«A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles.» Telle est l’expression que bon nombre de confiseurs suisses doivent ressasser, avec une amertume que même le plus puissant des chocolats noirs ne saurait égaler.
En effet, les temps sont durs pour les revendeurs suisses de chocolat, qui n’ont d’autres choix que d’augmenter – et pas qu’un peu – le prix de leurs produits. Aux origines de cette douloureuse décision: une explosion du prix du cacao et du beurre de cacao.
La mythique confiserie Honold, institution incontournable de la ville de Zurich, évoque une augmentation moyenne de l’ordre de 8%, avec même un pointage à 27% (!) pour le chocolat de couverture, qui est notamment utilisé pour enrober les pâtisseries et qui est très riche en beurre de cacao.
Le cacao et le beurre de cacao quatre fois plus chers
Ces prix ont pratiquement quadruplé en 18 mois. En juin 2023, une tonne de cacao coûtait encore moins de 3000 francs. Mais aujourd’hui, elle atteint presque 10’000 francs, et dépasse parfois même les 11’000 francs, une fourchette de prix qui avait d’ailleurs déjà été atteinte entre à la fin de l’année 2023.
Le cout de production d’une tablette de 100 grammes de chocolat contenant entre 35 et 70% de cacao a donc considérablement augmenté. Et ce d’autant plus que le prix de la matière première n’étant pas le seul facteur d’inflation.
Selon les fabricants de chocolat sollicités par Blick, cette hausse des prix s’explique par plusieurs mauvaises récoltes dans les principales régions de production d’Afrique de l’Ouest, par la spéculation sur les marchés financiers et par les besoins toujours plus élevés des fabricants.
Augmentation quasi généralisée
Certains revendeurs estiment toutefois que l’impact sur les consommateurs pourrait être minime. C’est notamment le cas de Läderach. Le célèbre confiseur estime en effet qu’après une augmentation des prix «d’un pourcentage moyen à un chiffre sur l’ensemble de l’assortiment», des prix stables sont attendus cette année.
Les grands fabricants de chocolat se montrent en revanche moins confiants. Ainsi, malgré une gestion stricte des coûts, la célèbre marque Lindt & Sprüngli s’attend à ce que «de nouvelles augmentations de prix soient nécessaires» en 2025. La porte-parole de Cailler explique de son côté que le prix des boîtes de pralinés a dû être «légèrement adapté» en ce début d’année.
Chez Camille Bloch, on fait savoir qu’une deuxième augmentation des prix après celle de 2024 ne pourra «pas être évitée» malgré une réduction. La porte-parole du fabricant évoque une hausse des prix globale de 10% depuis 2023.
Les supermarchés se retrouvent, eux aussi, affectés par le phénomène. «La hausse des prix des matières premières nous oblige à augmenter les prix de nos marques propres dans le domaine du chocolat», explique une porte-parole de Migros. Conséquence: la tablette de 100 grammes de chocolat au lait Frey Giandor est passée de 2,20 à 2,45 francs, soit une augmentation de… 11,4%.
Coop confirme également des augmentations de prix. Dernièrement, les branches Ovomaltine sont passées de 1,70 à 1,80 franc les 33g. Les biscuits Oreo ont connu une tendance similaire, le paquet de 154g passant 2,75 à 2,95 francs. Quant aux Lindor, les célèbres boules en chocolat de chez Lindt, ils sont passés 10,95 à 11,95 francs les 200g.