Kandersteg tremble pour son avenir
Menacé par la montagne, ce petit village idyllique appelle à l'aide

Kandersteg fait face à une menace majeure à cause de la montagne. Une nouvelle carte des dangers pourrait classer le centre du village en zone rouge, restreignant fortement le développement des hôtels et commerces. La commune et les habitants touchés espèrent de l'aide.
Publié: 15:31 heures
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Dernière mise à jour: 15:43 heures
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Le Spitz Stein, au-dessus de Kandersteg, est en mouvement.
Photo: Screenshot Webcam Oeschinensee
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Martin Meul

Tout est calme dans le magasin de sport de Katharina Steiner, en plein centre du village de Kandersteg (BE). Bien trop calme, pour celle que tout le monde appelle ici Käthy. «C'est une très mauvaise saison d'hiver», confit-elle à Blick. Et Katharina Steiner connait le responsable: le Spitz Stein! Une énorme formation rocheuse qui surplombe le lac d'Oeschinen.

Des millions de mètres cubes de roche sont en mouvement et menacent de s'effondrer dans la vallée. C'est pourquoi différentes mesures ont été prises. La piste de luge qui descend du lac d'Oeschinen au village a notamment dû être fermée. «Il y a moins de touristes dans le village, nous le ressentons au magasin», explique Käthy. Mais le danger qui émane de la montagne a des conséquences bien plus graves. Elle menace l'avenir de tout le village.

La peur de la montagne

Depuis 2019, le Spitze Stein (2974 m d'altitude) s'agite de plus en plus. Dans le pire des cas, jusqu'à 18 millions de mètres cubes de roche pourraient gronder dans la vallée. Si cela devait se produire, des laves torrentielles et des inondations pourraient s'étendre dans le village de Kandersteg.

En réaction, «une zone de planification» a été imposée en 2022 sur la région. Dans cette zone, des restrictions temporaires s'appliquent à la construction. «En complément de la zone de planification, il existe une carte des dangers, contraignante pour les autorités, qui distingue trois types de dangers: faible, moyen et important», explique Nils Hählen, chef de la division Dangers naturels du canton de Berne.

Le gros problème pour Kandersteg c'est que le centre du village, avec ses hôtels et ses commerces comme le magasin de sport de Käthy Steiner, est particulièrement menacé. Et non sans conséquences. Nils Hählen apporte des précisions. «Le danger considérable qui pèse sur le centre du village entraîne de fortes restrictions dans les possibilités de construction.»

Une épée de Damoclès

Ces mesures concernent également l'hôtel Belle-Époque Victoria, situé au cœur du village. Depuis 220 ans, c'est l'un des fleurons du tourisme de Kandersteg. C'est dans ce lieu que Blick rencontre Casimir Platzer. L'hôtelier et ancien président de Gastrosuisse est inquiet. «En raison du classement disproportionné en zone rouge, nos possibilités de développement sont limitées.» Les extensions, par exemple, sont proscrites, mais les transformations sont heureusement encore possibles.

Pour l'hôtelier Casimir Platzer, la situation actuelle est totalement insatisfaisante. Il demande des adaptations et des solutions.
Photo: Martin Meul

Casimir Platzer a donc fondé l'automne dernier, avec 50 autres personnes concernées, une communauté d'intérêts. Son objectif? Empêcher que le centre du village soit déclaré zone rouge.

Les mesures actuelles ne sont que temporaires, mais des décisions strictes doivent être prises d'ici la fin de l'année 2026. «Si la zone rouge actuelle est transformée en zone de danger définitive, ce serait le coup de grâce», déplore l'hôtelier. En effet, toutes les mesures de construction au centre du village seraient alors limitées pendant des décennies. «Nous ne pourrions même plus installer de nouvelles fenêtres. Notre activité hôtelière pourrait certes continuer, mais son développement serait limité». Pour Casimir Platzer, «une carte des dangers basée sur le zonage actuel n'est absolument pas une option».

Aucune personne en danger

Le président du conseil municipal René Maeder a, lui aussi, très peur de ce scénario. «Cela marquerait notre fin en tant que destination touristique si la situation n'évolue pas.» Outre des dizaines d'habitations, 60% des lits d'hôtel de Kandersteg seraient touchés, l'effondrement économique serait iminent.

René Maeder est particulièrement contrarié, car même dans le pire des cas, les habitants et les animaux ne seraient pas en danger. «Nous saurons informer 48 heures à l'avance si la montagne s'écroulait. Nous pourrons donc évacuer tout le monde à temps.» L'hôtelier Casimir Platzer abonde dans son sens. «Les dommages aux bâtiments peuvent être réparés, c'est pourquoi il est disproportionné de mettre en jeu l'avenir du village.»

Du côté du canton de Berne, on se défend. Le chef des dangers naturels Nils Hählen apporte des explications. «Selon les directives de la Confédération, les dangers importants sont délimités là où l'on peut s'attendre à des processus de danger d'une forte intensité. Selon ces directives, il est insignifiant de savoir s'il faut s'attendre à des dommages uniquement sur les bâtiments ou également sur les personnes.»

Faire pression sur Berne

Que faire alors? Pour Casimir Platzer, il y a deux options. «Soit le potentiel de danger pour le centre du village est réévalué et la zone rouge est retirée en conséquence.» L'association a donc demandé de nouveaux calculs pour se faire un deuxième avis. «Il suffirait que la probabilité diminue pour que la zone rouge n'ait plus de raison d'être.» La commune a également demandé une deuxième expertise. Le président René Maeder veut s'assurer que les calculs effectués jusqu'à présent sont corrects.

Il existe toutefois une deuxième option. Si les calculs relatifs au potentiel de danger s'avéraient corrects, le village devrait être sécurisé par des protections supplémentaires. Casimir Platzer insiste: «Au cas où, si jamais la montagne menace de s'effondrer.»

Mais cela coûterait très cher. Le président du conseil municipal René Maeder compte plusieurs millions de francs. «C'est au canton et à la Confédération de nous aider dans cette situation fâcheuse. Nous n'y arriverons pas seuls.» C'est pourquoi René Maeder a commencé à faire pression politiquement à Berne. «J'attends le même engagement pour nous que celui dont on a fait preuve à Mitholz.» Pour l'évacuation de l'ancien dépôt de munitions, la Confédération a mis à disposition des moyens à hauteur de plusieurs milliards.

«Il y a des dangers partout»

Pour René Maeder et pour l'hôtelier Casimir Platzer, l'enjeu de cette affaire dépasse le seul village de Kandersteg. «Nous allons vivre à l'avenir des situations similaires dans de nombreux autres endroits en montagne», affirmele président du conseil municipal. La gestion de la situation à Kandersteg constitue donc, selon lui, un précédent pour l'ensemble du pays. «Nous pouvons difficilement fermer toutes les régions de montagne. Il y a des dangers partout.»

Le canton, quant à lui, ne voit pas la situation de la même manière. «Dans le canton de Berne, il y a au total 5160 hectares de zones rouges. Parmi eux, 197 sont situés dans une zone à bâtir, dont par exemple la Matte dans la vieille ville de Berne», explique Nils Hählen. Dans la zone de planification de Kandersteg, la zone fortement menacée s'étend sur 54 hectares, dont 11 sont situés dans la zone à bâtir. «Dans ces conditions, on ne peut pas parler de précédent.»

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