Une chose distingue la commission d'enquête parlementaire (CEP) sur la débâcle de Credit Suisse des CEP précédentes: contrairement aux membres des commissions spéciales sur l'affaire Elisabeth Kopp (1989) et sur l'affaire des Mirages (1964), les commissaires travaillant sur le cas Credit suisse donnent allègrement des interviews et évoquent publiquement leur vision des choses. Les points de vue de la ministre des finances Karin Keller-Sutter, de son prédécesseur Ueli Maurer, du président de la Banque nationale Thomas Jordan ou de la présidente de la Finma Marlene Amstad sont désormais connus de tout le pays.
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La présidente de la CEP est fâchée par les fuites
Les bavardages vont bon train, même en privé. Au grand dam de la présidente de la CEP, la Conseillère aux États fribourgeoise Isabelle Chassot (Le Centre). Cette dernière souhaitait la plus grande discrétion dans l'enquête, tenant même les lieux de réunion secrets. Au lieu de cela, elle se bat maintenant contre les bavardages, les indiscrétions et les fuites.
Dernier exemple en date: le week-end dernier, la «SonntagsZeitung» a relaté le contenu des auditions respectives de l'ancien président et de l'ancien CEO de Credit Suisse, Axel Lehmann et Ulrich Körner. On y apprend que ces derniers ne se seraient pas «explicitement attaqués à la Finma» face aux parlementaires. Le journal ajoute que les membres de la CEP auraient «largement adhéré à la présentation des deux banquiers». Selon les informations de Blick, le président de l'UBS Colm Kelleher a également été interrogé depuis.
Pour Isabelle Chassot, l'article de la «SonntagsZeitung» est celui de trop. Lors de la réunion de mercredi dernier, la CEP a décidé de déposer une plainte pénale contre inconnu pour violation du secret de fonction. Plusieurs sources le confirment à Blick.
Isabelle Chassot renvoie à son devoir de confidentialité
«Pas d'information», a laconiquement répondu Isabelle Chassot lorsqu'elle a été interrogée sur le sujet. La présidente de la CEP s'est contentée de renvoyer au devoir de confidentialité, auquel elle est soumise et qui est inscrit dans la loi sur le Parlement.
On ne sait pas si les fuites proviennent des parlementaires ou de l'entourage des personnes interrogées. On ne sait pas non plus si l'action en justice permettra de stopper le flux incontrôlé d'informations. Dans le passé en tout cas, de telles plaintes pénales n'ont eu que peu, voire pas d'effet.