Les prévisions pour l’AVS étaient trop pessimistes… de 4 milliards de francs! Les calculs de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) ne sont pas bons et font grincer des dents à Berne.
Tandis que la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider annonce ce mardi matin l’ouverture d’une enquête administrative, la conseillère nationale socialiste Jessica Jaccoud sort la sulfateuse. À l’instar de plusieurs de ses camarades, elle estime que la votation de 2022 sur l’âge de la retraite des femmes doit être invalidée.
En outre, l’avocate à la ville, qui soulignait déjà la bonne santé de l’AVS sur nos plateformes en début d’année, veut que le Conseil fédéral prenne les devants avec des mesures compensatoires. Interview.
Jessica Jaccoud, la Confédération parle aujourd’hui d’une erreur de plus de 3 milliards de francs dans les projections de l’AVS. C’est le choc?
Au Parti socialiste (PS), nous avons toujours dit que les perspectives à long terme avancées par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) n’étaient pas fiables, beaucoup trop alarmistes et que, par conséquent, elles ne se réalisaient jamais. L’annonce du jour nous donne raison.
Quelles sont les conséquences de cette erreur?
On peut parler de la votation sur l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, qui a été acceptée de justesse en 2022. Nos opposants d’alors ont gagné en faisant peur à la population avec ces prévisions erronées. La question de l’invalidation du scrutin se pose réellement.
Le fait que le Conseil fédéral ne se prononce pas sur cette question vous interpelle?
Une éventuelle invalidation est de la compétence du Tribunal fédéral, comme le montre l’annulation de la votation de 2016 sur l’imposition des couples mariés, là aussi à cause d’une grossière erreur de chiffres. Du côté du Conseil fédéral, on peut d’ores et déjà saluer l’annonce transparente du jour et l’ouverture d’une enquête administrative. Mais il est vrai que le gouvernement pourrait par ailleurs prendre les devants.
Comment?
En proposant des mesures qui permettraient de compenser — que très partiellement, certes — l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes. En avançant le versement de la 13e rente AVS à 2025, par exemple.
Sur le fond, le tableau a été assombri de plusieurs milliards de francs, c’est indéniable. Mais le trou dans la caisse de l’AVS devrait quand même être de 4 milliards de francs en 2033. On ne peut pas parler de situation idéale…
Cela souligne malgré tout que nos opposants disaient n’importe quoi quand ils affirmaient que nous allions couler l’AVS avec la 13e rente. Et puis, surtout, cela démontre que les partis bourgeois nous mentent à chaque fois qu’ils nous vendent un démantèlement inévitable de l’AVS sur le long terme. À quelques semaines de la votation du 22 septembre sur la réforme de la LPP à laquelle il faudra absolument s’opposer, c’est un éclairage important.