Pour beaucoup, Noël rime avec réunions de famille ou fête religieuse, dinde, cadeaux et chants autour du sapin pour célébrer le Divin Enfant. Pour d’autres avec solitude ou travail, plateau-repas, «Gremlins» et la lecture d’un bon bouquin. Mais tout le monde partage une chose: un imaginaire collectif autour de la naissance de Jésus. Et celui-ci n’est pas exempt de contre-vérités — ou d'imprécisions — historiques. Parfois volontairement instaurées par l’Eglise, dans son propre intérêt. En voici quelques-unes.
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1. Jésus n’est pas né un 25 décembre
Pour une majorité d’historiens, Jésus, juif de Galilée, a bien existé. Mais il n’est très vraisemblablement pas né un 25 décembre. «L’Évangile de Luc parle de moutons qui paissent dans les prés au moment de la naissance de Jésus, amorce Michel Grandjean, professeur d’histoire du christianisme à l’Université de Genève, cité par l'agence de presse Protestinfo dans «24 heures». Si on veut accorder des vertus historiques à ce récit, Jésus est donc né au printemps, peut-être en été ou en automne, mais en tout cas pas en hiver.»
Mais alors pourquoi fête-t-on sa naissance le 25 décembre? Comme le raconte «L’Express», au IVe siècle, le Pape Libère aurait décidé de fixer la venue au monde du Christ le jour d’une fête païenne très populaire à l’époque, pour faciliter l’adhésion au christianisme. Le 25 décembre, peu après le solstice d’hiver, les Romains fêtaient le retour du soleil en célébrant la naissance du dieu Mithra, d’origine indo-iranienne, précise «Le Monde».
2. Jésus n’est pas né il y a 2021 ans
C’est une idée reçue: Jésus n’est pas né «en l’an zéro» des astronomes, relève «Le Monde». Le moine Denis le Petit s’est probablement trompé dans ses calculs au VIe siècle. Une large majorité de spécialistes estime que la naissance de Yeshoua («Dieu sauve», en hébreu) a eu lieu quelque part entre l’an 6 et l’an 4 avant… lui-même, juste avant la mort d’Hérode le Grand, en l’an -4, souligne «Le Temps». Cette correction n’est pas contestée par l’Eglise catholique.
Pire, Jésus ne serait pas mort en 33 à 33 ans, mais vraisemblablement le 7 avril 30 à… 36 ans, écrit «Le Monde».
3. Jésus n’est peut-être pas né à Bethléem
Rien n’atteste historiquement du lieu de naissance de Jésus. Il y a donc débat parmi les théologiens et parmi les historiens: Nazareth, aujourd’hui en Israël, ou Bethléem, aujourd’hui en Cisjordanie, territoire palestinien occupé, où se situe la basilique de la Nativité? Pour répondre aux prophéties, le Messie devait naître à Bethléem, ville de David, roi d’Israël.
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Dans «Le Temps», Andreas Dettwiler, professeur du Nouveau Testament à l’Université de Genève, assène: «Selon toute probabilité, il faut retenir Nazareth. En permanence, on parle de Jésus le Nazaréen (celui qui est de Nazareth ou qui en est issu), un enfant de la Galilée. Bethléem, c’est surtout un concept théologique.»
4. Hérode n’a pas fait tuer les nouveau-nés
C’est Mathieu qui, dans son évangile, avance que le roi Hérode le Grand — personnage historique bien réel — a fait tuer tous les enfants de 2 ans et moins à Bethléem et sur son territoire, parce qu’il craignait l’avènement d’un nouveau roi des Juifs, explique l’encyclopédie en ligne Wikipédia.
Or il n’y a pas de «traces historiques d’un pogrom ou d’un massacre contre des bébés», affirme dans «24 heures» Olivier Bauer, professeur de théologie et d’histoire des religions à l’Université de Lausanne.
Dans son texte, Mathieu a probablement voulu rappeler une autre histoire, de l'Ancien Testament, aux Juifs: celle de Moïse, pour les convaincre que Jésus était bien le Messie qu'ils attendaient, analyse «Le Pèlerin». Pour mémoire, Moïse était voué à mourir puisque le Pharaon avait ordonné de tuer tous les nouveau-nés israélites de sexe masculin afin de réduire la population des Hébreux.