coûte environ 50 euros. L’énergie nucléaire est environ deux fois plus chère», avait-il déclaré dans une interview accordée aux journaux de CH Media il y a un an déjà.
L’uranium doit être importé
Doris Leuthard a en outre fait remarquer qu’une production d’électricité via des centrales nucléaires locales ne change rien à la dépendance vis-à-vis de l’étranger concernant les combustibles fossiles. L’uranium doit lui aussi être importé, et une grande part du combustible utilisé actuellement en Suisse vient de Russie.
C’est également l’avis du Département de l’énergie de Simonetta Sommaruga, cité dans «20 Minuten». La situation actuelle montre à quel point la Suisse est dépendante de l’étranger pour le gaz et le pétrole, rappelle une porte-parole. Il faut donc réduire cette dépendance et accélérer le développement des énergies renouvelables: «Sans ce développement, la situation actuelle sera encore plus difficile pour la Suisse à l’avenir.»