Hanspeter Tobler est beaucoup de choses, mais il n'est pas sénile. A 74 ans, il est retraité et n'exerce plus d'activité professionnelle. Or, il est encore aujourd'hui connu au-delà des frontières de Saint-Gall, en tant que DJ Johnny Lopez. Depuis les années 1970, il a profondément marqué la musique électronique de la région.
Récemment, ce dernier a reçu un appel téléphonique dit «choc». Avec ce stratagème perfide, les escrocs tentent de déstabiliser leurs victimes et de leur soutirer beaucoup d'argent.
Conversation enregistrée en secret
Flash-back sur sa conversation: son téléphone sonne un mercredi midi. Le numéro est masqué. «J'étais curieux, c'est pourquoi j'ai décroché», raconte-t-il. A l'autre bout du fil, une femme répond. Elle s'exprime en allemand standard et se présente comme une collaboratrice du Ministère public. «Votre fille a été impliquée dans un accident de voiture», explique-t-elle d'un air professionnel. Le ton est amical, mais ferme. La nouvelle est censée choquer Hanspeter Tobler – mais n'a pas l'effet escompté.
La raison: le retraité sait immédiatement qu'il s'agit d'un mensonge. «J'ai trouvé cela plutôt drôle, car je n'ai pas de fille.» Mais la femme n'en démord pas. La prétendue fille de Hanspeter Tobler aurait renversé une femme, commis un délit de fuite, serait maintenant en prison, et ne sera libérée que contre une caution de 50'000 francs.
Lorsqu'il se rend compte qu'il s'agit probablement d'une escroquerie, Hanspeter Tobler fait entrer sa femme Myriam dans la pièce et lui demande silencieusement d'enregistrer la conversation. «J'ai fait l'idiot et j'ai participé», narre l'homme de 74 ans.
Après environ cinq minutes de conversation téléphonique, l'escroc veut qu'il lui transfère l'argent. Il se prête au jeu, mais dit qu'il n'a que 20'000 francs à disposition. Sans surprise, la femme accepte.
L'escroc: «Ce que nous faisons, c'est aussi du travail!»
Lorsqu'il s'agit de remettre l'argent, l'escroc devient soudain méfiante. «Vous allez ensuite appeler la police, n'est-ce pas?», demande-t-elle avec impatience. Hanspeter Tobler répond par la négative, mais la femme a flairé la mèche. Finalement, lui et sa femme Myriam renoncent et confrontent l'escroc.
«Nous faisons un travail honnête», critique Myriam Tobler à l'encontre de la femme. Celle-ci rétorque: «Ce que nous faisons, c'est aussi du travail! Nous récupérons lentement ce qui nous revient de droit. On nous l'a volé», tente-t-elle de justifier son action.
Les Tobler veulent savoir qui lui a volé quelque chose. Et là, la discussion est devenue bizarre. «Eh bien, Hitler! Hitler! Vous connaissez Hitler?», crie la femme au téléphone. Lorsque le couple demande ce qu'il a à voir avec Hitler, la femme raccroche sans faire de commentaire.
«Simplement en colère»
«C'était une situation extrêmement tendue, que je n'avais encore jamais vécue de cette manière», déclare Hanspeter Tobler, avec du recul. Son épouse voit les choses différemment: «Je suis tout simplement en colère.» Selon elle, des personnes qu'elle connaît ont été délestées de plusieurs dizaines de milliers de francs au cours des semaines précédentes, à cause de la même arnaque.
Elle suppose que le nombre de victimes non recensées est très élevé. «Beaucoup de gens qui se sont fait avoir par cette escroquerie. Et ils sont extrêmement gênés.» C'est sans doute la raison pour laquelle beaucoup renonceraient à porter plainte.