«Le lynx est dans la bergerie.» Ce message, publié sur Facebook par le Broyard Sébastien Bise, est sans équivoque. Début novembre, à environ 200 mètres de ses brebis et agneaux, un majestueux félin aux caractéristiques pinceaux noirs au bout des oreilles se déplace lentement. Discrètement. Ses pas feutrés ont été capturés en vidéo par une automobiliste. «C’est la première fois que j’en vois un par ici et à ce point à découvert», glisse à Blick l’éleveur établit à Cheyres (FR), non loin d’Estavayer-le-Lac. Et pour lui, ce n’est pas une bonne nouvelle.
«Cette présence aura peut-être des conséquences sur mon exploitation», regrette celui qui produit de la viande issue de pâturages, de plaine, ainsi que d’alpage. «La question va se poser pour mes bêtes que je vais sortir ce printemps et surtout pour les agneaux, rebondit-il. Devrons-nous nous équiper de chiens de protection? Il va falloir y penser.»
Son inquiétude tranche avec son ton jovial. S’il confie ne jamais avoir eu de problèmes avec le lynx en plaine, il assure que l’animal fait régulièrement des dégâts dans son cheptel, lorsque ses animaux se trouvent à l’alpage. «Une morsure au cou et le gigot dévoré, c’est la signature du lynx, affirme Sébastien Bise. Il s’attaque à une bête et il recommence trois jours plus tard, il n’aime visiblement pas la viande de mauvaise qualité. Mais, à la montagne, nous sommes habitués à sa présence. À Cheyres, par contre…»
Un couple de lynx dans la région
Pourtant, la présence du félin ne serait pas inédite dans le coin. «Nous savons qu’un couple s’est installé voilà environ cinq ans au-dessus d’Yvonand, dans le vallon de la Menthue et celui des Vaux», explique à «La Broye» Elias Pesenti, responsable du domaine faune terrestre et inspecteur de la chasse au Service des forêts et de la nature de l’Etat de Fribourg. Ce dernier complète: «En deux ou trois ans, nous avons eu plusieurs cas de jeunes lynx tués par le train dans la région de Cheyres.»
Pour le spécialiste, il s’agit probablement d’individus subadultes issus de ce couple et qui partiraient à la recherche de nouveaux territoires. «Un lynx a été vu dans le cadre d’un monitoring du chat sauvage dans les bois du Jorat, explique-t-il encore, toujours à nos confrères. Sa présence a aussi été confirmée dans les régions de Galm et du Gibloux.»
Un félin protégé
Il n’empêche: tomber sur ce magnifique félin protégé est rare. «Le plus grand des félins européens vit bien caché, écrit le WWF, sur son site internet. Au crépuscule et à la nuit tombée, les lynx partent en chasse – seuls. Ils ne se retrouvent que pendant la période du rut, de février à avril, et se séparent immédiatement après l’accouplement.»
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Toujours selon l’ONG, la survie des lynx n’est pas encore assurée en Suisse, où il a été réintroduit dans les années 1970. Et ce, même si leur population augmente dans le Jura et dans les Alpes. «L’abattage illégal, le manque d’échange génétique, et la fragmentation de l’habitat représentent d’importants obstacles, déplore le WWF. La volonté politique est trop faible pour combattre efficacement ces menaces. Au contraire, la tendance indique un recul constant de la protection juridique.»