Déposée en 2019, l'initiative populaire veut interdire toute publicité pour le tabac qui atteint les enfants et les jeunes. Pour une alliance bourgeoise, c'est trop restrictif. Les lieux et les médias réservés aux adultes sont peu nombreux, peut-on lire dans son dossier de presse. Dans la pratique, cela reviendrait à une interdiction totale.
«C'est une atteinte disproportionnée aux libertés économique et d'information garanties par la Constitution», critique Philipp Kutter (Centre/ZH), selon son discours écrit. Les produits légaux doivent pouvoir être promus grâce à la publicité.
Une interdiction aussi extrême causerait d'importants dommages à l’économie, complète Damien Cottier (PLR/NE). La publicité représente une source de revenus non négligeables pour les médias, les milieux culturels et les petits commerces. «Directement ou indirectement, nous parlons de plus de 11'000 emplois, qui génèrent une valeur ajoutée de plus de 6 milliards de francs par an.»
Pour Mike Egger (UDC/SG), une telle mesure créerait un dangereux précédent. «D'autres interdictions de la publicité pour la viande, l'alcool, les sucreries, les aliments gras, les voyages en avion ou les voitures seront revendiquées. Nous risquons une infantilisation totale.» Les adultes sont responsables de leur propre santé et des produits qu'ils consomment, selon lui.
Contre-projet conséquent
Le contre-projet indirect concocté par le Parlement est plus approprié, à leurs yeux. Il interdit la publicité sur les affiches, dans les cinémas, sur les terrains de sport, dans les transports et les bâtiments publics. Le parrainage d'événements internationaux et de manifestations destinées aux jeunes est également interdit.
«La nouvelle loi sur les produits du tabac va loin sans exagérer. Elle réussit ainsi le grand écart entre une protection efficace de la jeunesse et la préservation des intérêts économiques», salue Rocco Cattaneo (PLR/TI).
Lutter contre le tabagisme précoce
Un avis contesté par le comité d'initiative. De nombreuses mesures du contre-projet indirect, comme l'interdiction de publicité sur les affiches et dans les cinémas, sont déjà largement mises en oeuvre au niveau cantonal, relève-t-il dans la brochure de votation.
La révision de loi autorise en outre toujours la publicité dans les journaux gratuits, sur Internet, et donc sur les réseaux sociaux, ainsi que dans les festivals, poursuit-il. Autant de médias, de plateformes et d'espaces accessibles aux jeunes. La publicité continuera donc à les atteindre.
La majorité des fumeurs ont tiré leurs premières cigarettes avant 18 ans, rappellent encore les organisations de santé, les associations de jeunesse et les fédérations sportives à l'origine du texte. Or, le tabagisme précoce augmente la probabilité d'une dépendance à long terme, de la maladie et de la mort. Il est capital que les jeunes ne commencent jamais à fumer, estiment-elles.
Le comité d'initiative appelle à ne pas placer les intérêts de l'industrie du tabac et des publicitaires au-dessus du bien-être des enfants et des adolescents. Une limitation de la publicité peut réduire de manière significative la consommation de tabac, comme l'ont démontré les expériences dans les autres pays. (ATS)