Le boom des cinq étoiles
Les Alpes suisses sont de plus en plus réservés aux ultra-riches, et ce n'est pas sans conséquence

Le tourisme alpin connaît une renaissance de luxe. De plus en plus d'hôtels quatre et cinq étoiles voient le jour dans les montagnes suisses, tandis que les hébergements moins chers disparaissent.
Publié: 12:02 heures
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Les plaisirs de la neige dans les montagnes suisses: la haute saison est en marche!
Photo: Philippe Rossier
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Nicola Imfeld et BliKI

Au coeur des Alples suisses, de plus en plus d'hôtels exclusifs supplantent les hébergements traditionnels. Alors que le nombre total de nuitées en hôtel stagne, le secteur du luxe est, lui, en plein essor.

Selon les données d'HotellerieSuisse, le nombre d'hôtels quatre et cinq étoiles dans les Alpes est passé de 253 en 2010 à 304 en 2023. Dans le même temps, le nombre d'hôtels de catégories inférieures a nettement diminué: de 2900 à 2350. En revanche, les nuitées dans les hôtels de luxe sont passées de 4,8 millions à plus de 6,2 millions sur la même période.

Inflation à l'étranger

«Pendant la pandémie, alors que nous étions tous enfermés de force, un énorme besoin d'être dehors s'est développé», explique à la «NZZ am Sonntag» Jürg Schmid, président de l'office du tourisme des Grisons. «Les espaces naturels ont énormément gagné en importance». De plus, la Suisse profite de l'inflation élevée à l'étranger, ce qui fait que les vacances de luxe y semblent comparativement bon marché.

St-Moritz est un excellent exemple de cette tendance: la commune s'est modernisée et attire aujourd'hui un public international particulièrement aisé. Richard Leuenberger, directeur du légendaire «Badrutt's Palace», rapporte dans la «NZZ am Sonntag» des chiffres records: «L'hôtel génère actuellement un montant élevé de plusieurs dizaines de millions et nous avons beaucoup plus d'argent pour investir».

Un chiffre d'affaires considérable

Suisse Tourisme réagit à cette évolution en créant un nouveau département «Marché du luxe». L'objectif est simple: s'adresser de manière ciblée aux super-riches. Bien que les réservations cinq étoiles ne représentent que 8% des nuitées, elles génèrent 25 à 30% du chiffre d'affaires touristique total.

«
Nous devons veiller à ce que l'équilibre ne bascule pas
Flurin Riedi, directeur du tourisme à Gstaad
»

La focalisation sur le luxe a toutefois aussi des inconvénients. Dans des stations comme Engelberg ou Wengen, l'émergence de nouveaux hôtels de luxe provoque des tensions au sein de la population locale. De plus, les prix des vacances d'hiver normales augmentent par conséquence fortement.

Les Suisses préfèrent les trois étoiles

Les experts du tourisme mettent en garde contre une accentuation excessive du segment de luxe. Flurin Riedi, directeur du tourisme à Gstaad, souligne dans l'article de la «NZZ am Sonntag»: «Nous devons veiller à ce que l'équilibre ne bascule pas. En ce qui concerne les hôtels cinq étoiles, nous sommes bien placés. Je souhaiterais encore un hôtel trois ou quatre étoiles».

La «NZZ am Sonntag» cite également un sondage de Suisse Tourisme selon lequel les Suisses préfèrent séjourner dans des hôtels trois étoiles (44%) ou quatre étoiles (38%). Seuls 6% choisissent des hébergements cinq étoiles. La situation est différente pour les touristes américains, qui réservent majoritairement des hôtels quatre ou cinq étoiles.

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