La dernière danse de Thomas Jordan
Les propriétaires et les locataires doivent-ils s'inquiéter de la prochaine annonce de la BNS?

Thomas Jordan abaissera-t-il encore une fois le taux directeur lors de sa dernière apparition en tant que directeur de la Banque nationale suisse (BNS) fin septembre? Ce qui plaide en faveur de cette hypothèse et ce qui se passe à la FED et à la BCE.
Publié: 02.09.2024 à 10:50 heures
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Dernière mise à jour: 02.09.2024 à 11:12 heures
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Le 26 septembre, Thomas Jordan annoncera pour la dernière fois la décision concernant les taux d'intérêt.
Photo: keystone-sda.ch
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Christian Kolbe

Il y a une dernière fois pour tout. Il en va de même pour la dernière évaluation de la situation en matière de politique monétaire sous la présidence sortante de la Banque nationale suisse. Le 26 septembre, Thomas Jordan se présentera une ultime fois devant les médias pour annoncer la décision de la Direction générale de la BNS en matière de taux d'intérêt – et la justifier par la suite.

Mi-juillet encore, la plupart des économistes en Suisse s'accordaient à dire que Thomas Jordan tirerait sa révérence avec la troisième baisse consécutive du taux d'intérêt, le taux directeur passant ainsi de 1,25 à seulement 1%. Le président de la BNS jouerait ainsi son rôle de précurseur du changement de taux. Aucune autre banque centrale importante n'a déclaré aussi tôt que la BNS que la lutte contre l'inflation était plus ou moins terminée.

Peut-on s'attendre à une baisse du taux d'intérêt?

Toutefois, depuis, la vision dans la boule de cristal s'est quelque peu assombrie. Une forte correction sur les marchés des actions, l'annonce d'une contraction du PIB en Allemagne, un franc qui se renforce et le risque croissant d'une escalade au Proche-Orient ont fait disparaître les anciennes certitudes. Quels sont donc les arguments pour et contre une baisse des taux d'intérêt?

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«Je vois clairement une marge de manœuvre pour une nouvelle baisse»
Sarah Lein, professeure de macroéconomie à l'université de Bâle
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Les chiffres de l'inflation pour le mois d'août, qui seront publiés le 3 septembre, fourniront un point de repère concret. «Si le renchérissement s'affaiblit ou ne repart pas à la hausse, je vois clairement une marge de manœuvre pour une nouvelle baisse», explique Sarah Lein, professeure de macroéconomie à l'université de Bâle, interrogée par Blick. «S'il y a toutefois une mauvaise surprise, si le renchérissement repart à la hausse, les chances sont faibles.»

En juillet, le renchérissement annuel en Suisse était de 1,3% – et donc dans la fourchette de la BNS pour la stabilité des prix, soit entre 0 et 2% d'inflation. Le renchérissement intérieur, principalement tiré par les services, se situe aux alentours de 2%. Cela pourrait plaider contre une baisse des taux d'intérêt.

Qu'en pensent les experts?

Pour les économistes de deux banques cantonales, les signaux sont en revanche clairement au vert pour le tour de force de Thomas Jordan en matière de baisse des taux: «Nous nous attendons à ce que la BNS abaisse une nouvelle fois son taux directeur», déclare Brian Mandt, économiste en chef de la Banque cantonale de Lucerne. Manuel Ferreira, stratège en chef de la Banque cantonale de Zurich, abonde dans ce sens sans réserve, mais ajoute: «La conjoncture intérieure est bonne. D'un point de vue économique, une baisse des taux d'intérêt ne serait donc pas absolument nécessaire.» Brian Mandt fait donc remarquer: «Si la BNS abaisse trop fortement son taux directeur dans ce contexte, cela pourrait stimuler l'économie.» Ce qui pourrait à son tour déclencher une poussée inflationniste.

L'économiste Alexandra Janssen d'Ecofin met également en garde: «La BNS a déjà procédé à un nombre relativement important de baisses de taux en comparaison internationale. Une nouvelle baisse des taux d'intérêt n'est donc pas aussi probable que dans d'autres zones monétaires. Même en tenant compte du fait que l'économie suisse se porte relativement bien.» Pour Alexandra Janssen, il est donc clair que «la Banque nationale ne doit pas prendre la poudre d'escampette prématurément».

Le niveau des taux d'intérêt en Suisse est nettement plus proche de zéro que dans d'autres économies. Cela signifie que si une crise économique mondiale devait survenir, la marge de manœuvre pour baisser les taux d'intérêt afin de relancer l'économie serait beaucoup plus faible que dans d'autres pays.

Les marchés ont déjà réagi

Toutefois, la BNS doit également faire attention au différentiel de taux d'intérêt par rapport au dollar et surtout à l'euro. «La BCE (ndlr: Banque centrale européenne) va baisser ses taux d'intérêt avant la BNS. C'est pourquoi la Banque nationale suivra», explique Manuel Ferreira, économiste de la ZKB. Ce qui affaiblira à nouveau un peu le franc – et aidera donc aussi l'économie d'exportation.

Pour les marchés, il est clair que la prochaine baisse aura lieu en septembre. Les taux hypothécaires ont encore nettement baissé ces dernières semaines, ils n'ont jamais été aussi bas depuis deux ans. La goutte d'eau qui fait déborder le vase pour les propriétaires et ceux qui souhaitent le devenir: «La baisse des taux en septembre est déjà intégrée dans les prix. Les hypothèques à taux fixe ne baisseront plus beaucoup», explique Manuel Ferreira.

Malgré tous ces signes avant-coureurs, il est toujours possible que Thomas Jordan surprenne encore une fois – et laisse le taux directeur là où il est, laissant donc la dernière baisse de taux de cette année – en décembre – à Martin Schlegel. Et permettre ainsi à son successeur de prendre un départ optimal.

D'un autre côté, Thomas Jordan ne s'est jamais laissé guider par des considérations aussi subtiles au cours de ses 20 ans au directoire de la BNS, dont 12 ans en tant que président. Et il ne le fera pas non plus lors de son antépénultième jour de travail.

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