L'horreur de la nuit est encore dans les esprits des personnes évacuées. Un sac à dos, un cabas, une petite valise. C'est tout ce qu'ils ont pu emporter lors de leur fuite devant le grand incendie. Ceux qui n'ont pas pu être hébergés temporairement par des parents ou des amis doivent patienter dans l'abri de protection civile de Quartino, au Tessin. Le regard est tourné vers le Monte Gambarogno.
Toutes les minutes, des hélicoptères d'extinction survolent le col de la Neggia. Deux Super Puma de l'armée puisent l'eau du lac Majeur, quatre hélicoptères civils utilisent les bassins de rétention locaux. Le bruit assourdissant des rotors effraie et rassure à la fois. L'espoir des évacués: que l'intervention sauve leur village d'Indemini!
«La fumée corrosive sentait extrêmement mauvais»
L'enfer commence à l'aube du 30 janvier. Le feu se déclare juste en dessous du sommet du mont. L'herbe et les arbres brûlent comme de l'amadou, après des semaines de sécheresse. Les flammes dévalent les pentes en direction des zones habitées, s'emparant d'environ six hectares de forêt de sapins au cours des 30 premières heures. Et elles s'étendent. Jusqu'à un mètre par minute.
Peter Knecht vit le drame de près. Depuis neuf ans, ce retraité suisse alémanique vit avec sa femme à Indemini. «Les hélicoptères volent depuis dimanche matin», raconte Peter Knecht, «c'était un enfer. Pendant la nuit, le Monte Gambarogno ressemblait à un volcan incandescent». Selon lui, ce n'est pas seulement le feu qui est problématique, mais aussi la fumée corrosive. «Elle sentait extrêmement mauvais, même lorsque nous avions fermé les fenêtres».
La police commence à évacuer le dimanche soir
Dimanche soir, la situation devient dangereuse. La police et les pompiers évacuent 13 personnes des hameaux de Ri, Pezze et Boè. Puis c'est au tour d'Indemini. «Vers 22 heures, les agents se sont présentés à notre porte», raconte Peter Knecht. On a dit au couple de retraités de faire ses valises et de quitter le village au plus tard à 23 heures. «Notre fils a une maison à Piazzogna. Ma femme et moi avons pu y passer la nuit», explique ce Tessinois d'adoption, «sur le trajet, nous n'avons fait que prier, dans l'espoir que les pompiers protègent le village».
Ursula Sigrist, 75 ans, fait également partie des 32 personnes évacuées. «J'ai une maison de vacances à Indemini depuis 30 ans», explique cette Lucernoise. Dieu merci, elle se trouve au centre du village. Jusqu'à présent, je ne me fais pas trop de soucis», dit-elle. Elle est triste à cause des dégâts faits à la nature.
Des refuges de montagne épargnés par le feu jusqu'à présent
Pietro «Pepe» Regazzi n'est pas à Indemini lorsque l'incendie se déclare. L'entraîneur de l'équipe nationale de snowboard est en fait en train de préparer son voyage pour les Jeux olympiques d'hiver de Pékin lorsqu'il entend parler de la catastrophe. «Nous avons un rustico (chalet tessinois, ndlr.) à Indemini, à l'orée de la forêt», raconte Pietro Regazzi, «mais je m'inquiétais aussi pour les refuges de montagne».
«Un ami a pris une photo au télescope depuis le côté opposé du lac. On y voit les flammes s'élever à deux mètres de haut derrière les refuges. Je suis terrifié», raconte l'entraîneur de snowboard. Il fait partie de l'association Amis dalla Capanna Gambarögn, qui a aidé à aménager l'une des cabanes pour le tourisme. Un investissement à 1,2 million de francs.
Regazzi s'est précipité à Indemini dimanche. «La police m'a retenu. Les flammes avaient déjà atteint la route», explique-t-il. Selon lui, l'incendie est une catastrophe financière pour la commune de Gambarogno. «Au printemps 2021, il y a eu de gros dégâts à cause des inondations. Maintenant, l'incendie. Nous aurons besoin de dons». Pour l'instant, les cabanes n'ont pas été touchées.
Le feu n'est pas encore maîtrisé
Le chef d'intervention Samuele Barenco suit avec inquiétude les travaux d'extinction. «Nous avons trois gros problèmes. En raison de la sécheresse, il n'y a pas assez d'eau à proximité. La fumée empêche les hélicoptères d'avoir une bonne visibilité. Et le vent devient de plus en plus fort», explique le commandant des pompiers de Bellinzone. Il assène: «nous n'avons pas encore maîtrisé les flammes». La police enquête sur les causes de l'incendie. «Le feu a certainement été allumé par un individu», déclare Claudio Ottelli de la police communale, «soit par négligence, soit intentionnellement».
(Adaptation par Jocelyn Daloz)