«Je n'ai plus d'hôtel!»
Cet hôtelier valaisan de Saas-Grund a tout perdu dans les intempéries

En Valais, l'hôtel Eden de Saas-Grund représente tout pour la famille Burgener, à qui il appartient. Mais la crue du Triftbach l'a fortement endommagé. L'hôtelier David Burgener ne baisse pas les bras face à la catastrophe.
Publié: 06.07.2024 à 16:36 heures
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«Je suis suspendu dans le vide», déclare l'hôtelier David Burgener, devant son établissement Eden à Saas-Grund.
Photo: Andrea Soltermann
Martin Schmidt

Depuis le week-end dernier, rien n'est plus comme avant pour l'hôtelier David Burgener. Devant son hôtel familial Eden à Saas-Grund en Valais, des réfrigérateurs couverts de boue s'empilent. Des ouvriers transportent des seaux de gravats hors du bâtiment. La porte d'entrée est arrachée. Quelques fenêtres sont enfoncées. Des tables, des chaises, des caisses de matériel finissent à la poubelle. «Tout ce que nous avons construit au cours des 40 dernières années part à la benne», déplore le quinquagénaire, résigné.

Par «nous», il entend ses parents, qui ont construit l'hôtel en 1976, ainsi que sa femme et lui-même. Le couple a repris l'établissement et l'a rénové à grands frais. L'hôtel et ses 36 chambres étaient dans un état impeccable. Les affaires étaient florissantes. Jusqu'en octobre, l'hôtel affichait pratiquement complet. Puis les intempéries et le choc ont déboulé. «Maintenant, à 57 ans, je dois repartir de zéro», confie David Burgener. Mais il sait que ça aurait pu être bien pire.

Se battre contre les masses d'eau

David Burgener se souvient de la nuit de samedi à dimanche, lorsque le Triftbach tout proche est sorti de son lit. Lui et sa femme ont appuyé sur la porte de l'hôtel et ont maintenu l'eau à l'extérieur avec le soutien de leurs employés et de leurs proches. La clientèle a été envoyée dans les étages supérieurs. Leurs efforts ont permis de maintenir la porte fermée pendant trois heures. «Puis il y a eu une forte explosion et nous avons traversé la pièce sur plusieurs mètres contre le mur du fond», raconte-t-il.

Le ruisseau charriait d'énormes quantités de débris et de boue. Les matériaux ont été projetés à l'intérieur par l'ouverture de la porte qui a été arrachée. Le couple a pu se mettre en sécurité au dernier moment en montant les escaliers. «C'était bien sûr de la négligence. Nous avons de la chance d'être encore en vie», reconnaît-il. Mais ils n'ont pas pensé au danger. Ils voulaient sauver ce qui pouvait l'être. En vain: la terre, les pierres et l'eau ont rempli le sous-sol et le rez-de-chaussée sur plusieurs mètres.

100 appels par jour

Les masses d'eau ont également balayé l'hôtel Moulin, de l'autre côté de la rue, et ont touché plusieurs autres habitations, bâtiments et infrastructures publiques. Le président de la commune, Bruno Ruppen, estime que le montant des dommages pourrait atteindre 100 millions de francs.

Les ouvriers qui travaillent à l'hôtel Eden déversent en continu de la boue dans le godet de la petite pelleteuse. Dès que celui-ci est plein, David Burgener monte dans le véhicule et évacue les débris. Il s'échine pendant 14 à 15 heures par jour. Et il est régulièrement interrompu par des appels téléphoniques. En début de semaine, une centaine de clients qui avaient réservé des vacances à l'hôtel Eden cet été l'ont appelé au quotidien. «Notre établissement a subi une perte totale. Je n'ai plus d'hôtel!», répond inlassablement David Burgener.

Pas d'électricité, pas de nourriture

Les dommages subis par l'établissement hôtelier devraient s'élever à plusieurs millions de francs. David Burgener fait visiter la cuisine détruite de l'hôtel, autour du bar endommagé en bois massif, et montre le plafond du doigt. «La décoration de la réception était accrochée au plafond, à 45 mètres de là, dans la salle à manger.»

Des dizaines d'appareils et de machines, le chauffage, les sols et les fenêtres sont endommagés ou complètement détruits. «Des aliments et des boissons d'une valeur de 150'000 francs ont été perdus.» Les poutres en bois d'un mur ont cédé sous la pression. Comme l'hôtel n'a plus d'électricité, des spots assurent l'éclairage lors des travaux de déblaiement au sous-sol. Ici, il y a encore nettement plus de débris et il faut de temps en temps baisser la tête.

La survie, puis l'émotion

Mais abandonner n'est pas une option pour la famille Burgener. «Tout ce qui est matériel peut être remplacé», positive l'hôtelier. Lundi, il a téléphoné à l'assurance. Depuis mardi, une vingtaine d'ouvriers nettoient les dégâts. D'ici vendredi soir, il souhaite que toute la boue soit évacuée. Il espère que les fortes pluies annoncées pour le week-end ne provoqueront pas d'autres dégâts.

David Burgener montre son agenda sur son téléphone portable. Dès la semaine prochaine, il a rendez-vous avec un décorateur d'intérieur. «Les 50 premières heures, j'ai à peine dormi et j'ai simplement fonctionné», raconte-t-il. Ensuite, l'hôtelier a été rattrapé par ses émotions. Des moments de vide intérieur, des larmes – le choc est profond.

Quand l'hôtel pourra-t-il rouvrir?

Il faudra encore attendre un moment avant la réouverture de l'hôtel. «Je compte au moins dix mois. Pendant la saison d'hiver prochaine, la rénovation sera certainement encore en cours», précise David Burgener. Pour cette période, l'assurance perte d'exploitation sera une aide décisive.

Quant à la commune, elle devrait être complètement nettoyée d'ici à octobre, déclare à Blick le président de la commune Bruno Ruppen. Entre autres grâce aux 150 bénévoles qui travaillent chaque jour et qui ont déjà évacué des dizaines de tonnes de débris. «La solidarité est énorme», se félicite Bruno Ruppen. Mais dans la tête des habitants, la catastrophe résonnera encore pendant des années. Un Allemand de 67 ans, qui était en visite à Saas-Grund, y a perdu la vie.

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