Cela fait bientôt un an maintenant que le Conseil fédéral a dû voler au secours de la banque Credit Suisse en l'espace de quelques jours. Dans une interview à la SRF, la ministre des Finances Karin Keller-Sutter révèle aujourd'hui les coulisses du plus gros sauvetage bancaire de Suisse.
La ministre résume cette période par une succession de réunions de crise dans des conditions difficiles. En mars de l'année passée, le mot d'ordre de la Confédération était d'économiser l'énergie, y compris dans les locaux de la Confédération.
Sur la débâcle de Credit Suisse
«Je me souviens qu'on avait complètement coupé le chauffage pendant la nuit. C'était insupportable pour les gens», se rappelle la ministre des Finances. «Vêtus de doudounes et de couvertures militaires, les employés travaillaient dur pour s'en sortir.»
Seul le Conseil fédéral a le droit d'allumer le chauffage
Démêler cette situation de crise n'a pas été une tâche simple. «J'ai alors ordonné que le chauffage soit remis en marche. Selon Karin Keller-Sutter, le concierge aurait rétorqué que la mise en route des radiateurs nécessitait une décision du Conseil fédéral. «J'ai alors rétorqué: 'Bon, si ce n'est que ça, je prends cette décision'.»
Quelque temps plus tard, le 15 mars, la ministre a dû se rendre à l'évidence: la banque ne survivra pas. Credit Suisse aurait alors demandé d'énormes injections de liquidités à la Banque nationale suisse (BNS).
Le jeudi suivant, une séance extraordinaire du Conseil fédéral s'ensuivit. «L'objectif à ce stade était de faire en sorte que Credit Suisse passe la journée de vendredi.» Karin Keller-Sutter raconte à la SRF qu'elle était «très contente» lorsque les bourses ont fermé vendredi soir.
«Il y avait des boîtes de pizza partout»
Dans les locaux du Bernerhof, au siège du Département des finances, on travaillait aussi dur pendant le week-end. «Il y avait des boîtes de pizzas partout, parce que les gens devaient aussi se restaurer à un moment donné», glisse Karin Keller-Sutter à la SRF. La tension était palpable. «J'avais l'impression que tout le monde retenait son souffle jusqu'à ce que nous trouvions une solution.»
Cette solution, elle n'a été trouvée que le dimanche soir, quelques heures seulement avant la réouverture des bourses. «Le président de la Confédération Alain Berset et moi-même avons informé les partis pour qu'ils ne l'apprennent pas par les médias. Nous avons organisé un appel auquel tout le monde était connecté.» Ce n'est qu'ensuite que les conseillers fédéraux et les représentants des banques se sont rendus à la conférence de presse pour annoncer le sort scellé de Credit Suisse.